Le terme comes (pluriel comites) signifie en latin « associé », « compagnon ». Il fut donc utilisé sous la République romaine pour désigner ceux qui accompagnaient un magistrat, comme un gouverneur de province, et formaient son escorte et son conseil, sa cohorte d'amis (cohors amicorum). À l'époque impériale le terme évolue et prend une valeur officielle pour désigner les proches de l'empereur, dans ses déplacements d'abord puis de manière permanente. Dès lors il devint un titre aulique et une dignité, et fut à l'origine du terme comte.

Au Haut-Empire

Dans l'Antiquité tardive

Constantin Ier SOLI INVICTO COMITI, Comes du dieu Sol Invictus

À partir du IVe siècle, on utilise le titre de Comes pour qualifier certains membres de l'entourage permanent de l'empereur romain. Constantin reprend ainsi l’institution du conseil des comites, des confidents auxquels il confie des missions de contrôle dans les provinces, les comites provinciarum aux compétences judiciaires[Note 1].

À la cour impériale

À la cour, au niveau le plus élevé, les comites consistoriani sont les membres du consistoire qui entourent l'empereur ; les principaux sont le quaestor sacri palatii pour la justice, le magister officiorum à la tête de la cour et de l’administration centrale, le comes rerum privatarum largitionnum « ministre des finances » aux larges compétences. On trouve également :

Dans les provinces

À partir de Constantin, on trouve en dehors de la Cour des comtes au pouvoir militaire et politique considérable[2]. Toutes les charges territoriales importantes furent affectées à un comes. Ainsi, le préfet de la ville de Rome (præfectus urbi) sera désigné comme étant comes formarum, comes riparum et alvei Tiberis et cloacarum et comes portus. Dans les provinces, des comtes reçurent des pouvoirs militaires importants en complément du titre de dux ; les comites rei militaris (« comtes des affaires militaires ») étaient affectés à des commandements militaires. Parmi ceux-ci, on trouve les maîtres de la cavalerie et ceux de l'infanterie. Certains de ces derniers portent un titre les rattachant à des territoires :

Ces fonctions sont connues grâce au Notitia Dignitatum. Dans les provinces, on a également le comes portus qui surveille les ports ; le comes formarum qui a la charge du réseau des aqueducs, le comes commerciorum qui contrôle les échanges aux frontières.

Le comes civitatis

Au Ve siècle, l'adjonction de responsabilités civiles et juridiques au duc entraîne l'inversion de la valeur des titres respectifs de comte et duc au profit de ce dernier. À la même époque, apparaît le comes civitatis, qui lui aussi réunit les deux compétences mais sur un plan plus localisé[3]. Le comes civitatis, inaugurant la série des comtes de « comté » du royaume franc est à l’origine d’un réseau administratif français et préfigure les départements de la Révolution. Joseph Calmette rappela que le comte du IXe siècle est le préfet du régime[Note 2]. La notion et l’institution comtale dominent l’Europe, du county anglais (et américain) au comitat des Hongrois et Polonais[4]. Lorsque au IXe siècle, les charges publiques ou honores devinrent héréditaires, la fonction administrative et militaire de comte évolua et devint un titre de noblesse intégré à la hiérarchie féodale.

Notes et références

Notes

  1. On note une fréquence accrue du titre qui est fort recherché en raison des privilèges et avantages fiscaux qu’il comporte.
  2. Son autre titre étant d’ailleurs praefectus.

Références

  1. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 421.
  2. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 422.
  3. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 425.
  4. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 431.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes