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« Que viene el Coco ! » (Attention, le Coco arrive !) de Francisco de Goya, vers 1797.

Le croque-mitaine (variante croquemitaine) est un personnage maléfique présenté aux enfants pour leur faire peur et ainsi les rendre obéissants.

Il sert souvent à marquer les interdits vis-à-vis de moments ou de lieux considérés comme dangereux, en particulier par rapport à la nuit. Un croque-mitaine peut se dissimuler aux abords d'un cours d'eau ou d'un étang, afin de noyer les imprudents. Dans les régions où l'hiver peut être rigoureux, un croque-mitaine mange le nez et les doigts de l'enfant (les parties du corps les plus exposées aux gelures). La crainte provoquée par la menace de tels personnages crée une peur qui n'a plus besoin d'être motivée.

Les croque-mitaines existent dans l'imaginaire de tous les pays. Leurs noms sont extrêmement variables et, sauf quelques particularités qui permettent de les identifier, leur aspect est assez mal défini, ce qui, dans une transmission orale, permet à chacun de s'imaginer un être d'autant plus effrayant : homme, femme, animal (le loup joue parfois le rôle de croque-mitaine), ou même créature fantasmatique comme la came-cruse (ou camo cruso, en graphie classique cama crusa « jambe crue ») en Gascogne[1], qui est une « jambe nue avec un œil au genou ».

Des personnes réelles et vivantes (âgées, au physique inquiétant, ou vivant en retrait de la communauté) endossent souvent, volontairement ou non, la personnalité du croque-mitaine pour menacer les enfants. À cet égard, le croque-mitaine, supposé réel pour être efficace, entre peu dans les contes de la tradition orale, qui sont en principe acceptés comme des fictions par les auditeurs, ni les légendes, considérées comme vraies mais constituées d'un récit plus ou moins précis. Le croquemitaine se situe à la lisière, les uns (les parents) ne croyant pas à sa réalité, les autres (les enfants) étant persuadés de son existence. Le croque-mitaine est devenu un sujet pour la littérature, la télévision, le cinéma.

Étymologie

La plupart des dictionnaires étymologiques éludent la question ou mentionnent simplement « origine obscure ». Parmi les étymologies qui sont proposées, aucune n'est véritablement convaincante. Le mot « croque-mitaine » apparaît dans la littérature au début du XIXe siècle. Collin de Plancy lui consacre un article dans son Dictionnaire infernal (1818)[2], avec un renvoi à l'entrée « Babau ». On le trouve à maintes reprises chez Victor Hugo, et dans la chanson de Pierre-Jean de Béranger « Les myrmidons » datée de décembre 1819 :

mironton, mirontaine,
prends l'arme de ce héros ;
puis, en vrai croquemitaine,
tu feras peur aux marmots.

Le terme est formé de deux mots : « croque », du verbe « croquer » (mordre, manger) ou « crocher » (attraper avec un croc), et « mitaine », qui est plus difficile à interpréter. « Mitaine » pourrait dériver de l'ancien français mite, qui signifie « chat ». Il s'agirait donc d'un « mange-chat » dont le but serait de faire peur aux enfants. « Mitaine » désigne aussi un gant aux doigts coupés, ou, pour reprendre l'interprétation précédente, une patte de chat aux griffes rentrées. Le mot pourrait suggérer l'idée d'un mangeur de doigts, le monstre étant alors invoqué par les parents pour inciter leurs bambins à arrêter de sucer leur pouce. La mitaine, ou le gant, évoque plus simplement la main qui gifle : dans une farce[3], un personnage dit :

Croque, croque, mon amy,
croque cette mitaine !

en donnant un soufflet à son partenaire. Le « croque-mitaine » renverrait alors à la menace d'une gifle.

Dans plusieurs régions, notamment au Québec, une « mitaine » est simplement une moufle[4].

Une autre interprétation verrait plutôt dans « mitaine » une déformation de l'allemand Mädchen ou du néerlandais Meisje (dans ces langues, ces mots signifient « fille » au sens de « jeune personne féminine »)[5].

Variantes historiques

Les traditions religieuses ont très tôt donné naissance à un personnage qui, à dates établies, vient récompenser les enfants sages. En Europe, il s'agit essentiellement de saints comme Nicolas de Myre. On lui a adjoint un personnage chargé de l'autre versant, qui lui, punit les enfants méchants ou désobéissants, mais devient vite un personnage profane, un croque-mitaine quasi-officiel : le père Fouettard et ses multiples variantes. Cependant, l'aspect religieux de saint Nicolas disparaît derrière l'aspect jovial du père Noël.

Équivalents et quasi-synonymes dans le monde

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Chaque terme désignant cette notion semble avoir des caractéristiques particulières qui excluent toute synonymie parfaite. Par exemple, l'anglais bogeyman et le terme québécois bonhomme sept-heures indiquent que cette créature a au moins une apparence vaguement humaine. Quant au terme père Fouettard, il semble indiquer une prédilection particulière à fouetter.

Europe / Sous-continent européen

Babau

Babau (ou Babaou, barbaou, barbeu, et d'autres variantes) est le nom du croque-mitaine dans de nombreuses régions de France et d'autres pays d'Europe tandis qu'au Québec, il s'appelait parfois Babou et menaçait d'attaquer en groupe durant la nuit. L'origine du nom est sujette à controverses. En effet, son origine pourrait provenir de l'onomatopée d'un aboiement de chien, d'un cri d'animal, du rapprochement avec un être barbu, ou même d'une évolution de la sorcière Baba Yaga russe. En occitan, babau désigne une toute petite bête, un insecte, mais aussi une sorte de dragon mangeur d'hommes. En Italie, on le fait venir des Arabes et des envahisseurs sarrasins (Jean le noir). . Dans son Dictionnaire infernal (1828), Collin de Plancy indique que le Babau est une « espèce d'ogre ou de fantôme, dont les nourrices menacent les petits enfants dans les provinces du midi de la France, comme on les effraie à Paris du Croquemitaine. Mais Babau ne se contente pas de fouetter, il mange en salade les enfants qui sont méchants ».

Angleterre

Allemagne

Belgique

Flandre
Wallonie[14]

Espagne

France

Les folkloristes de la fin du XIXe siècle tentent de rassembler le corpus de ces créatures anthropomorphes ou zoomorphes. Paul Sébillot lance une grande enquête sur elles en 1903 dans la Revue des Traditions Populaires, tandis que Arnold van Gennep, dans son Manuel de folklore français contemporain, en réalise une synthèse et fait connaître leur fonction pédagogique[16].

Par région
Alsace
Bourgogne
Bretagne
Centre-Val de Loire
Champagne-Ardenne
Franche-Comté
Lorraine
Nord-Pas-de-Calais
Normandie
Nouvelle-Aquitaine
Occitanie et Pyrénées espagnoles[19]
Pays de la Loire
Provence-Alpes-Côte d'Azur
Rhône-Alpes[20]

Irlande

Italie

Norvège

Portugal

Russie

L'antchoutka (en russe Анчутка) est un esprit mauvais, un des anciens noms en russe pour désigner le diable. Il aide les vodníks et les bolotniks (esprits des marais), se déplace très vite et sait voler. On l'appelle aussi souvent « sans talon », parce que le loup lui a arraché un talon. Parfois, on imaginait l'antchoutka avec des pattes d'oie et un groin de porc. L'antchoutka est évoqué pour faire peur aux enfants : « N'agite pas les jambes sous la table pendant le repas, sinon l'antchoutka viendra s'asseoir dessus ! ».[réf. nécessaire]

Suisse

Amérique

États-Unis

Colombie

Brésil

Canada

Mexique

Folklore inuit

Dans la mythologie inuit, l'ijiraq (« celui qui se cache ») est le croque-mitaine qui enlève les enfants et les dissimule à jamais. Les inukshuk en pierre permettent aux enfants de retrouver leur chemin s'ils arrivent à persuader l'ijiraq de les laisser partir. Une lune de Saturne s'appelle Ijiraq en référence à cette créature. Le Qallupilluit est un autre croque-mitaine de la mythologie inuit qui se cache dans l'eau et capture les enfants qui s'aventurent trop près de fissures et désobéissent à leurs parents[23].

MOAN

Algérie

Maroc / Algérie

Tunisie

Egypte

Liban

Le croque-mitaine s'appelle localement Abou Kiss (ابو كيس), littéralement « le Père Sac », une étymologie que l'on retrouve dans de nombreux pays en même temps que le thème de « l'homme au sac »[réf. nécessaire]

Turquie

L'öcü est une figure utilisée par les parents afin de dissuader les enfants à aller dans les lieux considérés dangereux, pour les dissuader en les effrayant de faire telle ou telle chose, ou afin de convaincre les enfants à dormir tôt. L'öcü n'a pas de description physique propre et son mythe est transmis de manière orale.[réf. nécessaire]

Ses Alan (littéralement traduit par celui qui prend la voix), est utilisé pour dissuader les enfants qui ne cessent de parler de les calmer pour qu'ils se taisent. Tout comme l'öcü, il n'y a pas de description physique et sa légende est transmise oralement.[réf. nécessaire]

Le Yönden, monstre cruel, orgiaque et obscène, est censé apparaître lorsque les enfants ne sont pas sages. C'est une figure utilisée afin de dissuader les enfants gourmands. Il est principalement présent dans la tradition orale de nombreuses tribus du sud-est anatolien.[réf. nécessaire]

Afrique subsaharienne

Cameroun

Côte d'Ivoire

Île Maurice

Asie de l'Est

Japon

Les croque-mitaines dans l'art et la culture

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Œuvres éponymes

On retrouve des livres, films et chansons nommés directement d'après le croque-mitaine

Apparition du croque-mitaine dans les œuvres modernes

Le croque-mitaine apparait également sous ce nom dans d'autres récits, comme personnage principal :

Dans l'audiovisuel moderne, le terme de croque-mitaine est repris dans plusieurs médias pour désigner un tueur en série. Ainsi, dans la série Heroes, le terme de croque-mitaine est utilisé pour désigner le serial killer Sylar[35]; John Wick, assassin de la série de films éponymes, est surnommé Croque-mitaine, Baba Yaga ou encore Le Bonhomme-Sept-Heures[36]; Michael Myers est également décrit comme étant le croque-mitaine dans Halloween, la nuit des masques[37],[38]. Angst, chanson de Rammstein (2022)[39],[40]!

Notes et références

Notes

  1. « Les corbeaux de nuit » (Natteravnene) constituent en Norvège et au Danemark un groupe de parents volontaires qui parcourent les rues la nuit pour remarquer les jeunes en difficulté ou les bagarres entre jeunes et, s'il le faut, prévenir la police (car ils n'ont pas le droit d'intervenir)« La sécurité des jeunes au Danemark, Natteravn et SSP ». Natteravnene en Norvège

Références

  1. Joan Francés Bladèr (Jean-François Bladé), Contes de Gasconha, Institut d'Estudis Occitans, , p. 121 et 291 ("A Tots"-"Per Noste")
  2. Jacques Auguste Simon Collin de Plancy, Dictionnaire infernal, Slatkine, (1re éd. 1818) (lire en ligne)
  3. Sotties des sots triumphans, III, 145 et Farce du pouvre Jouhan, VII, 369, éd. E. Droz, Le recueil Trepperel, 1935 in Croque-mitaine, TLFI
  4. Du français au français : des mitaines pour le froid
  5. Sylvain Richard, In Libro Vertitas, Petit essai sur les croquemitaines ; Littré, Dictionnaire de la langue française
  6. 473d
  7. 77e
  8. 47c
  9. 46c
  10. Lucien de Samosate 2015, p. 467.
  11. Xénophon 1967, p. 125.
  12. David Colbert, The Magical Worlds of Harry Potter (édition revue), Penguin, 2008
  13. a et b Grammatisch-kritisches Wörterbuch der hochdeutschen Mundart mit beständiger Vergleichung der übrigen Mundarten, besonders aber der Oberdeutschen de Johann Christoph Adelung, Dietrich Wilhelm Soltau et Franz Xaver Schönberger, B.P. Bauer, 1808: « einem alten Märchen zu folge, den Ziegen die Milch aussaugen, und die Kinder in der Nacht beschädigen soll » (« si l'on en croit une vieille légende viendrait téter le lait des chèvres et faire du mal aux enfants dans la nuit »)
  14. Textes wallons: croquemitaine
  15. Seres míticos y personajes fantásticos españoles, Manuel Martín Sánchez, EDAF, 2002, p.242.
  16. Nicole Belmont, « Les croquemitaines, une mythologie de l'enfance ? », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, nos 2-4,‎ , p. 7
  17. On retrouvera cette comptine ici et dans Macht auf das Tor - Alte deutsche Kinderlieder, édité par Maria Kühn, Königstein im Taunus, paru pour la première fois en 1905, par la suite en 1921 et constamment réédité. Cette version est au pluriel : « Priez, enfants, priez, demain le Suédois va venir, demain va venir Oxenstern ; les enfants doivent apprendre à prier. Priez, enfants, priez. » Une version donnée par le Prof. Dr. Birgit Jank (Université de Potsdam) : « Bet, Kindlein bet! Morgen kommt der Schwed » a disparu de la Toile et ne se trouve plus (provisoirement) que dans les archives.
  18. Alfred Wahl et Jean-Claude Richez nous rapportent que dans les années 1950 on disait encore à Wangenbourg aux enfants désobéissants ou qui refusaient de dormir : « D'Schwede komme ! (Les Suédois vont venir !) » (La vie quotidienne en Alsace entre France et Allemagne, 1850-1950, Hachette, p. 281).
  19. Panthéon Pyrénéen, de Olivier de Marliave et Jean-Claude Pertuzé, Toulouse, éditions Loubatières, 1990, (ISBN 2-86266-147-3)
  20. Musée dauphinois, Grenoble.
  21. http://doc.rero.ch/record/217746/files/1919-04-07.pdf
  22. (pt) Maria Graciete Carramate Lopes et Roseli A. Figaro Paulino, « Discurso E Formação De Valores Nas Canções De Ninar E De Roda », Université de São Paulo - Société brésilienne interdisciplinaire de communication, (consulté le ) : « ♫Nana neném/que a cuca vem pegar/papai foi pra roça/mamãe foi trabalhar (« Dors petite / gare à la Cuca qui vient te chercher / papa est allé à la campagne / maman est allée travailler ») »
  23. Millman, Lawrence, and Timothy White. A Kayak Full of Ghosts Eskimo Tales. Santa Barbara: Capra Press, 1987. (ISBN 0-88496-267-9)
  24. (en) Aref Abu-Rabia, Indigenous Medicine Among the Bedouin in the Middle East, Berghahn Books, (ISBN 978-1-78238-690-2, lire en ligne)
  25. Mouloud Feraoun, « La source de nos communs malheurs », lettre ouverte à Albert Camus, revue Preuves, no 91, septembre 1958, p. 72-75.
  26. Fanny Colonna et Loïc Le Pape, Traces, désir de savoir et volonté d'être : L'Après-colonie au Maghreb, Actes Sud, 2010, 476 p. (ISBN 2742791329), p. 266.
  27. Camille Lacoste-Dujardin, Contes de femmes et d'ogresses en Kabylie, Karthala, 2010, p. 113
  28. Samira Douider, « Deux mythes féminins du Maghreb : la Kahina et Aïcha Kandicha », Recherches & Travaux, no 81,‎ , p. 75–81 (ISSN 0151-1874, DOI 10.4000/recherchestravaux.547, lire en ligne, consulté le )
  29. a et b La Psychiatrie de l'enfant, Volumes 30 à 31, Presses Universitaires de France., 1987, l'Université de Californie, 17 oct. 2008
  30. (de) Baessler-Archiv, D. Reimer, (lire en ligne)
  31. (en) Gerda Sengers, Women and Demons: Cult Healing in Islamic Egypt, BRILL, (ISBN 978-90-04-47598-4, lire en ligne)
  32. Robert Chaudenson, « G 20 : le Bonhomme Sounga de l'Élysée. », sur Club de Mediapart (consulté le )
  33. https://www.insider.com/nightmare-before-christmas-oogie-boogie-racist-2020-12
  34. https://screenrant.com/rise-of-guardians-voice-cast-character-guide/
  35. https://ew.com/recap/heroes-sylar-feels-guilty/
  36. https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/cinema/john-wick-2-indestructible-keanu-reeves-21-02-2017-6697515.php
  37. « - Laurie : Vous croyez que c'était le croque-mitaine ?
    - Dr Loomis : Il n'y a pas le moindre doute c'était bien le croque-mitaine ;
  38. https://www.cinematheque.qc.ca/en/news/horreur-qui-a-peur-du-croque-mitaine/
  39. (en) Karen Leederpublished, « We asked an Oxford Professor what Rammstein's new album Zeit is all about, and learned a lot », sur loudersound, (consulté le )
  40. « Rammstein dévoile les images de "Angst" », sur RTBF, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes