Pierre Rosanvallon
Pierre Rosanvallon en 2009.
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La République des idées
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Œuvres principales
Le Sacre du citoyen (d), La Contre-démocratieVoir et modifier les données sur Wikidata

Pierre Rosanvallon, né à Blois le [1], est un historien et sociologue français.

Ses travaux portent principalement sur l'histoire de la démocratie et du modèle politique français, et sur le rôle de l'État et la question de la justice sociale dans les sociétés contemporaines.

Il occupait jusqu’en 2018 la chaire d'histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France tout en demeurant directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Biographie

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Études

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Pierre Rosanvallon est diplômé de l'École des hautes études commerciales (HEC) en 1969.

Il est titulaire d’un doctorat d’Etat en sciences de gestion de l’Université Paris-Dauphine, avec une thèse intitulée « Théories et pratiques de la gouvernementalité dans les organisations », soutenue en 1981 sous la direction de Henri Tézenas du Montcel[2].

Par ailleurs, il soutient en 1978 une thèse de 3e cycle à l'École des hautes études en sciences sociales en histoire avec Claude Lefort : La formation du concept de marché au XVIIIe siècle[3] et prépare avec lui également un doctorat d’État en lettres et sciences humaines, intitulé Guizot et la formation de l’intelligence politique moderne, en 1985[4],[1].

Parcours professionnel

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Au cours de son service militaire, il fait paraître sous le pseudonyme Pierre Ranval, Hiérarchie des salaires et lutte des classes (1972).

Pierre Rosanvallon a enseigné à l'Institut d'études politiques de Paris[5].

Photographie de François Guizot
Portrait photographique (pris entre les années et ) de François Guizot, plusieurs fois ministre sous la monarchie de Juillet.

Il occupe à partir du 1er novembre 2001 la chaire « Histoire moderne et contemporaine du politique » au Collège de France[6].

En 2002, il devient membre du conseil scientifique de la Bibliothèque nationale de France[7], et en 2004 du conseil scientifique de l'École normale supérieure[8], mais il démissionne de la présidence en 2005 pour protester contre la nomination de Monique Canto-Sperber[9] à la direction de l'école de la rue d'Ulm[10].

Autres activités

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Il soutient en 1995 la position de la CFDT à propos de la partie de la réforme de la sécurité sociale portant sur l'assurance maladie et présentée par le gouvernement Juppé en 1995, signant notamment une pétition parue dans Le Monde en sa faveur[11].

De retour à la vie civile, il a été successivement permanent syndical de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), où il était conseiller économique de la confédération puis conseiller politique d'Edmond Maire, et rédacteur en chef de La CFDT aujourd'hui. Il théorisa notamment, pour la CFDT recentrée, comment l'autogestion pouvait servir de concept-relais avec une forme de libéralisme[12]. Il fut ensuite membre du Parti socialiste unifié (PSU) puis du Parti socialiste. Il participe alors au séminaire de François Furet, qui constitua la base de la création du centre Raymond-Aron. Il y croise notamment Claude Lefort, Cornelius Castoriadis, Pierre Manent, Marcel Gauchet ou Vincent Descombes[13].

En 1982, il crée la fondation Saint-Simon avec Furet[14]. Pour Denis Souchon, la fondation Saint-Simon « joua un rôle central dans la conversion de la gauche de gouvernement au libéralisme »[15].

Il est un temps chroniqueur économique à Libération[15]. Didier Eribon, sociologue engagé à gauche, avance pour sa part que « quand Libération recruta Pierre Rosanvallon comme chroniqueur puis comme responsable de sa rubrique « Idées » en 1982-1983, ce fut explicitement (j’insiste sur ce point) pour se débarrasser de l’influence des intellectuels critiques (Foucault et Bourdieu) et se donner les moyens d’être en phase avec le nouveau personnel politique qui occupait les ministères »[16].

Peu après 2001, il devient « éditorialiste associé » au journal Le Monde[15].

Il crée en 2002, avec le soutien financier de grandes entreprises (Altadis, Lafarge, AGF, EDF, Air France…), La République des idées, un « atelier intellectuel » qu'il préside[17]. Son ambition est de « refonder une nouvelle critique sociale », détachée de ce qu'il nomme l'« archéoradicalisme » ou l’« idéologie radicale-nostalgique »[18]. Ce groupe édite une revue, La Vie des idées, ainsi qu'une collection de livres aux éditions du Seuil, et organise en 2006 le forum de Grenoble sur la « nouvelle critique sociale ».

À partir d', il dirige le site internet laviedesidees.fr[19], la revue La Vie des idées, qui publie des chroniques et essais contribuant au débat d'idées dans de nombreuses disciplines.

En , dans le cadre de la « République des idées », il organise de nouveau un forum à la maison de la Culture de Grenoble, « Réinventer la démocratie »[20].

Il est membre du club Le Siècle, qui réunit des représentants des milieux dirigeants de la France[21].

Idées

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Il est l'un des principaux théoriciens de l'autogestion associée à la CFDT[22]. Dans son livre L'Âge de l'autogestion, il défend un héritage philosophique savant, venu à la fois de Marx et de Tocqueville, et annonce une « réhabilitation du politique » par la voie de l'autogestion.

Concernant la démocratie, il estime qu'il existe une universalité des aspirations mais pas de la forme que peut prendre un régime démocratique : les problèmes sont universels, non les modèles. De plus, il affirme que la démocratie est « structurellement inachevée », qu'elle n’est pas un « modèle figé »[23].

Déclarations sur Emmanuel Macron

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Dans un entretien donné à Libération en avril 2022, il dit : « Pour Emmanuel Macron, les Français ont des idées archaïques dans la tête. Il faudrait donc les prendre par la main, leur ‟expliquer” les choses et leur taper sur les doigts de temps à autre. »[24]

Le 17 avril 2023, dans l'émission Quotidien, il s'exprime sur la mobilisation contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, il dit que la France traverse « la crise démocratique la plus grave depuis la fin du conflit algérien »[25]. Il émet de vives critiques sur Emmanuel Macron et évoque le manque de modestie et d'expérience politique du président de la République[26].

Œuvres

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Ouvrages

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Les ouvrages de Pierre Rosanvallon ont été traduits en 22 langues (allemand, anglais, arabe, chinois, espagnol, finnois, grec, hongrois, italien, japonais, polonais, portugais, roumain, russe, slovène, suédois, turc, ukrainien) et édités dans 26 pays[1].

Entretiens

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Ci-dessous, figure seulement une sélection d'entretiens de Pierre Rosanvallon accessibles en ligne.

Distinctions

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Récompense

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Titre honorifique

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Décorations

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Notes et références

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  1. a b et c Collège de France, « Biographie de Pierre Rosanvallon », sur college-de-france.fr, (consulté le )
  2. « Catalogue SUDOC », sur www.sudoc.abes.fr (consulté le )
  3. « Catalogue SUDOC », sur www.sudoc.abes.fr (consulté le )
  4. « Catalogue SUDOC », sur www.sudoc.abes.fr (consulté le )
  5. Richard Descoings, Sciences Po: de la Courneuve à Shanghai, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, (ISBN 978-2-7246-0990-5, OCLC ocm86113501, lire en ligne)
  6. Jacques Chirac, Président de la République française, « Décret du 5 décembre 2001 portant nomination et titularisation (enseignements supérieurs) », Journal officiel de la République française, no 286,‎ (lire en ligne)
  7. Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication, « Arrêté du 11 janvier 2002 portant nomination au conseil scientifique de la Bibliothèque nationale de France », Journal officiel de la République française, no 18,‎ (lire en ligne)
  8. François Fillon, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, « Arrêté du 17 septembre 2004 portant nomination au conseil scientifique de l'Ecole normale supérieure », Journal officiel de la République française, no 227,‎ (lire en ligne)
  9. Collectif, « Monique Canto-Sperber doit partir », Le Monde, no 19 281,‎ , p. 19 (lire en ligne Accès libre)
  10. Monique Canto-Sperber, « La femme à abattre », Le Monde, no 19 295,‎ , p. 20 (lire en ligne Accès libre)
  11. Julien Duval, Christophe Gaubert, Frédéric Lebaron, Dominique Marchetti et Fabienne Pavis, Le "décembre" des intellectuels français, Paris, Liber / Raison d'agir, coll. « Raisons d'agir »,
  12. Jeanne Menjoulet et Frank Georgi, « CFDT, L'identité En Question » Accès libre [vidéo], sur Canal U, (consulté le )
  13. Florent Georgesco, « Pierre Manent : Grammairien de l'action », Le Monde, no 22 766,‎ , p. 10 (du Monde des Livres) (lire en ligne Accès payant)
  14. Laurent Bonelli, « Ces architectes en France du social-libéralisme », Manière de voir « Le nouveau capitalisme », no 72,‎ décembre 2003 - janvier 2004, p. 82 à 85 (lire en ligne Accès payant)
  15. a b et c Denis Souchon, « Pierre Rosanvallon, un évangéliste du marché omniprésent dans les médias », sur acrimed.org,
  16. Didier Eribon, D'une révolution conservatrice : Et de ses effets sur la gauche française, Paris, Léo Scheer, coll. « Variations V », , p. 69
  17. Bernard Poulet, « Les intellos au service des patrons », L'Expansion, no 670,‎ , p. 134
  18. Éric Le Boucher, « La société est ensevelie sous un épais vernis d’idéologies : Entretien avec Pierre Rosanvallon », Le Monde, no 18 919,‎ , p. 26 (lire en ligne Accès libre)
  19. Comité de rédaction, « Équipe », sur laviedesidées.fr
  20. La République des Idées, « Réinventer la démocratie : Cahier du Monde n˚19 987, 29 avril 2009 », sur repid.com
  21. Aude Lancelin et Jean-Claude Michéa, « Michéa face à la stratégie Godwin » Accès libre, sur marianne.net,
  22. Frank Georgi, « L’autogestion, utopie libertaire ou utopie libérale ? », dans Michel Margairaz et Danielle Tartakowsky (dir.), 1968, Entre libération et libéralisation : La grande bifurcation, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (lire en ligne), p. 303-318
  23. Véronique Bedin, « Penser le monde, l’individu et la société à l’heure de la mondialisation », dans Philosophies et pensées de notre temps, Éditions Sciences Humaines, coll. « Petite bibliothèque », , 5–8 p. (ISBN 978-2-36106-015-2, lire en ligne)
  24. Mathieu Slama, « Mathieu Slama : "Ce qu’Emmanuel Macron a fait à la France..." », sur marianne.net, (consulté le ).
  25. « Pour l'historien Pierre Rosanvallon, la France traverse "la crise démocratique la plus grave" depuis "la fin du conflit algérien" », sur BFMTV (consulté le )
  26. « Une crise qui peut être gravissime » : la colère froide de l’historien Pierre Rosanvallon dans « Quotidien », sur Le HuffPost, (consulté le )
  27. Entretien radiophonique aux Matins de France Culture, le 15 mai 2013, à 1 h 15 min 50 s
  28. Ali Badou, Olivier Duhamel, Pierre Rosanvallon et Alain-Gérard Slama, « Entretien avec Pierre Rosanvallon à propos de la parution de son livre La Contre-démocratie : Les matins de France Culture, le 25 septembre 2006 » [PDF] (Retranscription de l'entretien par Michel, avec des annotations d'Étienne Chouard), sur old.chouard.og
  29. « Refaire société », sur www.refairesociete.fr (consulté le )
  30. Nicolas Sarkozy, Président de la République française, « Décret du 13 juillet 2010 portant promotion et nomination au grade d'officier de la Légion d'honneur », Journal officiel de la République française, no 161,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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