Couvent des Annonciades | |
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Présentation | |
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Culte | Catholique romain |
Type | Couvent |
Rattachement | Archidiocèse de Bordeaux |
Début de la construction | 1520 |
Fin des travaux | vers 1535 |
Style dominant | Renaissance |
Protection | ![]() ![]() |
Géographie | |
Pays | ![]() |
Région | Nouvelle-Aquitaine |
Département | Gironde |
Ville | Bordeaux |
Coordonnées | 44° 49′ 59″ nord, 0° 34′ 33″ ouest |
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L'ancien couvent des Annonciades, un des seuls cloîtres de la Renaissance encore conservés en Aquitaine, est situé 54 rue Magendie à Bordeaux. Il a été fondé en 1520[1] par Jacquette Andron de Lansac, suivant la règle fixée par Jeanne de France (1464-1505), pour des religieuses du couvent d'Albi.
La chapelle du couvent a été classée au titre des monuments historiques le ; le portail d'entrée et le cloître sont inscrits également le et divers murs ont été inscrits le [1].
À partir de 1995, les services de la Direction régionale des Affaires culturelles (D.R.A.C.) d'Aquitaine s'installent dans le bâtiment, 54 rue Magendie, Bordeaux.
Le couvent de l'Annonciade a été édifié et décoré dans le style de la Renaissance, il présente une unité que les restaurations contemporaines ont conservée.
On accède au bâtiment, 54 rue Magendie, par un portail monumental de plan en demi-lune, qui date de 1774. Ce portail est couronné d'un fronton cintré dans lequel s'inscrit une niche abritant une Vierge à l'Enfant, sculptée par Aymon Estensan.
Une fois le mur d'enceinte franchi, l'accès à la chapelle se faisait par une porte à l'ouest qui s'ouvrait à la manière d'un arc de triomphe dans la partie de la chapelle construite en 1613 ; elle est murée en 1673 par le maître maçon Jacques Roumillac, qui ouvre, plus à l'est, une nouvelle porte à fronton triangulaire surhaussé.
La construction de la chapelle, entreprise en 1520, s'achève par l'abside ; le gros œuvre est sûrement terminé à la mort de Jeanne de Lansac en 1532. Le chœur des religieuses a été agrandi vers l'ouest en 1613, puis vers l'est en 1680.
Au chevet, les baies occupent la plus grande surface des murs dégagés par les ogives. Des talus sobres constituent les contreforts qui montent jusqu'au niveau du sommet des fenêtres. Un larmier écarte les eaux de pluie du bas des fenêtres et sur les contreforts.
Trois grandes fenêtres éclairent l'abside à trois pans. Les vitraux actuels datent du XIXe siècle. Ils évoquent la parabole du Bon Pasteur, une vue de Jérusalem et la figure de Jeanne de France en habit religieux.
Par la galerie haute du cloître ou par un escalier à vis situé au nord de la nef, on atteint le chœur des religieuses, bâti sur une voûte, qui était couverte à l'origine par une toiture pentue d'ardoises.
Aujourd'hui à Bordeaux, il y a seulement trois sculptures représentant la Mise au tombeau du Christ :
Les cul-de-lampe de l'abside sont tous décorés, soient avec des chérubins ou anges, soit un décor végétal.
Les consoles qui supportent les arcs des deux chapelles latérales sont décorées avec les symboles du Tétramorphe : Le lion de saint Marc et le taureau de saint Luc au nord et, au sud, l'aigle de saint Jean et l'homme de saint Mathieu.
La plus ancienne clé de voûte date de 1520 et se trouve au chœur des religieuses. Elle porte un blason qui mélange les armoiries de la famille de Lansac et de la famille Saint Gelais. La clé de voûte qui se trouve dans l'abside date de 1526 et porte un blason qui mélange les armoiries de la famille de Lansac et de la famille de Pons[3].
Dès l'origine, ces quatre galeries étaient adossées à des bâtiments à étages datant de l'époque des premiers travaux. Cet ensemble architectural a donc été cloisonné au cours des quatre derniers siècles. Au nord et à l'est, des fenêtres couvertes d'arcs en anse de panier éclairent les galeries hautes. Au sud et à l'ouest, les galeries furent sans doute remaniées au XIXe siècle, les murs en pierre de taille remplaçant des pans de bois. Les toitures ont été refaites afin de conférer aux parties hautes de l'ensemble une unité qu'elles n'avaient sans doute jamais connue.
Le cloître est un rectangle dont les longs côtés comptent huit arcades, tandis que les petits côtés n'en comptent que six.
L'ouverture de chacune de ces arcades est formée d'un carré surmonté d'un demi-cercle. À l'exception de ceux des piliers d'angle, les trente-deux chapiteaux du cloître sont décorés sur leurs quatre faces. Malheureusement les pierres sont assez érodées, mais on peut toujours distinguer les représentations originales. Les sculpteurs se sont inspirés du style roman des églises de la région bordelaise, notamment l'Entre-deux-Mers, mais elles sont des pâles copies.
On trouve :
Au centre du préau du cloître on voit un socle hexagonal, retrouvé lors des fouilles en 1991, qui correspond au support d'une croix, aujourd'hui disparue, placée au centre du cloître en 1522.
Le préau abrite également une œuvre qui a été produite en 1995 par le sculpteur britannique Julian Opie. Elle se compose de cinq petits bâtiments en pierre calcaire inspirés par l'architecture collective des banlieues d'une grande ville des années soixante, rappelant aussi, par leur forme, les sépulcres et tombeaux que l’on trouvait au Moyen Âge à l’intérieur des cloîtres.
Le couvent de l'Annonciade est racheté en 1808 par l'institut de la Miséricorde, fondé par Marie-Thérèse de Lamourous[10],[11], qui y consacre sa fortune et sa vie. L'Empereur Napoléon Ier, de passage à Bordeaux, est sollicité par Mlle de Lamourous et le R.P. Chaminade pour aider à l’aménagement du couvent. Il accepte et le projet démarre.
Cette Maison de la Miséricorde est destinée à accueillir et à servir de refuge aux femmes repenties, appelées aussi les pécheresses repentantes. La Maison de la Miséricorde reçoit gratuitement toutes les prostituées et jeunes femmes-mères repenties qui reviennent à la vertu, et y héberge au XIXe siècle jusqu'à plus de trois-cents pensionnaires. Celles-ci entrent volontairement dans l'établissement et elles peuvent toutes le quitter librement.
La communauté s'établit au couvent avec quatre-vingts filles. Elles sont partagées en huit divisions dans des ateliers séparés, où du matin jusqu'au soir, elles s’occupent à différents travaux : la couture, le blanchissage, le repassage… Ces travaux ne sont interrompus que par quelques exercices de piété, des chants, les repas et par de courts instants de récréation. Pénitentes, si leur repentir est sincère, elles doivent se soumettre au régime de la maison, qui est adouci par la bonté maternelle des religieuses. L'administration est exercée par les dames directrices et tout le service est réalisé par les pénitentes. Les ressources de la Maison proviennent du produit du travail des pensionnaires et des dons de la charité.
La Maison de la Miséricorde continue cet accueil jusqu'en 1965. Les religieuses quittent le couvent et les pensionnaires sont prises en charge par les services sociaux appropriés. Depuis, certaines religieuses de la Miséricorde ont installé une maison d'accueil au Pian-Médoc (en Gironde), l'Ermitage, dans une ancienne propriété de Lamourous, et d'autres continuent leur mission en milieu carcéral. Les bâtiments sont ensuite fermés et, à partir de 1971, utilisés comme dépôt des archives judiciaires
Au cours des années 1970, le Ministère des Affaires culturelles, cherchant à regrouper l'ensemble de ses services régionaux à Bordeaux, estime que l'Ancien couvent de l'Annonciade, situé en plein centre ville et offrant 3 000 m2 de bureaux, pourrait parfaitement convenir à cet usage.
Avant la transformation de l'ancien couvent de l'Annonciade en siège de la Direction régionale des affaires culturelles d'Aquitaine, une fouille archéologique de sauvetage, financée par la ville de Bordeaux, est organisée en mai et , dirigée par Marie-Agnès Gaidon-Bunuel, archéologue municipale[12].
Cette intervention a porté sur trois espaces : le cloître (tranchées), les terrains situés au sud du cloître (fouille en aire ouverte) et la chapelle (sondages).
De 1989 à 1995 la rénovation et la transformation de l'ancien couvent ainsi que la création architecturale contemporaine sont dues au cabinet bordelais Brochet-Lajus-Pueyo.
Les nouvelles constructions présentent des matériaux de métal, de verre et de bois qui s'harmonisent avec les matériaux anciens. L'ancienne chapelle a été transformée en salle de conférence. De l'extérieur, seule la toiture contemporaine émerge.