Armand Moisant
Portrait d'Armand Moisant
Fonctions
Président
Chambre de commerce et d'industrie de Paris
-
Conseiller général d'Indre-et-Loire
-
Maire de Neuvy-le-Roi
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Onésime Armand Moisant
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Distinction
Œuvres principales
signature de Armand Moisant
Signature

Armand Moisant, né le à Neuillé-Pont-Pierre (Indre-et-Loire) et mort dans cette même commune le , est un ingénieur-constructeur et industriel français. Il s'illustra de 1870 à 1906 dans de grands travaux de constructions métalliques en France tels que le Bon Marché, le Grand Palais et autres travaux pour les expositions universelles de Paris, le métro aérien et la gare de Lyon à Paris, le pont du Midi à Lyon ainsi que dans les colonies et le monde entier.

Durant ces années, Armand Moisant sera l'un des grands concurrents de Gustave Eiffel.

En plus de son activité de constructions métalliques, Armand Moisant réalisera le Domaine de la Donneterie avec des exploitations agricoles modèles dans sa Touraine natale à laquelle il restera très attaché.

La rue Armand-Moisant porte son nom dans le 15e arrondissement de Paris.

Biographie

Les origines et les études d'Armand Moisant

Onésime Armand Moisant est né le à Neuillé-Pont-Pierre (Indre-et-Loire). Son père, Michel Moisant (1799-1886), agriculteur propriétaire, fils de François Moisant et d'Anne Cousin, épouse en 1821 Jeanne Généreuse Boureau (1798-1866). Ils ont trois enfants : Michel (1822-1871), qui poursuivra l'activité de ses ancêtres, Léon (1824-après 1897), docteur en médecine, et Onésime Armand.

Ce dernier, qui est le plus jeune de la fratrie, fera des études secondaires à Tours puis, en 1855, ira à Paris pour préparer l'École Centrale des Arts et Manufactures, où il est admis en 1856 à l’âge de 18 ans (l’un des plus jeunes de sa promotion) et sort en 1859 avec le diplôme d’ingénieur-constructeur (28e sur 220 élèves).

La naissance de la « Maison Moisant »

Ateliers Armand Moisant

En 1859, à sa sortie de l’École Centrale de Paris, Armand Moisant débute à la Compagnie des chemins de fer du Nord.
Peu après, il entre dans l’Entreprise de Constructions Métalliques d’Argenteuil de Pierre-François Joly, constructeur des Gares de l’Est et de l’Ouest (Montparnasse) et des Halles de Paris. Armand Moisant dirige les travaux des marchés couverts du Carreau du Temple et de la Place du Marché-Saint-Honoré à Paris (aujourd’hui disparus).

En 1866, Armand Moisant reprend à son compte un atelier de serrurerie rue d’Assas à Paris 6e et, l’année suivante, installe ses ateliers de constructions métalliques au 20 Bd de Vaugirard à Paris 15e[1] sur un terrain qui deviendra le siège social des Ateliers Moisant-Laurent-Savey jusqu’en 1959.

Il est à noter le parallèle avec Gustave Eiffel, sorti de l’École Centrale en 1855 (avec la spécialité de chimiste) qui avait fait ses débuts à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest puis, en 1866, après avoir racheté une petite entreprise en difficulté, s’installe à son compte à Levallois-Perret.

Les premiers succès

La chocolaterie Menier à Noisiel

Le Moulin Menier (structure)
Chocolaterie Menier : Le Moulin


En 1869, le chocolatier Menier, son architecte Jules Saulnier et Armand Moisant, ingénieur-constructeur (il a alors 30 ans), conçoivent le premier bâtiment industriel, appelé Le Moulin. Les travaux commencés en 1869 et terminés fin 1872, après interruption pendant la guerre.

Cette construction entièrement exécutée sur une ossature métallique porteuse de 1 000 tonnes, premier bâtiment de ce type, fera date dans l’histoire de l’architecture.

Cette technique nouvelle permettant de faire des bâtiments de grande hauteur sera reprise aux États-Unis (École de Chicago avec l’architecte William Le Baron Jenney qui, diplômé de l'École Centrale, passa une année dans l’entreprise Moisant avant de réaliser à Chicago le Home Insurance Building, considéré comme le premier gratte-ciel).

Le magasin du Bon Marché à Paris

Le Bon Marché
(coupe de la structure métallique)
Le Bon Marché, Paris

(Travaux échelonnés de 1870 à 1887 au fur et à mesure des démolitions des bâtiments remplacés par les nouvelles constructions métalliques)

C’est également en 1869 que Aristide Boucicaut, son architecte Louis-Charles Boileau et Armand Moisant en tant qu’ingénieur-constructeur, conçoivent le magasin du Bon Marché. Également à ossature entièrement métallique, cette construction exécutée par les ateliers Moisant représenta un poids de 8 000 tonnes (soit plus que la structure métallique de la tour Eiffel de 7 500 tonnes).

Gustave Eiffel, à qui l’on attribue souvent à tort la construction du Bon Marché, n’intervient qu’en 1879 pour des travaux d’agrandissement relativement mineurs sur les bases définies préalablement par Armand Moisant et l'architecte Louis-Charles Boileau.

Le Bon Marché (verrière intérieure)

Le Bon Marché sera équipé par Armand Moisant d'un nouveau type de grandes verrières avec faux plafonds, pouvant être garnis de vitraux, et suspendues sous les verrières extérieures.

Cette nouvelle technique permettant d'améliorer à la fois l'isolation thermique, l'étanchéité, et les problèmes de condensation, tout en laissant pénétrer la lumière du jour et faire partie de la décoration.

Ce type de verrières deviendra la norme que l’on retrouvera par la suite dans les grands magasins et halls de banques et autres bâtiments dont Armand Moisant se fera une spécialité.

Aujourd'hui, si certaines verrières du Bon Marché ont été restaurées, les grands escaliers d'origine en ferronneries ont été déposés et remplacés par des escaliers mécaniques.

Ces deux constructions, Le Moulin Menier et le Bon Marché, valurent à Armand Moisant la considération dans le milieu des constructeurs et portèrent la maison Moisant aux premiers rangs des grandes entreprises de constructions métalliques.

Le développement de l’entreprise Moisant

Pendant ce dernier quart du XIXe siècle, et jusqu'à son décès en 1906, le nom de Moisant sera associé à tous les grands travaux et à toutes les manifestations de l’époque. La production annuelle en tonne d’acier passant de 1 250 tonnes en 1867 à 10 500 tonnes en 1889, puis se maintenant à ce niveau jusqu'à 1900 (dernières statistiques disponibles).

La Société Moisant-Laurent-Savey

Plaque constructeur

Le succès et le développement de l’entreprise Moisant sont marqués par l'arrivée comme associés d'Edmond Laurent en 1879 (ingénieur des Arts et Métiers, et centralien), beau-père du général Mordacq, puis quelques années plus tard d'Alphonse Savey (ingénieur des Arts et Métiers, sorti 1er de l’école de Chalon), grand-père de Maurice Besset.

Ainsi naîtra en 1887 la « Société Moisant-Laurent-Savey », qui deviendra en 1902 la « Sté Anonyme des Ateliers Moisant-Laurent-Savey ». En 1897, la direction de l’entreprise s’agrandit encore avec l’arrivée d'Henri Garnier, gendre d’Armand Moisant, sorti 1er de l’École Centrale cette même année.

Création des ateliers à Ivry-sur-Seine

Depuis 1868, les ateliers de Vaugirard n’ont cessé de s’agrandir ; en 1878, ils s’étendent sur plus d’un hectare à Paris, du boulevard de Vaugirard à la rue Falguière. En 1905, de nouveaux ateliers pour les grosses charpentes sont créés à Ivry-sur-Seine. Ces nouveaux ateliers, équipés des dernières machines les plus performantes et d'un accès direct aux chemins de fer, permettront de nouveaux développements en fabriquant en atelier de très grandes pièces, acheminées dans toute la France et dans le monde entier, les travaux sur place se limitant aux terrassements et assemblages sous la direction d'un personnel réduit envoyé par l'entreprise.

Décès

Armand Moisant

Le , Armand Moisant décède dans sa propriété de Touraine et sera enterré au cimetière Montmartre à Paris, laissant en plein essor la société qu'il avait créée 20 ans auparavant en y associant les cadres ingénieurs de haut niveau qu'il avait sélectionnés.

La société des ateliers Moisant-Laurent-Savey continuera son activité de constructions métalliques jusqu'en 1959 date à laquelle elle perd son nom par fusion dans la compagnie française d'entreprises[2].

Dans le cadre de ses activités d’entrepreneur et de propriétaire exploitant, Armand Moisant a montré un esprit polyvalent et étonnamment moderne pour son époque. Soucieux d'une politique sociale, Armand Moisant crée en 1896 pour ses ouvriers et leurs épouses une caisse de retraite et de prévoyance, alimentée par une retenue sur le salaire de l'ouvrier et avec abondement d'une même somme par l'entreprise.

En dehors de ses succès en tant que chef d’entreprise, de créateur et de gestionnaire de fermes modèles, Amand Moisant a eu de nombreuses activités :

En 1900, il fut promu commandeur de la Légion d'honneur[3].

Le conseil municipal de Paris donne le nom de rue Armand-Moisant à une nouvelle rue percée en 1906, du boulevard de Vaugirard à la rue Falguière, sur le terrain de l'entreprise.

Descendance

Le , Armand Moisant épouse à Paris Marie Augustine Pailliard-Turenne (1841-1924), fille d'un architecte et entrepreneur de bâtiments parisien. Ils ont une fille, Marie-Emilie (1875-1898), qui épouse en 1897 Henri Garnier (1872-1964), ingénieur, d'où une fille mariée à l'ingénieur centralien Jean Savey.

Par son mariage, Armand Moisant est le grand-oncle de Geneviève Pailliard-Turenne (1899-1972), épouse du compositeur Joseph Bonnet (1884-1944).

Principales constructions de 1870 à 1906

(Tous les « poids » mentionnés sont en tonnes de constructions métalliques, fer et acier.)

Les constructions de la « Maison Moisant » puis de la Sté des « Ateliers Moisant-Laurent-Savey » ont été très nombreuses. La liste ci-dessous ne reprend que les constructions les plus significatives.

Les expositions universelles

(De toutes les constructions ci-dessous, seul le Grand Palais a été conservé.)

Ces expositions, vitrines des nouvelles techniques, des architectes et des entreprises, ont beaucoup servi à faire connaître Armand Moisant et à forger sa réputation de grand entrepreneur.

Exposition universelle de 1876 à Philadelphie

Exposition universelle de 1878 à Paris (total 3 500 tonnes)

Exposition universelle de 1889 à Paris (total 4 800 tonnes)

Exposition universelle de 1900 à Paris (total 7 000 tonnes)

Magasins, banques, écoles et immeubles divers (charpentes métalliques)

Églises, théâtres

Halles et marchés

Métropolitain de Paris

1900-1905 Métro aérien de Paris (Bienvenue architecte) : circulaires Nord et Sud (total 15 000 tonnes).

Gares et constructions diverses pour les chemins de fer

Ponts, viaducs, passerelles

Les passerelles, les ponts-routes et ponts de chemins de fer ont constitué rapidement une des plus grandes branches de production de la Maison Moisant et des Ateliers Moisant-Laurent-Savey.

À titre d'exemples :

Usines, entrepôts

Constructions pour les armées (terre et mer)

Constructions diverses

La constitution du Domaine de la Donneterie

Ferme de Platé, 1880

Armand Moisant, fils d’agriculteur et tourangeau d’origine, restera toute sa vie très attaché à sa terre natale. À partir de 1878, il commence à investir dans ce qui deviendra un vaste domaine de 2 100 hectares, le Domaine de la Donneterie, sur sa commune de Neuillé-Pont-Pierre et les communes voisines de Neuvy-le-Roi et de Beaumont-la-Ronce dans le Nord de l’Indre-et-Loire.

Sur environ 500 hectares, il créera les deux fermes modèles de Thoriau et de Platé qu’il gardera en régie directe. Armand Moisant s’investit personnellement pour en définir les plans, les équipements, les cultures et le cheptel, il applique les méthodes les plus modernes (machines et engrais, ainsi que la sélection des animaux reproducteurs!) et donne des consignes très précises à son chef de culture, montrant le grand intérêt qu’il porte à la réussite de cette entreprise (il sera récompensé par la prime d’honneur du département au concours régional de 1892).

Le château de La Donneterie, 1882

Au centre du domaine se trouve l’ancien château de la Donneterie dont il ne reste que quatre tours et une arche de porte d’enceinte du début du XVIIe siècle ainsi que quelques bâtiments plus récents qu’Armand Moisant fera restaurer pour servir de communs à un nouveau château qu’il se fera construire près de là.

Moisant s’adresse à l’architecte Louis-Charles Boileau (son ami avec lequel il avait construit le Bon Marché), assisté de l’architecte Félix Roguet qui a restauré quelques années plus tôt le château de Chenonceau et collaboré à la reconstruction de l’hôtel de ville de Paris. Ce nouveau château, qu’Armand Moisant a voulu de style Renaissance est entouré d’un parc à l’anglaise de 25 hectares.

Cette propriété constituait pour lui un aboutissement et un signe de réussite, caractéristique de cette époque.

L’intérieur du château réalisé par les meilleurs artisans était entièrement de style renaissance. Malheureusement le château, vendu meublé en 1984 par les descendants de Moisant, avec toute sa décoration, équipements et accessoires, a été revendu en 1998 entièrement dépouillé de tout son intérieur. (Seuls, certains meubles des pièces principales ont été préemptés par les Monuments Historiques, à l’hôtel des ventes de Drouot en , et ornent désormais le château de Chaumont-sur-Loire).

Les autres acquisitions foncières d’Armand Moisant, principalement à partir de 1895, sont constitués de fermes dont il a, lorsque nécessaire, remembré les terres et modernisé les bâtiments pour se constituer un patrimoine destiné à la location.

Commentaires : « Moisant un inconnu illustre »

« Parmi les nouvelles entreprises de construction métallique, deux sortent du lot, fondées en 1866 par des centraliens, Gustave Eiffel et Armand Moisant, à Levallois pour le premier et boulevard de Vaugirard pour le second.

La gloire d'Eiffel a obscurci en quelque sorte les autres constructeurs de la place de Paris. La tour de l'Exposition universelle de 1889 a eu immédiatement un succès considérable. Pour la chance de Paris, elle a été conservée et non abattue après l'exposition, comme elle devait l'être au départ. Il y a eu une médiatisation de la tour, devenant un des symboles de Paris et l'architecture métallique s'est résumée, pour le commun des mortels, à Gustave Eiffel et à son talent ».

La Société Moisant-Laurent-Savey de 1906 à 1960

(Texte en préparation)

Notes et références

  1. Armand Moisant, un maître de l'âge du fer au XIXe siècle". Résumé d'un article de Jacques Couvreur in Bull. Soc. hist. & arch. du XVème arrondt de Paris – n° 30".
  2. Compagnie française d'entreprises sur Structurae.
  3. « Notice LH d'Armand Moisant », base Léonore, ministère français de la Culture.
  4. [PDF] A. Bertolo, 1883 – Feu de la Jetée Promenade de Nice, septembre 2005

Sources

Tous ces documents sont aux Archives départementales d'Indre-et-Loire dans le fonds Moisant-Savey, références 119J, 276 et 119J 2 (voir « Liens externes » ci-dessous).

Autres documents

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes