Henri Fayol.

Le fayolisme est une théorie développée par Henri Fayol, ingénieur des mines, directeur d'un groupe d'entreprises minières de 10 000 personnes entre 1888 et 1918.

Cette théorie est formalisée dans l'ouvrage qu'il écrit vers la fin de sa vie : L'Administration industrielle et générale publiée chez Dunod en 1916. Les idées qu'il développe connaissent un succès immédiat auprès des dirigeants d'entreprises et des hommes politiques.

Le succès est plus mitigé auprès des ingénieurs et des associations savantes dirigées par des polytechniciens. Ceux-ci sont plus intéressés par les réflexions portant sur les activités de production : ils estiment pour leur part que les idées de Fayol sont « trop générales » et leur préfèrent celles de Taylor qui formalise l'organisation scientifique du travail dans sa brochureThe Principles of Scientific Management.

Ceci explique en grande partie qu'après sa mort, les idées de Fayol connaissent un déclin relatif. Pourtant, à partir de 1925, l'auteur anglais Lyndall Urwick va contribuer à les remettre au premier plan et les introduire aux États-Unis, où Fayol est considéré comme un des auteurs « classiques » du management.

Aujourd'hui, Fayol est le pionnier français le plus connu des théories sur l'organisation formelle de l'entreprise. Il est le contemporain — et à certains égards le rival — de Frederick Winslow Taylor, initiateur américain de l'organisation scientifique du travail (O.S.T.).

La pensée de Fayol en management

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Pour Fayol, le chef est l’élément clé d’une bonne gestion. Il est le responsable du succès de l’entreprise. En cas d’échec, il doit démissionner.

Les sept qualités du grand chef d'entreprise

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Les chefs d'entreprise doivent posséder des qualités spécifiques. Ce ne sont pas des qualités innées. Elles s'acquièrent par l'expérience et par la formation. Ceci signifie qu'on n'est pas chef par la naissance, parce qu'on a hérité de la propriété de l'entreprise. Être chef d'entreprise se mérite. Voici les qualités du chef d'entreprise que Fayol énumère :

Fayol introduit donc l’idée qu’on sélectionne les futurs dirigeants en fonction de leurs qualités.

Que se passe-t-il si un dirigeant n’a pas toutes les qualités requises ? Il doit s’appuyer sur des spécialistes (« État-major ») et s’aider d’outils de gestion (« outillage administratif »).

L'étendue du contrôle

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Un chef ne peut contrôler qu'un petit nombre de personnes, de 5 à 10. Ce concept a été nommé ensuite « l'étendue du contrôle » (span of control). L'étendue du contrôle détermine le nombre de niveaux hiérarchiques en fonction de la taille de l'organisation.

Les cinq éléments d'administration

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Pour Fayol, un chef d'entreprise accomplit 5 choses qu'il nomme « éléments d'administration ».

Les outils de gestion

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L’« outillage administratif », les outils de gestion, sont des pratiques qui facilitent la gestion.

Les 14 principes généraux d'administration

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Fayol exprime sa pensée sous forme de « principes » qui constituent les axiomes d’une théorie. Il énonce 14 principes généraux d'administration. Son but est de se rapprocher de la forme des sciences physiques de son époque. Ce sont des guides pour ce que doit faire le chef d'entreprise[1].

Les particularités de la pensée de Fayol

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Le contexte historique

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Nous sommes en 1884. L'année de Germinal. L'armée réprime la grève de Denain en tuant plusieurs manifestants

En 1882 Christophe Thivrier est élu maire de Commentry, la petite ville de l'Allier dont Fayol prendra la direction des mines. Les troubles sociaux dont les mines étaient l'objet cessent alors. Stéphane Mony meurt le 10 mars 1884, la direction sera transitoirement tenue par Anatole de Sasseval jusqu'au 3 mars 1888 où il démissionne, remplacé alors par Fayol[2].

Fayol et Taylor

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Fayol a commencé à élaborer sa théorie vers 1890. Il l’a exposé dès 1900. Taylor (1856-1915) a publié la sienne au même moment[3].

Ils sont donc contemporains, mais ils s'opposent sur la direction fonctionnelle. Taylor n’a pas lu Fayol mais Fayol a lu Taylor dès 1913. Il a détecté que la notion de direction fonctionnelle est contradictoire avec sa théorie de la hiérarchie. Sa pensée à ce sujet a évolué. Il a accepté la direction fonctionnelle, à la condition que les domaines de responsabilité soient clairement définis, en 1913 et en 1925. Mais dans son ouvrage de 1916, il s’est opposé violemment à la notion de direction fonctionnelle. En 1925, il accepte la création du CNOF (Conseil national de l’organisation française) réunissant ses disciples avec les tayloriens français. Fayol en tant que directeur de mine s’est intéressé au travail de ses ouvriers. Il discutait des diverses manières d’effectuer le travail. Il choisit entre les solutions possibles non en fonction de la cadence mais en fonction du prix de revient[4].

Fayol et Taylor sont aujourd’hui associés dans les cours sur les théories des organisations en tant que tenants d’une organisation formelle de l’entreprise.

Le vocabulaire de Fayol

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Les termes employés par Fayol (administration, outillage administratif, tableau d’organisation, etc.) n’ont pas été ceux retenus par les sciences de gestion. La popularité de sa méthode ayant été faite par les Business School Américaines à partir d'une traduction assez sommaire et discordante, son texte est apparu difficile à comprendre aux anglophones. En particulier, tous les termes relatifs à la sociologie ont été gommés des deux versions anglophones. D'autres changements de vocabulaire affectent également les textes anglophones, comme le couple « bienveillance-dévouement » dans le rapport d'échange optimum entre chef et ouvrier qui fut remplacé par « gentillesse-loyauté ».

De plus, en raison de la carence de textes et travaux antérieurs aux siens sur la sociologie du travail et de l'absence d'une discipline du management, Fayol dut définir et nommer lui-même les éléments composant le paradigme qu'il étudie, comme un explorateur qui découvre une terre inconnue.

Au départ formé au management par Stéphane Mony, un disciple de Saint-Simon, Fayol s'inspire du Positivisme d'Auguste Comte pour fonder sa doctrine de l'administration.

La guerre de 1914-1918

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Fayol a évoqué ses pensées dès 1900 et personne ne l’écoutait. Son texte de 1916 connaît un très grand succès, alors qu’il n’est guère plus complet. Le public français ayant subi deux années d’échecs militaires accueille une œuvre qui dit, de manière abstraite, que la responsabilité en incombe à une hiérarchie qui s’est montré incompétente, imprévoyante, incapable de coordonner ses actions et de respecter ses hommes. L’entreprise est perçue comme une métaphore de l’armée. La science de l’administration générale naît ainsi, au-delà de la distinction entre entreprises industrielles et organismes étatiques. [réf. nécessaire]

Postérité intellectuelle de Fayol

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L'Administration industrielle et générale a été traduit en anglais, en espagnol, en portugais, en italien, en allemand, en suédois, en polonais, en hébreu, en finnois, en letton, en tchèque, en grec, et en japonais. Son audience au début des années 1920 a été considérable.

Les questions posées par Fayol ont été poursuivies par d'autres chercheurs, même si ceux-ci ne se réfèrent pas à lui. En effet, les fayoliens transmettaient de manière dogmatique les leçons du maître en oubliant la dynamique de la recherche fondée selon Fayol sur les expériences vécues en entreprise. Cette méthode s’apparente à ce qui est nommé aujourd’hui « recherche-action ».

Le Britannique Lyndall Urwick fit beaucoup pour diffuser la pensée de Fayol dans le monde anglo-saxon. Il tenta d'approfondir la notion de « principes de gestion » pour fonder la gestion en tant que science déductive où toutes les recommandations d’une « bonne gestion » découleraient logiquement d’un petit nombre de principes fondamentaux. Néanmoins l'interprétation faite par Urwick met l'accent sur le besoin d'un contrôle (surveillance) des employés qui n'est pas la notion de contrôle (vérification) employée par Fayol[5].

Chester Barnard, ancien président de la New Jersey Bell Telephone Company, a apporté sa réflexion aux sciences de gestion en identifiant les fonctions du chef[6].

Luther Gulick a mis l’accent sur le concept d'étendue du contrôle. Les études empiriques montrent qu’il dépend de la diversité des tâches accomplies par les subordonnés[7].

Elliott Jaques a formulé l’idée que plus le niveau hiérarchique était élevé, plus long était le délai nécessaire pour constater l’incompétence des personnes.

Martin Beckmann a formalisé, avec des équations mathématiques, le fonctionnement des hiérarchies[8].

Henry Mintzberg et John Kotter ont mené des enquêtes sur le contenu concret du travail de chef. Ils mettent en évidence qu'il assure essentiellement des tâches de communication, tâches de très courte durée[9].

Octave Gélinier formule des règles d’une bonne coordination très fayoliennes[10].

Les actions dans une hiérarchie selon Fayol

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Actions du chef ultime

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Actions des cadres intermédiaires

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Actions des opérateurs

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Bibliographie

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Les œuvres de Henri Fayol

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Années 1870

Années 1900

Années 1910

Années 1920

Notes et références

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  1. Administration industrielle et générale (1916), Dunod, 1970, p. 19-46.
  2. Tsuneo SASAKI, « Fayol et la Comambault », Entreprises et Histoire,‎ , p. 8-28
  3. F.W. Taylor, La Direction des Ateliers, Dunod, 1913.
  4. Fayol H., « Note sur la suppression du poste de nuit dans le remblayage des grandes couches », Comptes rendus mensuels de la Société de l’Industrie Minérale, octobre 1882.
  5. Lyndall Urwick, The elements of administration, 1943.
  6. Barnard, The functions of the executive, 1938.
  7. Luther Gulick, «Notes on the theory of organization», dans Gulick et Urwick, Papers on the science of administration, 1937.
  8. Martin Beckmann, Tinbergen lectures on organisation theory, 1988.
  9. Henry Mintzberg, Le manager au quotidien, 1984, traduction de The nature of the managerial work, 1973. John Kotter, On what leaders really do, 1999.
  10. page 261 Octave Gélinier, Fonctions et tâches de la direction générale, 1963,

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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