Système | |
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Comprend |
Nom latin |
Digiti manus |
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MeSH |
D005385 |
TA98 |
A01.1.00.030 |
TA2 |
150 |
FMA |
9666 |
Les doigts (prononcé [dwa][1]) sont les extrémités articulées des mains de l'être humain et de certains animaux — l'expression courante « doigts de pied » désigne les orteils. La présence de doigts caractérise le clade des tétrapodes.
Le substantif masculin[2],[1] « doigt » est issu du latin vulgaire[2] *ditus[1], lui-même issu du latin classique digitus[2],[1].
Dans les lacs et fleuves de la période dévonienne, il y a 360-408 millions d'années, les tétrapodes (par exemple Acanthostega) émergent des poissons et commencent la conquête de la terre ferme, en « inventant » la quadrupédie, mode de locomotion terrestre initial largement privilégié[4]. Les membres des fossiles de tétrapodes aquatiques présentent une polydactylie à 8, 7, 6 ou doigts. Ces tétrapodomorphes perdent en effet les rayons dermiques de leurs nageoires lobées paires au profit de doigts armés de phalanges qui leur permettent de supporter leur poids en eau peu profonde ou pour de courts trajets sur terre. La morphologie et la disposition des os présents dans les nageoires pectorales auraient permis un support du poids du corps sur le substrat par l'augmentation de plans de flexibilité, « avec des mouvements possibles au niveau de la jonction humérus-radius/ulna et de la jonction radius/ulnare/intermedium-radiaux distaux ». « La terrestrialisation des tétrapodes, sans doute survenue seulement au Carbonifère inférieur, représente donc une exaptation à partir de structures permettant initialement une locomotion aquatique d’un type particulier[5] ».
Les cinq doigts de la main sont :
Ils sont ordonnés, en numération romaine, de I à V à partir du pouce. En musique — piano, guitare, violon, etc. —, pour indiquer le doigté sur une partition, ils sont numérotés en chiffres arabes (1 à 5).
Un doigt est composé de trois phalanges, sauf le pouce et le gros orteil, qui n'en ont que deux[12]. Il s'agit, en partant de la paume, de la phalange, la phalangine[13] et de la phalangette[14].
C'est sur cette dernière que pousse l'ongle. Cette phalange est très innervée, ce qui donne une grande sensibilité au doigt, essentiellement au niveau de la pulpe — l'extrémité charnue du doigt — comprenant un grand nombre de récepteurs tactiles entre autres. Les ridules qui sont à l'origine de notre empreinte digitale jouent un rôle important d'amplification des sensations de grain et de texture dans l'exploration des objets que nous touchons. Quand la peau du bout du doigt caresse une surface, les ridules provoquent des micro-vibrations détectées par le système nerveux et interprétées par le cerveau (on a montré que c'était également possible avec une peau synthétique, qui amplifie les vibrations quand elle est couverte de fines rides)[15].
Les jonctions entre les os du doigt sont nommées articulations interphalangiennes. Celles entre les doigts et la paume de la main sont nommées articulations métacarpo-phalangiennes.
Les cinq « doigts de pied » sont nommés orteils[16].
Plusieurs malformations, la plupart d'ordre génétique, peuvent se manifester lors de la formation des doigts :
Jusqu'en 2011, les scientifiques expliquaient le phénomène des doigts et des orteils qui se rident sous l’effet de l’eau par la réduction de l'imperméabilité de la couche cornée (tratum corneum) de l'épiderme. L'eau, traversant cette couche protectrice, pénètre dans les cornéocytes qui gonflent par réaction osmotique. Comme les jonctions intercellulaires qui lient les cellules de la couche cornée aux couches épidermiques plus profondes gardent leur volume, la couche externe se plisse ; la peau des mains et des pieds étant plus épaisse (1 mm), dix fois plus que la couche du ventre ou du dos, elle absorbe donc jusqu'à dix fois plus d'eau et, de ce fait, donne des plissements bien marqués et cet aspect parcheminé caractéristique[17].
Depuis longtemps, les chercheurs ont constaté que ces rides ne se forment pas sur des doigts qui, après avoir été sectionnés, ont été greffés, ce qui suggère l'intervention du système nerveux sympathique qui provoque, sous l’effet de l’eau, la vasoconstriction cutanée. Cette réaction a pour effet de réduire le volume de tissus de la couche dermique alors que celui de la couche épidermique, non vascularisé, reste constant, ce qui fait friper la peau[18].
À partir de cette explication nerveuse (et non plus osmotique), des biologistes évolutionnistes exposent une nouvelle théorie sur la fonction des rides qui apparaissent sur les mains et les pieds humectés. En 2011, ils suggèrent que ces plis forment un réseau de canaux divergents qui augmenteraient la préhension des objets mouillés et améliorerait l’adhérence des extrémités sur un support humide, ce qui aurait pu donner un avantage adaptatif aux ancêtres de l'homme pour récolter de la nourriture dans des cours d'eau ou des végétaux humides[18].
En 2013, une étude semble apporter la preuve empirique : des volontaires ayant les doigts fripés mettent en moyenne 12 % de temps en moins pour attraper des billes de verre et des plombs de pêche que ceux qui avaient les mains sèches avant[19]. Cependant, une étude en 2014 ne parvient pas à reproduire ces résultats, rappelant les questions non résolues (comment expliquer que le phénomène de flétrissement se retrouve seulement chez les humains et les macaques ? Ou que ce phénomène se produit en présence d'eau froide, qu'il ne se produit pas lorsque l'apport de sang est coupé)[20].
L'ordre de formation des doigts, lors du développement du fœtus est le suivant : annulaire, auriculaire, majeur, index et enfin pouce.
Le rapport longueur de l'index sur longueur de l'annulaire moyen est plus important chez la femme (0,947 contre 0,965)[21].
Les doigts ne contiennent pas de muscles. Ils sont reliés par des tendons aux muscles intrinsèques de la main et extrinsèques (situés dans l'avant-bras et l'extrémité inférieure de l'humérus)[22].
La gestuelle des doigts et des mains constitue un véritable langage. Si beaucoup de gestes sont universels, leur signification par contre, est le plus souvent culturelle.
Une punition traditionnelle que l'on retrouve dans de nombreuses régions du monde (Europe, Asie, Afrique) consiste à frapper les doigts : le pouce, l'index et le majeur sont réunis et reçoivent les coups donnés par une règle, une baguette de bois souple ou un bambou. Ce type de punition était notamment utilisé en France et au Québec par les instituteurs dans la première moitié du XXe siècle.