Carole Roussopoulos
Carole Roussopoulos dans le documentaire La Révolution du désir (A. Avellis, 2006).
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 64 ans)
SionVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Parentèle
Callisto Mc Nulty (petite-fille)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Archives conservées par
Archives de l'État du Valais (CH AEV, Carole Roussopoulos, 2015/43)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Carole Roussopoulos, née Carole de Kalbermatten à Lausanne le , morte le à Sion, est une réalisatrice engagée et féministe suisso-française[2]. Pionnière de la vidéo, elle a réalisé plus de 120 documentaires[3]. Elle est aussi une figure de l'histoire LGBT en Suisse.

Biographie

Place Carole Roussopoulos, Place Neuve, Genève.

Carole Roussopoulos passe son enfance à Sion puis étudie à Lausanne. Son père est Louis de Kalbermatten, un banquier sédunois qui obtient la garde de Carole et de son frère Louis-Guillaume après un procès avec sa mère, Myriel van der See[4].

En 1967, elle s'installe à Paris où elle travaille pour le magazine Vogue. Deux ans après, à la suite de son licenciement, Jean Genet lui conseille d'acquérir le Portapak de Sony, en utilisant l'indemnité[5].

Novateur à l'époque, le Portapak est le premier système vidéo d'enregistrement analogique possédant une batterie autonome et pouvant être porté et manipulé par une seule personne. En France, Jean-Luc Godard est le premier acquéreur de ce système, Carole Roussopoulos sera la seconde[6]. Elle est la première femme à se saisir de cette nouvelle technologie, permettant la caméra au poing, la vidéaste est au cœur de l'action. En 1971, elle fonde avec son mari, le peintre Paul Roussopoulos, le premier collectif de vidéo militante : Vidéo Out. En pleine période de contestation sociale, Carole Roussopoulos, par le biais de ses vidéos, va donner la parole à ceux qui sont tenus au silence dans les journaux ou à la télévision comme les femmes, les ouvriers, les immigrés, les homosexuels, les prostitués…[7]

Militante et vidéaste de la lutte féministe[8], elle en recherche les multiples facettes dans les luttes sociales, la sexualité, le quotidien, les métiers, les cultures... Avant la création du collectif de distribution Mon Œil, et aussi parce qu'elle souhaite "faire comprendre que c'est un grand bonheur et une grande rigolade de se battre !", elle montre ses vidéos sur les marchés avec Brigitte Fontaine et l'accordéoniste Julie Dassin[3].

En 1974, elle initie Delphine Seyrig et Ioana Wieder à la vidéo. Elles créent toutes les trois une association Les Muses s’amusent qui devient rapidement Les Insoumuses[9] dédiée à la création vidéo militante. Elles vont réaliser Maso et Miso vont en bateau et SCUM Manifesto[10].

De 1973 à 1976, Carole Roussopoulos enseigne la vidéo à l'Université de Vincennes.

En 1982, elle crée le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir avec Delphine Seyrig et Ioana Wieder[11]. Le but de cette structure est de recenser, conserver, diffuser et promouvoir les documents audiovisuels sur les droits et les luttes des femmes, ainsi que les créations audiovisuelles d'artistes femmes, afin de créer une mémoire audiovisuelle du mouvement des femmes.

En 1986, avec l'argent de son père ancien directeur à l'Union de Banques suisses, Carole Roussopoulos rachète puis dirige jusqu'en 1994 L'Entrepôt à Paris, cinéma d'art et d'essai créé et dirigé auparavant par Frédéric Mitterrand. En 1995, elle retourne en Suisse près de Sion et continue son travail documentaire.

Fonds Carole Roussopoulos

Carole Roussopoulos dépose ses archives vidéo et la documentation qui les accompagne à la Médiathèque Valais à Martigny en 2007. Le fonds Carole Roussopoulos[12] est alors créé et pris en charge par l'institution, c'est-à-dire classé et inventorié. En 2009, peu après le décès de Carole, la Médiathèque Valais - Martigny entreprend un projet de sauvegarde et de mise en valeur des archives audio-visuelles de la vidéaste, avec le soutien de l’association MEMORIAV (l'association pour la sauvegarde de la mémoire audiovisuelle suisse). Le projet aboutit en 2013. Il permet de numériser la majorité du fonds ainsi que de poursuivre sa diffusion. En 2016, un second projet soutenu par MEMORIAV a transféré une vingtaine de bandes IVC de 1 pouce datant des années 1970 à 1979, des bandes dont le contenu était indéterminé. L’ensemble des éléments de la collection sont consultables par le public et conservés par la Médiathèque. En 2018 la Médiathèque Valais héberge l’exposition et une publication Carole Roussopoulos. La vidéo pour changer le monde[13].

Hommage et postérité

En 2007, La Cinémathèque Française lui consacre un cycle. Le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir poursuit sa mission. L'Association Carole Roussopoulos, dirigée par Hélène Fleckinger, créée en sa mémoire, promeut et diffuse ses films.

En 2019 l'association Escouade fait poser des plaques de rue temporaires à Genève en hommage aux femmes célèbres genevoises. La Place de Neuve est renommée temporairement Place Carole Roussopoulos dans le cadre de l'initiative 100Elles[14],[15].

En 2019, le documentaire Delphine et Carole, insoumuses est achevé par Callisto Mc Nulty, petite-fille de Carole Roussopoulos. Film hommage sur l'amitié de Carole avec Delphine Seyrig et leurs luttes féministes dans les années 70 en utilisant le média de la vidéo[16].

Depuis juin 2022, le jardin du Moulin de la Vierge situé dans le 14e arrondissement de Paris porte son nom[17].

Filmographie

Comme directrice de la photographie :

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Documentaires

Sources

Liens externes

Notes et références

  1. « https://scopequery.vs.ch/detail.aspx?ID=309994 » (consulté le )
  2. « Association Carole Roussopoulos », sur carole-roussopoulos.fr (consulté le )
  3. a et b « Carole Roussopoulos, documentariste », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Christine Bard et Sylvie Chaperon, Dictionnaire des féministes : France, XVIIIe – XXIe siècle (ISBN 978-2-13-078720-4 et 2-13-078720-7, OCLC 972902161, lire en ligne), p. 1273
  5. Hélène Fleckinger, « Mes images vous appartiennent. Carole Roussopoulos, pionnière de la vidéo, nous a quitté-e-s », Bulletin d’Archives du féminisme n° 17,‎ (lire en ligne)
  6. a et b « Carole Roussopoulos, une femme à la caméra - Tënk », sur www.tenk.fr (consulté le )
  7. Lo Rhéa Lili, « Carole Roussopoulos : ma caméra est là pour ceux qui ont juste le droit de la boucler », Les Poupées en pantalon no 2, avril 2010, p. 22
  8. Carole Roussopoulos témoigne de son engagement féministe en 2006 dans le documentaire La Révolution du désir réalisé par Alessandro Avellis, co-écrit avec G. Ferluga. Carole Roussopoulos parle de son engagement dans le MLF (Mouvement de Libération des Femmes) au début des années 1970.
  9. Timide Says, « Carole Roussopoulos et Delphine Seyrig insoumuses », sur Barbi(e)turix !!, (consulté le )
  10. Alain Carou, Térésa Faucon, Hélène Fleckinger, Callisto Mc Nulty et Émilie Notéris, Scum manifesto, Paris, naima, , 87 p. (ISBN 978-2-37440-011-2, lire en ligne)
  11. Note : Pour elles, Carole Roussopoulos invente le mot insoumuses.
  12. Médiathèque Valais, « Fond Carole Roussopoulos »
  13. « Carole Roussopoulos. La vidéo pour changer le monde :: Médiathèque Valais », sur www.mediatheque.ch (consulté le )
  14. « Carole ROUSSOPOULOS », sur 100 Elles* (consulté le )
  15. Sylvia Revello, « Les rues genevoises en voie de féminisation », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  16. Mc Nullty, Callisto, 1990-, « Delphine et Carole : insoumuses » (consulté le )
  17. « 2022 DEVE 34 Dénomination « Jardin du Moulin de la Vierge - Carole Rossopoulos » attribuée au jardin situé 125 rue Vercingétorix (14e). », sur paris.fr, (consulté le )