Exxon Valdez
illustration de Exxon Valdez
L’Exxon Valdez échoué.

Autres noms Exxon Mediterranean
Sea River Mediterranean
S/R Mediterranean
Mediterranean
Dong Fang Ocean
Oriental Nicety
Type pétrolier puis
minéralier
Histoire
Chantier naval National Steel and Shipbuilding Company, San Diego
Quille posée
Lancement
Mise en service
Statut détruit en 2012
Équipage
Équipage 21
Caractéristiques techniques
Longueur 300 m
Maître-bau 50 m
Déplacement 214 862 t
Tonnage 110 831 tjb
Propulsion Diesel lent, 1 hélice
Puissance 23,6 MW
Vitesse 16,25 nœuds
Caractéristiques commerciales
Capacité 235 000 m3 de brut
Carrière
Propriétaire Hong Kong Bloom Shipping Ltd (d)
Armateur Exxon Shipping Company (1986–1989)


SeaRiver Maritime (1989–2008)
Hong Kong Bloom Shipping Ltd. (2008–2012)

Affréteur International Marine Transportation Ltd.
Pavillon Îles Marshall
Port d'attache Philadelphie
Indicatif V7HS3
MMSI 356270000
IMO 8414520

L’Exxon Valdez est un pétrolier américain qui s'échoua en 1989 sur la côte de l'Alaska et provoqua une importante marée noire. L'échouement de ce navire, alors propriété de Exxon Shipping Company, et ses conséquences environnementales eurent un grand retentissement aux États-Unis et entraînèrent des modifications significatives de la législation américaine sur le transport maritime, en particulier de pétrole.

Circonstances de l'échouement

Le vers 21 h 30 le pétrolier Exxon Valdez quitte le terminal de Valdez en Alaska, il vient de charger 180 000 tonnes de pétrole brut extrait du gisement de Prudhoe Bay. C'est un navire récent (2 ans) à simple coque. C'est son 28e voyage, le pilote débarque vers 23 h 20.

Carte des lieux et DST.

Le pétrolier doit faire route vers le sud en empruntant la voie descendante du dispositif de séparation de trafic en direction du détroit du Prince William. Le navire progresse de nuit dans un détroit dont la largeur atteint environ 4 milles marins au niveau du lieu de l'échouement. Afin d'éviter des bourguignons[note 1], le commandant Joseph Hazelwood demande aux garde-côtes (chargés du contrôle du trafic à terre) l'autorisation d'incliner la route du pétrolier vers l'est en empruntant ainsi la voie montante du chenal. Cette permission lui est accordée car aucun navire ne circule alors sur cette voie. Le pétrolier prend un cap vers l'est qui devra obligatoirement être corrigé pour éviter la zone de hauts-fonds qui déborde la côte plus au sud.

Le commandant Hazelwood veut effectuer la correction du cap, qui ramènera le pétrolier dans le chenal descendant, à la hauteur du phare de l'île Busby. Mais deux minutes avant que ce point soit atteint, il abandonne la passerelle pour une raison inexplicable dans de telles circonstances (moment délicat pour la navigation), après avoir transmis cette consigne au troisième officier Gregory Cousins qui reste alors le seul officier chargé de la navigation[1]. Dans des circonstances aujourd'hui toujours mal éclaircies, le navire dépasse l'île Busby et au lieu de rejoindre le rail descendant à l'ouest continue vers l'est en se rapprochant de la zone de hauts-fonds. Le centre de contrôle du trafic maritime ne détecte pas l'erreur de navigation du navire.

À h 4 le , le pétrolier s'échoue à la vitesse de 12 nœuds sur le banc Bligh Reef à 4 milles au sud de l'île Busby. Le banc est couvert par 9 mètres d'eau alors que le navire a un tirant d'eau d'environ 17 mètres[2]. La vitesse alliée à la nature rocheuse du haut-fond entraînent une déchirure de la coque sur toute sa longueur. Immédiatement après l'échouement, le commandant revient sur la passerelle et tente en vain de déséchouer le navire, action qui aurait pu entraîner des dommages supérieurs (éventuellement le naufrage du navire) si elle avait réussi.

Enquête

Conséquences

Nettoyage de la côte après la marée noire causée par le pétrolier Exxon Valdez.

L'échouement a endommagé 11 des 13 citernes du pétrolier et provoqué le déversement de 40 000 tonnes de pétrole brut. Plus de 7 000 km2 de nappes polluèrent 800 km de côtes (2 000 km avec tous les îlots et échancrures).

Des dizaines de milliers de bénévoles et des moyens sans précédent sont mobilisés (1 400 navires, 85 hélicoptères et 11 000 personnes) pour sauver oiseaux et mammifères marins, et nettoyer le littoral plage après plage.

Les conséquences sur l'avifaune sont considérables : les hydrocarbures échappés de l'Exxon Valdez sont responsables de la mort d'environ 300 000 oiseaux, dont seulement 30 000 ont pu être récupérés[5]. À titre de comparaison, le naufrage de l'Erika dix ans plus tard, au large des côtes françaises et britanniques, conduit à la disparition de 115 000 à 150 000 individus (principalement des "Macreuses noires, des Eiders à duvet, des Plongeons imbrins, des Grèbes à cou noir et bien d'autres [...]" selon Gilles Bentz, président de la chaîne LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) de l’Île-Grande .

Un procès est engagé par l’administration américaine, des associations et des particuliers contre Exxon, qui se retourne vers ses assureurs.

Dans les actions judiciaires engagées, de nombreuses accusations seront portées contre le commandant : consommation d'alcool avant l'embarquement, manque d'encadrement de son équipage, tentatives dangereuses de déséchouement du navire, etc.

Le groupe pétrolier ExxonMobil (à l'époque Exxon, l'accident ayant eu lieu avant la fusion d'Exxon et Mobil) a dépensé plus de 3,4 milliards de dollars pour nettoyer les côtes et les fonds pollués, pour dédommager plus de 30 000 pêcheurs et professionnels locaux et pour mettre terme aux poursuites judiciaires[6]. La catastrophe pétrolière de l'Exxon Valdez fut la plus chère de l’Histoire jusqu'à la marée noire du golfe du Mexique de l'été 2010 causée par l'explosion de la plateforme BP Deepwater Horizon avec une facture s'élevant à 42,4 milliards de dollars pour BP[7].

En , le jugement définitif de la Cour Suprême des États-Unis a été rendu, la somme des dommages et intérêts à payer par Exxonmobil a été réduite à 500 millions de dollars.

L'accident a incité les États-Unis et d'autres pays à imposer des normes plus strictes aux pétroliers naviguant dans leurs eaux. L'année 2010 marquera l'aboutissement du plan de l'ONU pour le retrait progressif des pétroliers à simple coque, qui n'ont qu'une paroi métallique entre leur cargaison et l'océan. De meilleurs radars et l'utilisation plus fréquente de la navigation par système de positionnement par satellite ont également permis de réduire les risques[8].

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Évocations dans la culture populaire

Notes et références

Notes

  1. Le bourguignon (growler, en anglais) est un petit iceberg d'une hauteur émergée inférieure à 1 mètre et d'une largeur de moins de 5 mètres, qui est invisible au radar.

Références

  1. a et b Transcription du neuvième appel devant la Cour Suprême des États-Unis
  2. [PDF] Rapport au président des États-Unis (1989) « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  3. Transcription du neuvième appel devant la Cour Suprême des États-Unis (2007)
  4. (en) Site de l'OMI
  5. Alain Miossec, Géographie des mers et des océans, Rennes, PUR, , 494 p., p. 93
  6. A. Panizzo (avec AFP), « Exxon Valdez : des dommages « punitifs » revus à la baisse », sur Le Figaro, (consulté le ).
  7. « Deepwater Horizon : BP obtient l'arrêt des paiements », sur Le Monde, (consulté le ).
  8. National Geographic France, avril 2009

Annexes

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes