Après avoir passé par l'atelier de Louis Hersent, il part, en 1825, pour l'Italie[1], et peint son premier tableau à Rome, les Brigands romains. En 1831, il accompagne, en 1834, l’industriel américain et amateur d'art fortuné John Lowell Jr. (en), dans un long voyage en Sicile, Grèce, Égypte et au Soudan, puis au Proche-Orient. Il défraie le coût de son voyage au moyen de dessins de sites archéologiques.
En 1837, il rentre à Paris avec un problème de santé, sa vue s'étant altérée, vraisemblablement du fait d'un trachome, contracté en Égypte, qui le conduira, par la suite, à fermer son atelier[2]. La même année, plusieurs de ses tableaux orientalistes au Caire sont détruits lors d'un incendie.
En 1843, il expose, au Salon, Le Soir, plus tard appelé Les Illusions perdues[4], œuvre qui rencontre un vif succès au Salon, et fera son entrée au Louvre en 1879[5]. Peintre au dessin irréprochable, la poésie aux teintes irréelles de son œuvre annonce le symbolisme qu’il tenait d’Ingres[6], et de son ancienne intimité avec Paul Chenavard et Edgar Quinet[7]. Le sentiment poétique des choses, quelque peu mêlé d’archaïsme, de son œuvre, lui a valu le surnom de « peintre poète »[1].
La plupart du temps, Gleyre est d'une grande générosité avec ses élèves : il ne leur fait payer que le loyer et les modèles. N'aimant pas blesser ses élèves, il veille avant tout à préserver la personnalité de ceux-ci[8].
Son art prône le retour à l'antique. Il dit à Monet :
« Rappelez-vous donc, jeune homme, que, quand on exécute une figure, on doit toujours penser à l'antique[12]. »
Le soir même, Monet réunit Bazille, Renoir et Sisley et leur suggère, selon sa déclaration, de quitter l'atelier de Gleyre, ce qu'ils feront 15 jours plus tard, au printemps 1863[13]. Pour d'autres auteurs, c'est Sisley qui, indigné par le dédain de Gleyre pour le paysage, a incité ses amis à quitter son atelier et à peindre dans la nature[14].
Mort subitement, de la rupture d’un anévrisme, à l’Exposition de peinture du Palais-Bourbon, au profit des Alsaciens-Lorrains[1], il travaillait encore, le matin-même au tableau d’Ève et Adam debout, enlacés dans le paysage d’un paradis encadré de montagnes[15]. Son corps, ramené de l’exposition à son domicile de la rue du Bac, il est enterré, dans un premier temps, au cimetière du Montparnasse, avant que le conseil d'État de Vaud ne réclame son corps, pour l'inhumer dans le cimetière de son village natal suisse de Chevilly. Regrettant rapidement cette inhumation presque anonyme dans un petit cimetière de village, la famille de l'artiste décide, vingt ans plus tard, de lui faire construire un tombeau digne de sa réputation. Dans ce dessein, elle obtient en 1896 du gouvernement vaudois de faire transférer sa dépouille au cimetière de La Sallaz à Lausanne. À la désaffection de ce cimetière, en 1947, il est ré-inhumé dans sa tombe de Chevilly[16].
En 1947, un de ses anciens élèves en peinture, Guillaume Alfred Strohl, a fait un don à travers son testament, pour la création d'une fondation Charles Gleyre[17].
« Charles Gleyre et la Suisse romande », musée historique de Lausanne, du 23 septembre au 31 décembre 1994.
« Charles Gleyre, le génie de l'invention », musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, du 7 octobre 2006 au 7 janvier 2007. 278 œuvres exposées, dessins, peintures.
« Charles Gleyre (1806-1874). Le romantique repenti », Paris, Musée d'Orsay, du 10 mai au 11 septembre 2016.
Charles Gleyre a formé environ 600 artistes. Un tableau représente les Quarante Trois Portraits de peintres de l’atelier de Charles Gleyre (Paris, Petit Palais)[19],[20]. Leur période d'apprentissage dans son atelier sont parfois mentionnées.
↑ ab et c« Nécrologie : Charles Gleyre », La Chronique des arts et de la curiosité, Paris, no 16, , p. 187 (ISSN2420-0816, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
↑Benoît Noël et Jean Hournon, Parisiana : la capitale des peintres au XIXe siècle, Paris, Les Presses franciliennes, , 159 p., illustr. 27 cm (ISBN978-2-95272-140-0, OCLC76879491, lire en ligne), p. 134.
↑Dominique Brême et Mehdi Korchane, Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans : le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts, (ISBN978-8-83665-132-0), nº 140.
↑(en) « Delaroche’s and Gleyre’s Teaching Ateliers and Their Group Portrait William Hauptman », dans Studies in the History of Art National Gallery of Art, vol. 18, Washington.
Charles Clément, Gleyre, étude biographique et critique, Paris, Librairie Didier & Cie, 1878.
Michel Thévoz, L’Académisme et ses fantasmes. Le réalisme imaginaire de Charles Gleyre, Paris, Les Éditions de Minuit, coll « Critique », 1980.
William Hauptmann, Charles Gleyre (1806-1874), Catalogue Raisonné, Volume 1 : « Life and Works », Volume 2 : « Catalogue Raisonné », Zurich/Lausanne, Institut Suisse pour l'étude de l'art, Princeton University Press. Bâle, Wiese Publishing, 1996.
Le catalogue raisonné recense 1,112 œuvres.
Catherine Lepdor, Charles Gleyre : Le Génie de l'invention, Milan, Éditions 5 Continents, 2006.
François Pouillon, Dictionnaire des Orientalistes de langue française, Paris, Karthala, 2008, p. 448, 1007 p.