Henri Focillon
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Activité
conservateur du musée des beaux-arts de Lyon (1913-1924)
professeur à l'université de Lyon (1913)
professeur à l'École des beaux-arts de Lyon
professeur à la Sorbonne (1925)
professeur à l'université Yale (1932-1943)
professeur au Collège de France (1937-1941)
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Henri Focillon, né le à Dijon et mort le à New Haven (Connecticut), est un historien de l'art français, spécialiste de la gravure et de l'art du Moyen Âge.

Biographie

Fils du graveur Victor-Louis Focillon et de son épouse Anne (née Mongeot), Henri Focillon fait ses études secondaires au lycée Charlemagne, de 1893 à 1898, et poursuit en classes préparatoires de rhétorique au lycée Henri-IV, de 1898 à 1901, avant entrer à l’École normale supérieure. Il suit les cours d'histoire de l'art d'Henry Lemonnier à la Sorbonne. Après deux échecs, en 1904 et 1905, il est reçu — troisième sur vingt-quatre — à l’agrégation de lettres en 1906[2].

Il consacre sa thèse de doctorat (thèses principale et complémentaire) à Piranèse[3] et devient docteur ès-lettres en 1918.

Il est nommé en 1913 directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon, poste qu’il occupe jusqu’en 1924. Professeur d'histoire de l'art à l'université de Lyon, à l'école des beaux-arts de Lyon, suppléant d'Émile Mâle à la Sorbonne (1924), il devient professeur d'esthétique à la Sorbonne (1933), puis est élu professeur au Collège de France (1938)[4].

Il est également représentant de la France, aux côtés de Paul Valéry, à la commission des Lettres et des Arts de la Société des Nations (1925), au comité permanent des Lettres et des Arts de la SDN (1930), à l'Institut international de coopération intellectuel et à l'Office international des musées. Il est vice-président de la commission des arts plastiques et membre de la commission du cinématographe du ministère de l'Instruction publique (1932).

À partir de 1932, il enseigne régulièrement aux États-Unis (d'abord à l'université Yale, puis à l'université de New York, à Dumbarton Oaks, et dans le réseau de l'Alliance française), en collaboration étroite avec Marcel Aubert[5]. Il se lie avec l'élite des universitaires (Henri Peyre, Walter W. S. Cook, Charles Seymour, etc.) et des collectionneurs de la côte Est (Duncan Phillips, Robert Woods Bliss et Mildred Barnes Bliss, etc.), et s'y exile, contraint par la guerre, à partir de [6]. Son départ est aussi motivé par la mission confidentielle qui lui est confiée par les pouvoirs publics français, d'évaluer le poids des influences françaises et allemandes dans l'opinion américaine. Il fait ainsi le tour des universités et collèges américains (Rochester, Chicago, Madison, Salt Lake City, Berkeley, San Francisco, Santa Barbara, Los Angeles, Pasadena, Kansas City, Saint-Louis, Urbana, Oberlin College, New Haven, Baltimore, Washington) et donne une série de conférences en Amérique du sud[7].

Il apporte son soutien au général de Gaulle, dès , et s'engage fortement aux côtés des Forces françaises libres, en intervenant régulièrement dans des conférences et à la radio américaine[8]. Il est président d'honneur de l'École libre des hautes études, fondée à New York par les intellectuels français en exil (avec Gustave Cohen, Jacques Maritain, Alexandre Koyré, Roman Jakobson, Claude Lévi-Strauss, etc.)[9].

Sommé de rentrer en France par le gouvernement de Vichy, alors même que son ministre de tutelle est l'un de ses amis proches et anciens condisciples de l'École normale supérieure, Jérôme Carcopino[10], il est déchu de son poste au Collège de France en 1942.

Vie privée

En 1921, il épouse Marguerite Castell.

Notoriété et postérité

Figure tutélaire de l'histoire de l'art, Henri Focillon a interrogé des champs aussi variés[11] de la discipline que l'art médiéval (peinture romane, architectures romane et gothique), la Renaissance et l'époque classique (Piero della Francesca, Raphaël, Benvenuto Cellini, Rembrandt, Tiepolo, Piranèse), la peinture de son temps (Max Liebermann, Cuno Amiet, Edwin Scott, John La Farge), la préhistoire ou encore l'art japonais.

Souvent plébiscité en tant que médiéviste, il fut un théoricien de grande envergure (voir Vie des formes et Éloge de la main)[12] et un commentateur sagace de l'art de son temps, étudiant des longitudes éloignées et examinant avec pénétration ses contemporains[13]. Ses principaux ouvrages, en tant que médiéviste sont L'Art des sculpteurs romans : recherche sur l'histoire des formes (Paris : E. Leroux, 1931), Vie des formes (Paris : E. Leroux, 1934) et Art d'Occident : le Moyen Âge roman et gothique (Paris : A. Colin, 1938).

Son ouvrage sur Piero della Francesca est édité par ses élèves après sa mort, à partir de ses notes de cours[14].

Une bibliographie de ses écrits a été dressée après sa mort par son ancien assistant à la Sorbonne, Louis Grodecki[15],[16].

Poète et pédagogue hors pair, Henri Focillon a eu une influence profonde sur les historiens de l'art qu'il a formés, parmi lesquels Jean Ache, Jean Adhémar, Maurice Allemand, Jurgis Baltrusaitis (son gendre), Germain Bazin, Jean Bony, Wanda Bouleau-Rabaud, André Chastel[17], Suzanne Damiron, Sirarpie Der Nersessian, Gaston Diehl, Bernard Dorival, Georges Gaillard, Louis Grodecki, Richard Hamann McLean, René Huyghe, René Jullian, Mathieu-Georges May, Herbert Muller, Jean Prinet, John Rewald, Francis Salet, Claude Schaefer, Charles Sterling, Jean Taralon, Francis Henry Taylor (directeur du Metropolitan Museum of Art), Gérald Van der Kemp, Jacques Vanuxem, Philippe Verdier, Pierre Verlet, Daniel Wildenstein et Jacques Wilhelm à la Sorbonne, James Sloss Ackerman, S. Lane Faison, George Heard Hamilton, Sumner McKnight Crosby, George Kubler, Charles Seymour Jr. à Yale.

Deux sociétés jumelles portant son nom, la Henri Focillon Society à Yale et la Société Henri Focillon à Paris, ont été fondées après sa mort par ses élèves pour maintenir vivant son enseignement, recenser ses travaux[15] et assurer la publication de ses ouvrages qui n'étaient pas encore parus[18] et celle des travaux de ses élèves[19].

En 2024, ses archives sont intégrées aux collections de l'Institut national d'histoire de l'art[20].

Bourse Focillon

Une bourse porte son nom. Elle a été instituée en 1947 pour permettre aux historiens français de l'art de voyager aux États-Unis pendant un trimestre. Elle est attribuée tous les ans alternativement à un enseignant-chercheur et à un conservateur. On compte parmi les lauréats Louis Grodecki (1948), André Chastel (1949), Jean Bony (1949), Jacques Thuillier (1955 (non effectué) et 1970), Michel Laclotte (1957), Jacques Guillerme (1959), Pierre Rosenberg (1961), Yves Bottineau (1964), Antoine Schnapper, Jacques de Caso, Françoise Cachin, Jean-Patrice Marandel (1968), Roland Recht (1972), Pierre Georgel (1973), Jacques Foucart (1974), Barthélemy Jobert (2000)[21].

Hommages

De 1953 à 1963, la chaire occupée par Sirarpie Der Nersessian à Harvard/Dumbarton Oaks porta le nom d'Henri Focillon[22].

Son nom a été donné à la bibliothèque de l'Institut français de Buenos Aires[23].

Publications

Histoire de la peinture

Histoire de l'estampe

Art de l'Extrême-Orient

Histoire de l'art médiéval

Autres publications

Direction de publications et revues

(D'après la liste établie par H. Focillon dans ses Titres et travaux, 1937)

Notes et références

  1. « Les archives de Henri Focillon intègrent les collections de l’INHA » (consulté le )
  2. Selon les notes biographiques de l’édition établie par Lucie Marignac, Henri Focillon, lettres d’Italie : correspondance familiale 1906-1908, Paris, Gallimard, 1999, p. 169 sqq.
  3. Giovanni-Battista Piranesi (1720-1778), Paris : H. Laurens, 1918.
  4. Christophe Charle, « 35. Focillon (Henri, Joseph) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 2, no 2,‎ , p. 80-82 (lire en ligne, consulté le ).
  5. Institut national d'histoire de l'art, archives Marcel Aubert.
  6. Henri Focillon, lettres d’Italie, éd. cit.
  7. C. Briend et A. Thomine (éd.), La Vie des formes : Henri Focillon et les arts, Lyon-Paris, musée des Beaux-Arts de Lyon-INHA, 2004, p. 34.
  8. Contributions de François-René Martin, Annamaria Ducci et Alice Thomine, in Actes du colloque international Henri Focillon, Lyon, 13 mars 2004.
  9. F. Chaubet et E. Loyer, « L'École libre des hautes études de New York : exil et résistance intellectuelle (1942-1946) », Revue historique, t. 302 (616), décembre 2000, p. 939-972.
  10. J. Carcopino et H. Focillon, « Inscriptions latines d'Afrique », Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, XXII (1904), p. 190-216 et H. Focillon « Un grand historien français : Carcopino. Normand, corse et romain », Les Nouvelles littéraires, Paris, 4 mars 1939, p. 1-6.
  11. Voir notamment les titres liés à la notice d’autorité établie par la BnF.
  12. Giulio Angioni cit. p. 33-37.
  13. Colin Lemoine, Henri Focillon et la peinture au XIXe siècle : la langue de l’espace, Actes du colloque international Henri Focillon, Lyon, 13 mars 2004.
  14. Piero della Francesca, Paris, Armand Colin, coll. « Henri Focillon », 1952.
  15. a et b L. Grodecki, Bibliographie Henri Focillon, New Haven : Yale University Press, 1963.
  16. Pour une bibliographie complète de Focillon, voir : Projet BCAF, « Notice bibliographique de Henri Focillon », sur critiquesdart.univ-paris1.fr, (consulté le ).
  17. S. Chauffour, S. Frommel, M. Hochmann, André Chastel (1912-1990) : histoire de l'art et action publique, Paris : INHA, 2013.
  18. Témoignage pour la France, New York : Brentano's, 1945 ; L'An Mil, Paris : A. Colin, 1952 ; Piero della Francesca, Paris : A. Colin, 1952.
  19. J. Baltrusaitis, Le Moyen Âge fantastique : antiquités et exotismes dans l'art gothique, Paris : A. Colin, 1955 ; L. Grodecki, Au seuil de l'art roman : l'architecture ottonienne, Paris : A. Colin, 1958.
    Voir INHA, Archives Louis Grodecki.
  20. Hocine Bouhadjera, « Les archives de Henri Focillon intègrent les collections de l’INHA » Accès libre, sur ActuaLitté.com, (consulté le )
  21. Comité français d'histoire de l'art/Bourse Focillon.
  22. Dictionary of Art Historians, notice sur Sirarpie Der Nersessian.
  23. R. Couture de Troismonts, « Les bibliothèques françaises d'Argentine », Bulletin des Bibliothèques de France, 1958, n° 10.

Annexes

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Bibliographie

Article connexe

Liens externes