Exemple de fracture des os de l'avant-bras, et réparation avec plaques vissées de l'ulna et du radius
Mauvaise soudure du fémur gauche d'un soldat confédéré blessé le 1863 (jambe traversée par une balle de plomb lors de la guerre civile américaine ; Source : Archives médicales militaires des États-Unis)

Une fracture (Fx) est une rupture partielle ou complète d'un os. Dans les cas plus graves, l'os peut être cassé en plusieurs morceaux[1].

Diagnostic

Les premiers éléments pouvant faire penser à une fracture sont :

Mais ces signes ne sont pas spécifiques et peuvent aussi indiquer un problème articulaire (entorse, luxation). À l'inverse, certaines fractures présentent des symptômes atténués, comme la fracture de l'enfant dite en « bois vert », ou une fêlure.

La radiographie est l'examen de choix pour démontrer la présence d'une fracture. Cependant, la radiographie peut passer à côté de certaines fractures, principalement les fractures récentes et sans déplacement. Il existe d'autre moyen de rechercher une fracture comme la scintigraphie ou la Tomodensitométrie (TDM, CT-SCAN).

Complications possibles

Complications immédiates

Complications différées

Très grande variété des fractures

Traumatologie

Médecine du sport

Tumeurs, maladies métaboliques, dysplasies osseuses

Enfant

Mécanisme

Conséquences

Sauf à proximité d'un organe vital ou en cas de fracture ouverte, la fracture d'un os n'est souvent pas en elle-même dangereuse.
Le danger provient :

Ces facteurs peuvent être sources de séquelles à moyen et long terme. Les progrès de la médecine d'urgence, de la radiologie et du traitement - éventuellement chirurgical - des fractures, de même que ceux de la rééducation fonctionnelle (Kinésithérapie), ont pour but de limiter les séquelles.

Lors d'une fracture se produit un hématome local.

initiation du processus réparatoire naturel

Une inflammation permet l'apport de macrophages qui vont initier la réparation[2]. Les cellules souches sont recrutées, se transformant en chondroblastes ou en ostéoblastes permettant la régénération osseuse[3]. Plusieurs facteurs de croissance sont impliqués, dont le VEGF[4]. Une étude (2018) a aussi montré que dans l'os, sa partie céramique (hydroxyapatite, minérale) génère au moment d'une microfracture osseuse une production piezzoélectrique (plus intense que celle du collagène et momentanément assez forte pour éclairer une ampoule électrique). Le champ électrique ainsi généré tue les cellules proches qui vont alors libérer dans l'organisme des substances chimiques qui vont attirer les cellules responsables de la réparation des microfractures. Des prothèses intégrant des matériaux à flexoélectricité similaire à celle des os pourraient être mieux et plus durablement acceptées par le corps humain[5].

Fractures selon l'anatomie topographique

Traumatisme craniocérébral

Dans le cas d'un traumatisme crânien, la rupture de l'os n'est pas en soi problématique, c'est l'atteinte neurologique qu'il faut craindre.

En effet, le choc à la tête peut provoquer une flexion violente du cou et donc un traumatisme des cervicales. Par ailleurs, il peut se produire une atteinte du cerveau même en l'absence de fracture. Il faut notamment craindre la formation d'un hématome qui peut comprimer une partie du cerveau.

Cela peut être révélé par l'examen neurologique :

Traumatisme thoracique

Article détaillé : Fracture costale.

La fracture d'une ou plusieurs côtes rend la respiration douloureuse, difficile. Elle peut entraîner une atteinte des poumons, et notamment un hémothorax (le poumon se remplit de sang) ou un pneumothorax (le poumon a une « fuite d'air » et ne peut plus jouer son rôle), qui peut mettre en jeu le pronostic vital.

Outre la douleur et la difficulté respiratoire, on peut avoir :

Épaule, ceinture scapulaire et humérus

Fracture de la clavicule

Fracture de clavicule (l'une des fractures les plus fréquentes)
Article détaillé : Fracture de la clavicule.

Cette fracture est extrêmement fréquente et intéresse environ 5 % des entrants aux urgences hospitalières. Elle a lieu le plus souvent au tiers moyen de la diaphyse. Elle peut survenir chez le nouveau-né à la suite d'un accouchement difficile (fracture obstétricale).

Bassin et membre inférieur

Cependant, le risque principal est hémorragique, le bassin étant un os spongieux bien vascularisé et entourés de tissus mous qui n'opposent pratiquement aucune résistance à la formation d'un hématome. La perte de sang peut atteindre 2 litres, ce qui peut provoquer de graves complications (choc hypovolémique).

Membres supérieurs et main

Traumatisme de la colonne vertébrale

La colonne vertébrale est le lieu où transite la moelle épinière, qui est une partie du système nerveux central, et les racines nerveuses, qui font partie du système nerveux périphérique. Un traumatisme de la colonne vertébrale peut mettre en danger ces structures et donc provoquer une altération de la sensibilité (fourmillements : paresthésies, absence de sensation : anesthésie, diminution de sensation : hypoesthésie) ou de la motricité (paralysie), qui peut être irréversible. Dans l'état actuel des connaissances médicales, on ne sait pas réparer les lésions neurologiques à ce niveau.

Dans certains cas, le traumatisme n'a pas provoqué de lésion de la moelle épinière, mais il rend la colonne vertébrale instable : en cas de mouvement, il peut y avoir création d'une lésion neurologique et donc de troubles de la motricité ou de la sensibilité.

Chez l'enfant, ou le sujet à un certain stade de croissance

Voir Traitement chirurgical des fractures et décollements épiphysaires de l'enfant

Soins

La fracture est un traumatisme devant être pris en charge par un médecin.

Avant l'arrivée des secours

Le principal risque est de bouger la victime : cela risque de faire bouger la fracture, et donc de provoquer ou d'aggraver une blessure interne. Il faut donc laisser la victime sur place (sauf nécessité d'un dégagement d'urgence), lui recommander de ne pas bouger et interdire à une autre personne de la faire bouger.

on soupçonnera toujours une atteinte des vertèbres cervicales (cou). Il faut alors, en attendant les secours, effectuer un maintien de tête : on se place à genoux dans l'axe du corps, du côté de la tête et en regardant vers les pieds, on pose ses avant-bras sur ses genoux et on maintient la tête de la victime dans la position où on l'a trouvée, en faisant attention de ne pas boucher les oreilles.

Si la victime tombe inconsciente (ne parle pas, ne réagit pas) mais respire (voir bilan), il faut la tourner sur le côté, en position latérale de sécurité (PLS), malgré les traumatismes supposés ; on tournera du côté qui est blessé. Ceci a pour but d'éviter à la victime de s'obstruer les voies respiratoires en cas de vomissement, qui ont lieu dans 90 % des cas lors de ce genre de traumatisme.

Si la personne n'arrive pas à bouger ses doigts ou ses orteils, il y a un risque de section de la moelle épinière. Il ne faut pas mobiliser la victime mais rester près d'elle et attendre les secours.

Prompts secours

Après s'être occupée des fonctions vitales, l'équipe de secouriste doit immobiliser le siège de la fracture afin d'éviter une aggravation du traumatisme lors des mouvements liés à l'évacuation (relevage, brancardage, éventuellement mise en PLS si la victime tombe inconsciente).

Il faut pouvoir observer directement la partie blessée, et notamment l'aspect de la peau, et détecter une éventuelle plaie. Il faut donc retirer les vêtements de la partie en cause. Si cela ne peut se faire sans mobiliser la victime, il faut découper les vêtements.

La contention (et non l'immobilisation) se fait en général par une pose d'attelle. Dans le cas d'un membre, il se peut que la pose d'attelle nécessite un réalignement de la fracture (réduction) ou une mobilisation de l'articulation ; cela se fera dans ce cas sous le contrôle d'une équipe médicale (ou paramédicale) et sous sédation.

Types de contention :

Pour un traumatisme à un membre, on tente d'enlever tous les objets (bague, bracelet, chaussure) avant que le membre ne gonfle ; on surveillera les extrémités : coloration, chaleur, pouls distant (radial ou pédieux).

Intervention orthopédique

Étapes de consolidation d'une fracture

La consolidation d'une fracture comporte plusieurs étapes[6].

  1. Les vaisseaux sanguins s'étant rompus lors de la fracture, il y a un hématome qui se forme.
  2. Une éclisse se constitue en joignant les extrémités de la fracture. De nouveaux capillaires sont en croissance, les tissus morts sont phagocytés. Des cellules de tissu conjonctif (matrice cartilagineuse, matrice osseuse, fibres collagènes) se massent: c'est un cal fibreux.
  3. Le cal fibreux est progressivement remplacé par le cal osseux: les ostéoblastes et les ostéoclastes se multiplient en migrant du périoste vers l'intérieur.
  4. Au bout de 6 à 8 semaines, le cal osseux est remanié pour devenir permanent et résistant. L'os est consolidé.

Autres

Plusieurs techniques ont été décrites afin d'accélérer la consolidation osseuse : stimulation électromagnétique, ultrasons de basse intensité... Leur efficacité est soit médiocre, soit sans preuve solide[7],[8].

Une alimentation riche en fruits et légumes semble (avec un niveau de preuve toutefois assez faible) améliorer la cicatrisation osseuse[9].

Notes et références

  1. Abel Katherine, Official CPC Certification Study Guide, American Medical Association, , 108 p.
  2. Claes L, Recknagel S, Ignatius A, Fracture healing under healthy and inflammatory conditions, Nat Rev Rheumatol, 2012;8:133–143
  3. Dimitriou R, Tsiridis E, Giannoudis PV, Current concepts of molecular aspects of bone healing, Injury, 2005;36:1392–1404
  4. Street J, Winter D, Wang JH, Wakai A, McGuinness A, Redmond HP, Is human fracture hematoma inherently angiogenic?, Clin Orthop Relat R, 2000;378:224–237
  5. « Des chercheurs découvrent un moyen de déclencher le processus de réparation osseuse », sur www.esanum.fr (consulté le )
  6. Elaine N. Marieb, Biologie humaine, Pearson Education, , 631 p. (ISBN 978-2-7613-2727-5), p. 136 - 137
  7. Busse JW, Kaur J, Mollon B, Bhandari M, Tornetta P 3rd, Schünemann HJ et als. Low intensity pulsed ultrasound for fractures: systematic review of randomised controlled trials, BMJ 2009;338:b351
  8. Mollon B, da Silva V, Busse JW, Einhorn TA, Bhandari M, Electrical stimulation for long-bone fracture-healing: a meta-analysis of randomized controlled trials, J Bone Joint Surg Am, 2008;90:2322-30
  9. Juliana E. Brondani, Fabio V. Comim, Liziane M. Flores, Lígia Araújo Martini, Melissa O. Premaor (2019) Fruit and vegetable intake and bones: A systematic review and meta-analysis| PLoS ONE 14(5) | May 31,2019 | https://doi.org/10.1371/journal.pone.0217223

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes