Naissance |
Rouvres-la-Chétive |
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Décès |
Toulouse |
Sépulture | Cimetière de Terre-Cabade |
Nationalité | Française |
Formation | École nationale vétérinaire de Lyon |
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Profession | Vétérinaire, biologiste et parasitologue (d) |
Distinctions | Chevalier de la Légion d'honneur (en) et prix Gegner de l'Académie des sciences morales et politiques |
Jean-Joseph Henry Toussaint, né le à Rouvres-la-Chétive dans les Vosges et décédé le à Toulouse, est un vétérinaire et médecin français.
Il étudia le bacille du choléra des poules, alors connu depuis quelques années, et proposa des procédés de vaccination contre le charbon, notamment par atténuation de la virulence à l'aide d'un antiseptique (phénol), ce qui donne lieu à des accusations de plagiat par Pasteur, qui, sans le révéler, utilise lui aussi un antiseptique (le bichromate de potassium) lors de la célèbre expérience de Pouilly-le-Fort[1],[2],[3],[4],[5],[6].
Né le dans un petit village des Vosges, Rouvres-la-Chétive, Henry Toussaint est le fils d'un menuisier et d'une brodeuse.
En octobre 1865, il commence ses études à l'École vétérinaire de Lyon. Il est alors l'élève d'Auguste Chauveau. En 1869, il y obtient son diplôme de vétérinaire. Quelques mois après, il exerce dans son école comme vétérinaire jusqu'au mois de novembre 1876. En même temps, il concourt à l'École vétérinaire de Toulouse et passe le baccalauréat pour pouvoir postuler à un poste d'enseignement[12]. En décembre 1876, il est nommé professeur d'anatomie, de physiologie et de zoologie à l'École vétérinaire de Toulouse, chaire qui devint plus tard celle de physiologie et de thérapeutique. Il passe un doctorat ès sciences à Lyon et simultanément son doctorat en médecine. Ce dernier grade lui permet d'être nommé professeur de physiologie à l'École de médecine de Toulouse en 1878. À partir de 1881, sa santé décline ; il est atteint d'une maladie neurologique dont le diagnostic exact ne fut jamais établi avec certitude. Les facultés intellectuelles d'Henri Toussaint se détériorent progressivement, il est mis en disponibilité le .
Le ministère de l'Agriculture, reconnaissant les services rendus à la science, lui attribue une généreuse allocation annuelle. Malgré son état de santé, les sociétés savantes de son époque ne l'oublient pas : elles se montrent également généreuses en lui accordant plusieurs prix : prix de la fondation Montyon (physiologie expérimentale, médecine et chirurgie), prix de la fondation Bréant décerné par l'Académie des sciences (1877, 1880, 1881), prix Barbier décerné par l'Académie de médecine (1882), prix Vaillant (1883), prix de Behague par la Société nationale d'agriculture (1885), prix Gegner (1889)[13].
Grâce à ces divers concours, il est sauvé de la misère et un traitement décent peut lui être assuré à la fin de ses jours[13].
Il meurt à 43 ans, le , après neuf ans de maladie.
Henry Toussaint est enterré dans le cimetière de Terre-Cabade, à Toulouse. Sa tombe qui porte un médaillon sculpté à son effigie est malheureusement très détériorée.
Henry Toussaint, vétérinaire et jeune professeur à l'Ecole vétérinaire de Toulouse, fait des recherches sur le bacille charbonneux. Il prend comme point de départ les travaux de Casimir Davaine qui avait présenté de nombreux articles à l'Académie des sciences sur cette maladie[16].
À partir de 1877, Toussaint présente deux communications qui sont lues par M. Bouley, inspecteur général des Écoles vétérinaires [17] à l'Académie des sciences[18],[19].
Cette année-là, Toussaint présente de nombreuses communications à l'Académie des sciences, toujours lues par M. Bouley.
Le , Toussaint y présente un nouvel article sur le charbon [20]. Il présente des preuves de la nature parasitaire du charbon et montre que les lésions de la maladie sont identiques chez le lapin, le cobaye et le mouton.
Le , Bouley présente une autre communication de Toussaint. Celui-ci démontre l'action inflammatoire du sang charbonneux [21].
Le , il propose une théorie de l'action des bactéries charbonneuses [22]. Le , Toussaint envoie une autre note [23].
En 1879, il se rend en Beauce (France) pour y étudier la maladie charbonneuse (appelée aussi "sang de rate") et il publie ses résultats dans un rapport adressé au ministre de l'agriculture : il y montre clairement que cette maladie se communique par les aliments, qu'il n'y a pas de charbon spontané, et que l'inoculation est toujours la condition nécessaire de l'apparition de la maladie [24],[25].
En 1879, à la Faculté de médecine de Lyon, il présente une thèse qui résume ses travaux sur le charbon[26]. Ce mémoire contient également un travail sur le choléra des oiseaux de basse-cour : il démontre la présence du microbe de cette maladie et l'analogie avec celle-ci avec la septicémie (autre maladie décrite à l'époque d'Henry Toussaint) [27].
Le , Toussaint adresse à l'Académie des sciences, pour le concours Bréant, son mémoire sur ses Recherches expérimentales sur la maladie charbonneuse. Sur le choléra des oiseaux de basse-cour. Étude au point de vue du microbe parasite de cette maladie[28] : pour ces travaux, il reçoit le prix l'année suivante.
Début 1880, Toussaint utilise dans ses premiers essais un procédé à base de filtration de sang charbonneux. Il abandonnera ce procédé parce que « C’est un moyen dangereux et nullement pratique, car souvent les filtres laissent passer des bactéridies que le microscope reconnaît difficilement, parce qu’elles sont très rares, et l’on tue les animaux que l’on voulait préserver ».
Par la suite il remplace le procédé de filtration par un chauffage à 55 °C du sang charbonneux défibriné pendant 10 minutes, en présence d’une concentration faible d’acide phénique (0,25 %).
Il constate, début , l’efficacité de chauffage à 55 °C, et constate qu’il faut, pour obtenir l'efficacité de son procédé, renouveler une fois l’injection du produit.
Le , Henri Toussaint dépose un « pli cacheté » à l’Académie des sciences : il parle de la possibilité de faire acquérir une immunité contre le charbon[29].
Le , il envoie une note sur le choléra des poules [30].
En raison de l’importance de la communication du sur le procédé d'immunisation contre le charbon, et à la demande de quelques académiciens, le secret est vite levé.
À cet effet, Toussaint adresse une note le , pour demander l'ouverture du pli cacheté qu'il avait déposé le [31].
On y apprend qu’il préconise le chauffage du sang charbonneux défibriné à 55 °C pendant 10 minutes. Il réussit grâce à ce procédé à obtenir l’immunité du jeune chien et du mouton.
Les 6 et , Toussaint organise une vaccination à la ferme de l'école d'Alfort à Vincennes (double inoculation de vingt moutons)[32].
Le , Toussaint fait à Reims une communication au congrès de l’Association pour l’avancement des Sciences : il y parle de ses procédés de vaccination ; il pense que son vaccin a une action immunisante et postule que cette action est due soit à la production de substances antibactériennes, soit à l'action de l’antiseptique (acide phénique) présent dans son procédé[33].
Il publie encore un article sur quelques points relatifs à l'immunité charbonneuse [34] et sur un procédé nouveau de vaccination du choléra des poules [35].
Mais il ne publiera plus que quatre articles sur la tuberculose [36],[37],[38],[39] : par la suite, en raison de son problème de santé, il ne produira plus de publications.
En mai 1881, à Pouilly-le-Fort, près de Melun, Pasteur réalise une grande expérience de vaccination contre le charbon sur 50 moutons, qui se révèle couronnée de succès, tous les animaux non vaccinés étant morts, tandis que tous les vaccinés ont survécu. Dans son livre À l'ombre de Pasteur publié en 1938, Adrien Loir, neveu de Pasteur, écrit clairement que le vaccin utilisé lors de l'expérience de Pouilly-le-Fort est un vaccin atténué par le bichromate de potassium, c'est-à-dire selon un procédé semblable à celui du vétérinaire et médecin Henry Toussaint, qui avait publié une méthode d'atténuation par un autre antiseptique, l'acide phénique[40].
Les notes secrètes de Pasteur, déposées par celui-ci à l'Académie des Sciences, et connues aujourd'hui depuis 1988 [41], ont expliqué qu'il avait employé le vaccin chauffé et atténué au bichromate de potassium, suivant en cela une idée dont Toussaint avait la priorité, au moins quant à la publication : l'atténuation par un antiseptique[42]. Dans son compte rendu d'expérience à l'Académie, au contraire, Pasteur déclare (ou en tout cas laisse entendre) que c'est son vaccin atténué à l'oxygène qui lui a permis de réussir l'expérience sur les moutons charbonneux.
Toussaint avait bien déposé un pli à l'Académie au sujet de son vaccin révolutionnaire à germe tué. Il va le modifier en remplaçant le bichromate de potassium[réf. souhaitée], trop violent, par l'acide phénique permettant, cette fois, un vaccin stable et efficace. Hélas, sa mort prématurée (à 43 ans) va l'empêcher de breveter en temps voulu cette découverte.
Son collègue et ami, Ferdinand Laulanié, dit ces quelques mots sur sa tombe "Toussaint possédait au plus haut degré les qualités qui rendent le travail fécond : une intuition singulièrement perspicace dans le choix des hypothèses, une opiniâtreté indomptable dans la détermination des faits d'expérience qui devaient en assurer la vérification, une habileté consommée dans l'expérimentation, une méthode presque impeccable. Voilà ce qu'il apporta dans ses recherches au laboratoire.
"C'est aussi avec la pensée de le louer que je veux dire qu'il fut ambitieux, mais de cette ambition qui grandit celui qu'elle sollicite, qui demeure légitime jusque dans ses âpretés, parce qu'elle procède du sentiment que l'on a de sa propre force et qu'elle multiplie cette force.
"Tout cela composait une vigoureuse personnalité, une intelligence éprise de ses propres énergies et qui, sans aller jusqu'au dédain de la pensée des autres, pensait plus volontiers sa propre pensée." (Laulanié)[43]
Dans un discours prononcé le [44],[45], Auguste Chauveau, le maître de Toussaint, s'exprimait en ces termes : « Nombreux étaient alors ceux qui cherchaient à arriver au but que Toussaint a atteint le premier. J'en étais, Pasteur également. Tous, nous n'avions qu'à nous incliner devant le fait accompli, en en proclamant l'importance. Aussi bien ce fait eut-il tout le retentissement qu'il méritait d'avoir. Il valut à Toussaint un grand honneur, celui d'attirer dans son laboratoire, à l’École vétérinaire, l'illustre chirurgien Lister, qui y poursuivit, pendant quelque temps, des recherches expérimentales ».
Chauveau écrivit également :
« Bien sombre est le destin des pères qui conduisent le deuil de leurs enfants. Est-il moins triste celui des maîtres qui voient tomber avant eux, sur le champ de bataille de la vie intellectuelle, les élèves qui faisaient leur joie et leur orgueil. [...] Le diagnostic qui fit sombrer les remarquables facultés de Toussaint ne fut jamais établi avec une rigoureuse précision. Le mal n'en était pas moins de ceux qui poursuivent, d'une manière implacable, leur œuvre de destruction. À chacun de mes voyages à Toulouse, j'avais le chagrin d'en constater les incessants progrès. Il vint enfin un moment où l'arrivée de l'ancien maître ne fit plus naître aucune évocation du passé, aucune de ces démonstrations affectueuses, si touchantes dans leur manifestation enfantine, dont Toussaint était prodigue à mon égard et qui remuaient jusqu'au fond des entrailles[46]. »
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