Le Fashion Pact est une série d'engagements en matière d'écologie que signent plusieurs entreprises de la mode en 2019 afin de réduire leur impact environnemental.
En , dans la continuité du One Planet Summit[1], le président français Emmanuel Macron charge François-Henri Pinault de mobiliser les entreprises du luxe autour des bonnes pratiques environnementales[2]. Il s'agit « de mettre de l’ordre dans des initiatives dispersées »[1].
La mesure est présentée le 13 mai lors du Copenhague Fashion Summit par Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre de la transition écologique et solidaire ; celle-ci précise que la mode reste « le deuxième secteur industriel le plus polluant au monde »[2]. La Fondation Ellen MacArthur a évalué en 2017 les impacts de la mode mondiale : sa production crée plus de gaz à effet de serre que le cumul ds transports aériens et maritimes[3]. De plus, la mode est aussi responsable de pollution de l’eau, de rejets de microplastiques dans les océans ainsi que d'usage de pesticides[3]. En parallèle, d'autres secteurs industriels sont concernés par ce type de mesures et d'engagements, tel l'agroalimentaire[2]. Deux jours plus tard, François-Henri Pinault s'exprime devant 1 700 personnes liées à l’industrie de la mode. « Nous devons construire une coalition d’entreprises de mode prêtes à adopter une plate-forme d’objectifs de développement durable »[2].
À la suite de cette prise de conscience, les entreprises signataires s'engagent sur de « bonnes pratiques » pour réduire l’impact environnemental lors de la production de leurs produits, mais également pour la distribution, avec un calendrier théoriquement défini[2]. François-Henri Pinault fait signer un « Fashion Pact » à 32 groupes ou marques de mode, sport, fast fashion ou luxe[n 1], avec des orientations sur le changement climatique, la biodiversité et les océans.
Le Fashion Pact est présenté le 23 août à l'Élysée[6],[7] mais surtout devant les chefs d'État réunis au G7 à Biarritz le 26 août[4],[5].
Finalement, 16 axes stratégiques composent trois domaines d’action[5] : le respect de la biodiversité, la protection des océans et la limitation de l’impact climatique[4]. Parmi ceux-ci, « l’absence d’émission de gaz CO2 d’ici 2050, soutenu notamment par le recours à 100 % à des énergies renouvelables sur l’ensemble de la chaine d’approvisionnement d’ici dix ans ou encore à plus court terme, la suppression des plastiques à usage unique ou l’abolition de matériaux issus de l’élevage intensif »[4] mais aussi « privilégier les exploitations agricoles respectant l’écosystème naturel, la protection des espèces et la régénération des sols », avec également l'usage de programmes tels REDD+ pour vérifier les compensations carbone[1].
Se devant d'être en phase avec les impératifs de leurs clients, les entreprises du luxe et de la mode réagissent, autant par conviction écologique que nécessité pour leur stratégie économique[4]. L'abandon durant l'année 2018 de la fourrure animale ou de cuirs exotiques par certains va dans ce sens[4].
Ces engagements restent sans sanction ou mesure contraignante d'ordre réglementaire, comptant sur une régulation du marché par les consommateurs[1],[8],[n 2]. Si aucune ONG n'a été contacté pour l'élaboration du plan, plusieurs pourront « jouer un rôle dans l’évaluation des avancées du projet »[1]. Pourtant certaines de ces organisations, comme WWF ou Greenpeace par exemple, dénoncent « un écran de fumée » devant l'absence d'obligation pour ce « projet flou »[3]. Celles-ci demandent donc au contraire un cadre décisionnaire et législatif venant des États, sans intervention des entreprises privées qui sont à l'origine des problèmes[6],[3]. De plus, le Fashion Pact est estimé être construit sur des déclarations d'intention peu raisonnables, certaines ayant pour échéance l'horizon 2050 voire pas de date définies et aucun détail des actions à mener n'est indiqué[6]. De plus, ni le volet de la relocalisation, ni les problèmes de la fast fashion ou la multiplication des collections[6], ni encore l'économie circulaire[7] ne sont soulevés.
Enfin, l'absence remarquée de LVMH crée une faille dans le pacte. Antoine Arnault s'en explique fin septembre : « LVMH n'est pas un groupe de fashion. Ceci n'est qu'une part de nos activités. Et, deuxièmement, parce que beaucoup de ces sociétés [signataires] sont dans la fast fashion. Or, nous n'avons rien à voir avec la fast fashion[7]. »