L'impartialité et la rigueur dont elle fait preuve tout au long de sa carrière sont reconnues par ses pairs[2],[3],[4].
Elle tente d'alerter au début des années 1990 sur les premiers massacres. Lorsque commence le génocide en , elle essaie de persuader l'administration Clinton d'intervenir, en vain. Elle rédige un rapport sur le génocide au Rwanda, réalisé sous l'égide de Human Rights Watch et de la Fédération internationale des droits de l'homme. Ce rapport, publié en 1999, est considéré comme une référence sur le sujet, mais il est fortement contesté par le Front patriotique rwandais, alors au pouvoir, car il dénonce aussi certains crimes commis par ses propres troupes.
Par la suite, Des Forges a de plus en plus critiqué le régime rwandais, notamment à la suite des guerres au Congo[5], des élections de 2003[6] ou du procès contre l'ancien président de la République rwandaise, Pasteur Bizimungu[7]. Alison Des Forges venait, au moment de sa disparition, d'être déclarée persona non grata à Kigali.
Sur la question de l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda, Alison des Forges s'est intéressée à toutes les pistes. En 1999, elle concluait « Nous savons peu de chose sur les auteurs de l'assassinat de Habyarimana »[8]. En 2007, elle a émis des réserves sur les intentions prêtées à Paul Kagame par Jean-Louis Bruguière dans son ordonnance de soit-communiqué, mais n'a pas critiqué les témoignages et les preuves fondant l'accusation principale. Des Forges s'est prononcée pour l'arrestation des personnes visées par l'ordonnance du juge Bruguière, et a regretté que le TPIR n'ait pas mené d'enquête sur l'attentat, qu'elle juge d'une « importance capitale » dans la compréhension du génocide des Rwandais tutsis et de la guerre civile[9],[10].
Alison Des Forges est morte le dans un accident d'avion survenu près de Buffalo dans le nord de l'État de New York[11].
(en) Alison Liebhafsky Des Forges (ed. David Newbury), Defeat Is the Only Bad News : Rwanda under Musinga, 1896–1931, Madison, University of Wisconsin Press, , 306 p. (ISBN9780299281441) – Thèse de doctorat à l'université Yale, .
(en) Alison Des Forges et al., "Leave none to tell the story" : genocide in Rwanda, New York / Washington / Londres / Bruxelles, HRW / FIDH, , 789 p. (ISBN1564321711, lire en ligne) – Version française : Aucun témoin ne doit survivre : le génocide au Rwanda, Paris, Karthala, , 931 p. (ISBN2-86537-937-X).
(en) Phillip A. Cantrell, « Book Reviews – Defeat is the only bad news: Rwanda under Musinga, 1896-1931 by Alison Liebhafsky Des Forges », Canadian Journal of African Studies (en), Taylor & Francis, vol. 46, no 3, , p. 456-458
(en) Lee Ann Fujii, « Review of Books – Alison Liebhafsky Des Forges. Defeat Is the Only Bad News: Rwanda under Musinga, 1896–1931. Foreword By Roger V. Des Forges (Africa and the Diaspora: History, Politics, Culture) », The American Historical Review, University of Chicago Press, vol. 117, no 1, , p. 309-310 (DOI10.1086/ahr.117.1.309)
(en) Danielle de Lame, « Book Reviews – Defeat Is the Only Bad News: Rwanda under Musinga, 1896-1931 by Alison Liebhafsky Des Forges, Roger V. Des Forges and David Newbury », African Affairs (en), Oxford University Press, vol. 111, no 442, , p. 159-160 (DOI10.1093/afraf7adr077)
(en) Scott Straus (en) et Lars Waldorf (eds.), Remaking Rwanda : state building and human rights after mass violence, Madison, University of Wisconsin Press, , 382 p. (ISBN978-0-299-28264-6) : ouvrage dédié à la mémoire d'Alison Des Forges. Voir en particulier la préface explorant « les liens entre la quête des faits par l’historien(ne) et l’activisme social »[2],[12].
↑ a et bDanielle de Lame, « La revue des livres – Straus Scott & Waldorf Lars (dir.), Remaking Rwanda : State Building and Human Rights after Mass Violence », Politique africaine, Karthala, vol. 127, no 3, , p. 186-187 (DOI10.3917/polaf.127.0179)