Les castes en Afrique sont une forme de stratification sociale que l’on retrouve dans plusieurs groupes ethniques en Afrique de l'Ouest et au Sahel.
Les caractéristiques des systèmes de castes en Afrique varient selon les groupes ethniques. Certaines d'entre elles ont un système de castes rigide et strict avec une forme d’esclavage intégré, tandis que d'autres sont plus diffuses et complexes.
Comme en Inde, le système des castes n’a plus d’existence officielle en Afrique, mais leur hiérarchie demeure très présente dans beaucoup de sociétés africaines.
Des dizaines d’ethnies sont encore organisées en castes : parmi elles, les Mandingues, les Soninké, les Wolofs, les Peuls, les Toucouleurs, les Songhaï, les Sénoufos, les Dogons, les Touaregs et les Maures, présents principalement au Mali, au Sénégal, en Guinée, au Burkina Faso, en Mauritanie, en Gambie, au Niger, en Guinée-Bissau, en Côte d'Ivoire (nord), au Cameroun (extrême-nord) et au Sierra Leone.
Le royaume du Tekrour, fondé au IXe siècle, entre la vallée du Sénégal et le Fouta-Toro, est à peu près contemporain de l'empire du Ghana à son apogée[1]. C'est sans doute là que naît le système de castes[2],[3].
Selon le chercheur Tal Tamari, la caste en tant qu'institution officielle aurait émergé au moment du conflit entre Soundiata Keïta, le fondateur de l'empire du Mali, au XIIIe siècle, et Soumaoro Kanté, son adversaire sosso, qui aboutira à la défaite de ce dernier[3].
Les systèmes de castes en Afrique reposent le plus souvent sur l’endogamie, le statut hiérarchique, des emplois hérités[4] (castes de forgerons, tisserands, griots…), l’appartenance à la naissance et les contraintes imposées en matière de commensalité.
Les Peuls ou les Toucouleurs (treize castes réparties en trois classes) sont parmi les ethnies les plus segmentées.
Chaque caste a ses propres fonctions mais les différences entre castes tendent à s'estomper, tout particulièrement au niveau des métiers exercés. Toutefois, il est très mal vu pour un horon (noble) de devenir chanteur, métier réservé aux djeli.
Les castes dressent une barrière matrimoniale, plus difficile à franchir que celle des ethnies (le terme de caste étant entendu ici dans le sens général de classe sociale, à caractère d'exclusive, et non dans le sens qu'on lui donne dans certaines régions, où le terme est réservé aux castes artisanales[5]).
Les sociétés du Mandé étaient initialement divisée en familles ou en clans. Ces derniers se sont, à leur tour, subdivisés en 2 groupes eux-mêmes subdivisés :
Ces trois groupes sont appelées horon ou horo en mandingue par opposition aux gens de castes, les nyamakalan.
Aujourd'hui, le pouvoir est souvent entre leurs mains (pouvoirs politique, économique, religieux). Dans le but de sauvegarder la pureté sanguine (yéréwoloya), le mariage avec des castés leur est formellement interdit.
Les nyamakalan (les griots, forgerons, cordonniers, bûcherons, etc.) sont à proprement parler les gens de caste ou castés[6]. Ils se divisent entre :
les djons ou dyons (les captifs réduits à l'esclavage), prisonniers de guerre, ou capturés lors des luttes entre territoires ou tribus. Il arrivait parfois que des hommes ou femmes, poussés par leur extrême pauvreté se proposent d'être captifs, afin d'avoir l'assurance d'être nourris et logés.
De nos jours, tous les patronymes se retrouvent dans toutes les castes, à l'exception des Kouyaté, qui sont généralement griots, des Kanté souvent forgerons. Mais historiquement, chaque patronyme correspondait à un groupe. Les patronymes les plus fréquents étaient les suivants :
La société peule est la plus hiérarchisée d'Afrique. Ce système de castes est aussi plus complexe et d'un abord plus difficile pour le regard extérieur que celles que l'on peut observer dans d'autres communautés, comme les communautés touaregs ou maures.
Dans les villes, il existe deux grandes classes sociales, qui ont toutefois tendance à disparaître :
- Les nobles ou rimɓe, la plupart de patronymes Kâ-Sow-Bâ: Dans le Fouta Toro, les rimɓe (sing. dimo) comprennent les castes suivantes :
Durnooɓe qui signifie qui "font paître" n'est pas en soi une caste. On peut les appeler les Fulɓe aynaaɓe (Peuls éleveurs). Ils sont nobles et de même rang que les tooroɓɓe (Au Fouta Toro, au moins). Le terme dimo désigne bien "noble".
- Les "non nobles" ou ñeeñɓe (sing. ñeeño) :
Les mariages entre les deux groupes ne sont pas acceptés. Aussi, ils sont rares entre les tooroɓɓe et subalɓe... Les mariages sont possibles et normaux entre les 4 premières castes des ñeeñɓe, entre les awluɓe et les wammbaaɓe aussi. Les jiyaaɓe, en bas de l'échelle sociale, ne peuvent se marier avec aucune autre caste...
L'ensemble comporte de nombreux homonymes suivant les parlers locaux ainsi que des articulations intercastes, mais relèvent toujours des mêmes distinctions sociales.
Au Sénégal, sans être rigoureusement un interdit, il existe un tel ostracisme qu'il est pratiquement impossible à un homme d'épouser une femme de caste inférieure sans risquer de déchoir et de se retrouver mis au ban de la société. La place de chacun dans la hiérarchie sociale des castes est facilement connue car 95 % de la population partage 300 noms de famille[7]. Une exception : il arrive qu'un maître épouse sa captive, pour en avoir des enfants qui seront libres, la mère sera affranchie par ce fait, mais si l'union est stérile, la femme demeure dans sa condition servile.
Chez les Zharma-Songhaï, le système de caste est resté particulièrement prégnant, rendant les mariages entre noble et « homme de caste » presque impossibles
Si la société touarègue est hiérarchisée, sa structure ne s'apparente pas aux hiérarchies figées occidentales. Chacune des classes sociales, articulées selon leurs fonctions sociales spécifiques, se fréquentent et se mêlent au quotidien, unies dans des relations de plaisanterie codées[réf. nécessaire]. Il existe trois grandes catégories sociales :
À ces catégories s'ajoutent :
Traditionnellement, les Inhadhen sont classifiés essentiellement suivant leur savoir-faire technique et la tribu ou fraction à laquelle ils sont rattachés. Ils sont considérés comme un groupe social à part, détenant un savoir-faire technique spécifique et indispensable, mais avec lequel tous s'abstiennent d'avoir des liens de mariage.
Les Haoussa sont divisés en 4 groupes :
Presque partout en Afrique de l'ouest, le statut général et la vie quotidienne du forgeron présentent des caractères spécifiques comparés à ceux des autres travailleurs ; ils forment généralement des groupes sociaux endogames[8].
En certains endroits de l'Afrique subsaharienne, les forgerons jouissent d’une réputation pratiquement divine. Ils habitent souvent à l'écart du village. En d'autres endroits, ils sont considérés comme faisant partie des couches inférieures de la société, en relation avec l'aspect manuel de leur travail[9].
Opposés au système des castes, les membres de la confrérie soufie Layeniyya au Sénégal prennent tous « Laye » comme nom pour ne pas avoir à recourir à leur patronyme, qui trahirait leur caste.