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(à 93 ans) 12e arrondissement de Paris |
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Henry Herc Bulawko |
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Henry Bulawko, né le à Lida, alors en Lituanie, désormais en Biélorussie, et mort le à Paris 12e[1], est un journaliste[2], historien, traducteur[3] et écrivain juif français, déporté à Auschwitz, qui présidait l'Union des déportés d'Auschwitz[4].
Henry[5],[6] Bulawko est né le à Lida (en lituanien Lyda), une ville à l'époque en Lituanie, aujourd'hui dans la voblast de Hrodna en Biélorussie. Elle est située à 98 km au sud de Vilnius[7].
Son père, Shlomo Zalman Bulawko (Boulavko[8],[9]) (Lituanie, ? - Paris, 1936), est propriétaire d'une scierie en Lituanie, avant de devenir rabbin.
Il a trois sœurs et deux frères[10].
Arrivé à Paris, en 1925, à l'âge de 7 ans, avec sa famille, sa langue maternelle est le yiddish[11]. Il en apprécie la richesse, qui inclut sa littérature et son humour.
À Paris, son père, Shlomo Zalman Bulawko, est un rabbin orthodoxe non consistorial français qui habite rue Le Regrattier, sur l'île Saint-Louis, dans le 4e arrondissement de Paris. Auteur de Haschorass Hanefesh (L'Éternité de l'âme humaine), publié en 1936[12],[13], il meurt cette année-là. Henry Bulawko a alors 18 ans. Il sera toujours discret sur son père, ne deviendra pas rabbin, mais comme lui publiera et sera un membre actif du Hachomer Hatzaïr[14], mouvement se revendiquant juif, sioniste, mais laïque. Lucien Lazare (1987) a écrit : « Une volonté d'agir au service de la population juive poussa l'un des animateurs de ces réunions [informelles de jeunes sionistes], Henri [sic] Bulawko, militant du Hashomer Hatzaïr, à s'adresser au grand rabbin de Paris, Julien Weill, qui l'orienta vers la rue Amelot. Il fut associé au travail social et chargé de grouper la jeunesse »[15].
Henry Bulawko fait partie de la Résistance de au [16]. Il a 22 ans lorsqu'il entre dans la Résistance. À part une de ses sœurs, Freda, la famille survit à la guerre.
Il s'investit dans le Comité de la rue Amelot fondé par Léo Glaeser et animé par David Rapoport qui vient en aide aux Juifs dans l'indigence. Selon Lucien Lazare : « Une commission animée par Bulawko assurait la fabrication de faux titres d'identité et d'alimentation. »[17].Après la rafle du Vélodrome d'Hiver (16-17 ), les membres du Comité Amelot s'activent à placer des enfants en zone sud grâce à l'aide des non-juifs[18].
Henry Bulawko est arrêté le 18 [19], au métro Père Lachaise (métro de Paris) sous le prétexte qu'il aurait camouflé son étoile avec un livre et une gabardine portée sous le bras[20]. Il écrit à ce sujet : « Il faut que la rafle dont il est chargé soit rentable. Je suis son seul “client” de la journée et il n'a pas l'intention de le lâcher »[21]. Il est interné à Beaune-la-Rolande puis au camp de Drancy jusqu'au [16].
Il est déporté à Auschwitz par le convoi 57[22], au départ de la gare de Bobigny le .
Serge Klarsfeld (1978) cite Bulawko : « Deux nuits et trois jours dans des wagons plombés. Nous sommes entassés à soixante là où trente personnes tiendraient difficilement… Le train s'est arrêté. La porte s'ouvre brusquement et la réponse vient à toutes les questions, une réponse inattendue, inimaginable, inhumaine. Brutalement la porte est écartée, et ce sont des instants de cauchemar. Des personnes étranges, aux vêtements rayés, se ruent sur le train, tels des gnômes affreux échappés des enfers. Derrière eux, des SS, mitraillettes pointées sur nous et des cris — Los ! raus ! alles raus ! los ! (Vite ! dehors ! tous dehors ! vite !) »[23].
Il fait partie des quatre-vingts Juifs qui ne sont pas assassinés ce jour-là, puis il est envoyé pour le travail forcé à Jaworzno. Avec l'approche de l'Armée rouge, en , il doit joindre de force la « marche de la mort » vers l'Allemagne, mais il réussit à s'échapper à Blechhammer. Il a à peine 26 ans. Il se réfugie dans les forêts jusqu'à l'arrivée des troupes soviétiques[24]. Après un détour par Odessa, il arrive à Marseille le [25].Il retourne à Paris ou il retrouve sa famille qui a survécu cachée hormis une sœur[26].
Henry Bulawko préside l'association Amicale des déportés d'Auschwitz et des camps de Haute-Silésie[27] et l'Association des anciens déportés juifs de France, internés et familles de disparus[28],[29].
Il participe au procès de Klaus Barbie qui se tient du 11 mai au , comme témoin cité par l'accusation[30],[31],[32].
Il soutient le projet du timbre français sur la rafle du Vel' d'Hiv[33].
Il proteste contre la présence temporaire du cirque Zavatta à Drancy, le [34].
À l'occasion de l'inauguration du nouveau Mémorial du martyr juif inconnu, le , Henry Bulawko déclare : « Je vis pour témoigner »[35].
Il utilise la présence[36], la parole, l'écrit[37], et autres moyens de communication pour témoigner[38],[39]. Il donne des conférences, des entrevues[40],[41], il participe à des colloques[42],[43].
En tant que président du Hachomer Hatzaïr, Henry Bulawko participe le à la première journée nationale du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), au Cirque d'hiver, à Paris[44].
En 1954, Henry Bulawko est un des fondateurs du Cercle Bernard Lazare[45],[46] et il donna de nombreux articles aux Cahiers Bernard Lazare[47], la revue de ce cercle.
Henry Bulawko est vice-président honoraire du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF)[48]. En France, selon lui, les juifs ont acquis de longue date une citoyenneté à part entière[49].
Sur Daniel Mayer, Bulawko déclare : « J'ai connu Daniel Mayer avant qu'il ne connaisse mon existence »[50].
Dans son discours à Auschwitz-Birkenau, en Pologne, le jeudi , le président de la République française, Jacques Chirac, transmettant « l'admiration et la gratitude de la France » pour leur œuvre du souvenir[51], déclare : « Je vous remercie en particulier, chère Simone Veil, je vous remercie, cher Henry Bulawko ».
Henry Bulawko meurt à Paris le , à l'âge de 93 ans[52],[53],[54],[55],[56],[57],[58],[59],[60],[61],[62],[63],[64],[65],[66],[67],[68]. Une cérémonie en hommage à Henry Bulawko a lieu à la Fondation Rothschild, à Paris, le , en présence de Catherine Vieu-Charier, conseillère de Paris (12e arrondissement de Paris), et de Lyne Cohen-Solal, conseillère de Paris (5e arrondissement de Paris), représentant la ville de Paris[69]. Il est enterré le même jour au Cimetière parisien de Bagneux (Hauts-de-Seine).