Abeille carniolienne
La Carniolienne ou abeille carniolienne (Apis mellifera carnica) est l’une des nombreuses sous-espèces d’abeille à miel de l'espèce Apis mellifera. Largement présente en Europe Centrale – de la Roumanie à l'Italie du Nord – elle doit son nom à l'ancienne région du duché de Carniole d'où elle est originaire, territoire aujourd'hui slovène. Appréciée des apiculteurs pour ses qualités multiples, la Carniolienne est très répandue en Europe. Elle se classe au 2e rang des abeilles mellifères à l’échelle mondiale[1],
Elle est la sous-espèce de l'abeille européenne (Apis mellifera) qui s'est naturalisée et adaptée à la sous-région de Kočevje (Gottschee) de Carniole (Slovénie), au sud des Alpes autrichiennes, à la région des Dinarides, au sud de la plaine de Pannonie et au nord des Balkans. Elle est considérée comme un trésor national depuis des siècles en Slovénie, seul pays en Europe à protéger son espèce autochtone[2]. Elle est qualifiée de sous-espèce invasive ou d'exotique envahissante dans certains pays de l'UE, où elle impacte des abeilles locales (sous-espèces locales d'A. mellifera), notamment par hybridation[3].
En 1879, August Pollmann a défini l'Apis mellifera carnica en tant que sous-espèce et nommé les abeilles de Carniole « abeille carniolienne », « carniolan bee » en anglais et « Krainer Biene » en allemand. L'amélioration technique de l’apiculture et la modernisation du matériel apicole dans la seconde moitié du XIXe siècle ont renforcé la connaissance et le succès de l’abeille carniolienne en Europe. En plus de l'étude des caractéristiques biologiques de la Carniole, le progrès des ventes d’abeilles fut important. En 1866, Emil Ravenegg Rotschütz, immigrant allemand, en développe son commerce [4].
Après la Seconde Guerre mondiale, la Carniolienne se dissémina en Europe Centrale pour y devenir majoritaire, aux dépens de l'Apis mellifera mellifera, historiquement établie au nord des Alpes. Cette expansion est liée à la caractéristique populeuse des colonies de Carnioles et conséquemment, de meilleures miellées en perspective[5].
L'abeille carniolienne est favorisée par beaucoup d’apiculteurs pour ses nombreuses qualités, notamment sa capacité à se défendre avec succès contre les insectes ravageurs tout en étant extrêmement douce dans son comportement envers les apiculteurs. Ne piquant que rarement, elle est très présente dans les zones d’habitation. De plus, elle est résistante aux maladies du couvain telle que la loque européenne et ne propolise presque pas.
Étant donné que l'abeille carniolienne a été façonnée par le climat alpin du sud-est, elle résiste aux étés chauds comme aux hivers rudes et froids de hautes montagnes. Durant l’hiver, la colonie des Carniolienne est faible. La reine cesse en partie sa ponte d’octobre à janvier. Économe sur ses réserves, c'est la race qui a la plus forte capacité à hiverner.
La reprise de la ponte en février se fait de manière exponentielle afin que la colonie soit suffisamment populeuse pour les premières miellées du mois d’avril. Précoce à la sortie de l'hiver, on la nomme « abeille des miellées de printemps »[7].
Ces abeilles sont particulièrement aptes à ajuster leur population à la disponibilité du nectar. Les butineuses ont une longue langue leur permettant d'atteindre un plus large éventail de nectars. La reine, très prolifique, peut augmenter rapidement le nombre d'abeilles ouvrières une fois que le nectar devient disponible au printemps ou interrompre la production de couvain lorsque la nourriture cesse d'être disponible en quantité. Par conséquent, en période de fortes miellées, elles stockent de grandes quantités de miel et de pollen.
L'humidité et l'instabilité du climat océanique, en revanche, lui causent des difficultés, c'est pourquoi elle est peu répandue au Royaume-Uni, en France et en Scandinavie. Contrairement à certaines autres sous-espèces d'Apis mellifera, elle a un instinct d'essaimage accru.
La reine des abeilles se fait féconder une fois dans sa vie lors du vol nuptial par plusieurs mâles (dits faux bourdons) pouvant aller jusqu'à une quinzaine pour maintenir la diversité et ainsi diminuer le risque de consanguinité. Avec l'importation des différentes sous-espèces d'abeilles sur un même territoire, l'hybridation devient inévitable, ce qui entraine une augmentation de l'agressivité et une diminution des caractéristiques spécifiques d'une race pure. En fait, tous les avantages que l'homme pensait obtenir par première hybridation (ou premier croisement) non seulement s'estompent mais se péjorent au fur et à mesure du temps.
C'est pourquoi il est très important de garder et maintenir les sous-espèces d’Apis mellifera pures. Partout dans le monde, des apiculteurs se sont regroupés pour se spécialiser en élevage et en sélection afin de proposer des reines pures races de qualité et adaptées à leurs régions. La sélection permet ainsi d'augmenter certaines caractéristiques choisies par l'éleveur comme la résistance aux maladies ou la diminution de l'essaimage par exemple.
Le nombre des mâles ainsi que d'autres paramètres comme les lieux de rassemblement ou la météo lors des fécondations expliquent la complexité de l'élevage des reines d'abeilles.