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Marguerite-Louise Virginie Chardon |
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Thomas Chardon (d) |
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Barbe Edmée Chardon (d) |
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Virginie Ancelot, née Marguerite Louise Virginie Chardon le à Dijon et morte le à Paris 7e, est une romancière, autrice dramatique, mémorialiste, artiste peintre et salonnière française.
Marguerite Chardon est la fille légitime de Thomas Chardon, négociant, et de Barbe Edmée de Vernisy (1761-1832), miniaturiste[1] formée en Bourgogne, dans l'atelier de Claude-Jean-Baptiste Hoin (1750-1817), puis par Jean-Baptiste Jacques Augustin (1759-1832), à Paris. L'enfant est issu, par sa mère, d'une grande et ancienne famille parlementaire bourguignonne implantée à Dijon. On lui donne pour parrain Louis-Nicolas Frantin (1740-1803), libraire[2] et imprimeur du roi (1768), époux de sa tante maternelle Suzanne, née de Vernisy (1747-1832) et pour marraine Marguerite de Vernisy, une autre sœur de sa mère[3]. Ses oncles maternels sont Prudence de Vernisy, Claude-Auguste (1746-1810), avocat au Parlement de Dijon, puis administrateur général des Postes et Messageries de France et Jean-François (1783-1840), également avocat au Parlement.
La future femme de lettres grandit dans un milieu cultivé. Sa mère tient salon aussi souvent que les circonstances le permettent et l'initie à la peinture. En 1804, elle l'amène à Paris, où la très jeune fille est placée dans la maison d'éducation tenue par des sœurs Ursulines expulsées de leur couvent du faubourg Saint-Jacques et établies, sous la protection de Madame, mère de l'empereur, rue Notre-Dame-des-Champs dans l'ancien hôtel de l'abbé Terray[4]. Ayant commencé sa carrière en tant que peintre, Virginie Chardon débute au Salon de 1814 avec La Veuve du Roi Ban, et plusieurs portraits. Au Salon de 1828, elle expose un tableau intitulé Une lecture de M. Ancelot où figurent presque tous les littérateurs de cette époque[5].
Vers 1818, elle épouse Jacques-François Ancelot, alors employé de la marine, et qui allait bientôt être connu pour sa tragédie de Louis IX. Son mari ayant perdu, à la Révolution de Juillet, à la fois sa pension et ses postes de conservateur honoraire de la bibliothèque de l'Arsenal et de bibliothécaire du roi, il a employé, moins par goût que par nécessité de s’assurer un revenu, les dix années suivantes à écrire principalement des vaudevilles, des drames et des comédies légères, elle s’est amusée à arranger avec lui quelques petites pièces, ne cherchant dans cette collaboration secrète que le plaisir d’exprimer ses idées. Comme elle fuyait la publicité, il est difficile de savoir dans quelle proportion elle a contribué au succès des vaudevilles Un divorce, Deux jours, Reine, cardinal et page (1832), ainsi qu’au recueil de mémoires sur les salons littéraires parisiens intitulé Emprunts aux salons de Paris (1835, in-8°), publié sous le nom de son mari[6].
Ses véritables débuts littéraires remontent au Mariage raisonnable (), comédie qu’elle a revendiquée comme étant d’elle. La Comédie-Française a donné successivement plusieurs de ses comédies en prose que Mademoiselle Mars a jouées avec grand succès : Marie ou Trois Époques (1836), son chef-d’œuvre traduit dans les principales langues ; le Château de ma nièce (1837) ; Isabelle (1838). Elle a ensuite donné au théâtre du Gymnase, au théâtre du Vaudeville et au théâtre des Variétés plusieurs pièces favorablement accueillies : Juana (1838) ; Clémence (1839) ; les Honneurs et les Mœurs, Marguerite (1840) ; le Père Marcel (1841) ; l’Hôtel de Rambouillet et les Deux Impératrices (1842) ; Hermance, Une femme à la mode, Loïsa et Mme Roland (1843), etc. Après s’être quelque temps éloignée du théâtre, elle a fait représenter au théâtre de la Gaîté, le drame de Femmes de Paris (1848), n’a pas réussi[7]. Son Théâtre complet, comprenant 20 pièces, a été publié en 1848 (4 vol. in-8°)[6].
Elle a également écrit des romans dont quelques-uns ont été plusieurs fois réimprimés et traduits à l’étranger : Gabrielle (1839, plusieurs éditions, in-8°, in-18 et in-4°) ; Émerance (1841) ; Médérine (1843), etc. Deux des mieux accueillis, Renée de Varville et la Nièce du banquier, sont de 1853. Plus tard, elle a fait paraître Une Famille parisienne (1856, plusieurs éditions), inséré d’abord dans le Journal pour tous ; Les Salons de Paris, foyers éteints (1857, in-18), étude rétrospective sur la société moderne : Une route sans issue (1857, 2 vol. in-8°) ; Un nœud de ruban (1858) ; la Fille d’une joueuse (1858, in-12, et 1859, in-18), etc.[6]
Le salon de l'hôtel de La Rochefoucauld-Liancourt, rue de Seine, où elle a accueilli, de 1824 à sa mort[8], Pierre-Édouard Lémontey, Lacretelle, Alphonse Daudet, Baour-Lormian, Victor Hugo, Sophie Gay et sa fille Delphine de Girardin, Henri Rochefort, Mélanie Waldor, la comédienne Rachel, Jacques Babinet, Juliette Récamier, Anaïs Ségalas, François Guizot, Saint-Simon, Alfred de Musset, Stendhal, Chateaubriand, Alphonse de Lamartine, Alfred de Vigny, Prosper Mérimée, Eugène Delacroix, et qui était presque un passage obligé pour l’Académie française, dont fut son mari Jacques-François Ancelot en 1841, a été l’un des derniers grands salons littéraires de Paris.
Sa fille Louise (1825-1887) a épousé, en 1844, l’avocat bonapartiste Charles Lachaud. De cette dernière union, sont issus, leur petit-fils Marc Sangnier, journaliste, parlementaire et fondateur du Sillon, et leur arrière-petit-fils Jean Sangnier (1912-2011), patron de presse et ancien résistant.
Alphonse Daudet, dans Quarante ans de Paris (p. 60), évoque Madame Ancelot et son salon, mais aussi son portrait peint par le baron Gérard.
Une rue porte son nom à Dijon, sa ville natale.