Membre du Conseil des Cinq-Cents Puy-de-Dôme |
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(à 79 ans) Ancien 11e arrondissement de Paris |
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D ***, X |
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Jacques-Antoine Dulaure, né le à Clermont-Ferrand et mort le à Paris, est un archéologue, historien et homme politique français.
Dulaure fit de bonnes études au collège de Clermont, cultiva le dessin, étudia les mathématiques. Avant de commencer sa carrière littéraire, il s’adonna successivement à l’architecture et à la topographie. Il se rendit à Paris au mois d’, et fut admis comme élève chez l’architecte Rondelet, qui, après la mort de Soufflot, avait été chargé d’achever les travaux de l’église de Sainte-Geneviève, et, avant tout, de renforcer les piliers qui semblaient ne pouvoir plus soutenir le dôme. Un jour que Dulaure, chargé de prendre des mesures verticales, marchait dans l’intérieur, sur de hautes corniches, il fut saisi d’un éblouissement, et près de tomber et de se briser sur les dalles du monument. Dès lors dégoûté de l’architecture, il voulut être ingénieur-géographe.
Il devait travailler, sous la direction d’un ingénieur en chef, à la confection d’un canal projeté entre Bordeaux et Bayonne. la guerre de l’indépendance américaine ayant fait manquer cette entreprise, Dulaure se mit à donner des leçons de géométrie. Il inventa un instrument propre à la levée des plans et des cartes topographiques. Il soumit, en 1781, son invention à l’Académie des sciences : chargés de l’examiner, Rossut et Cousin firent un rapport favorable.
L’année suivante Dulaure commence une carrière littéraire, qui dure plus d’un demi-siècle. Ses premiers écrits sont des critiques sur quelques monuments de Paris, principalement sur l’Odéon qui venait d’être bâti sur l’ancien terrain de l’hôtel de Condé. Dulaure en fait une critique où il fait dialoguer, raisonner et critiquer les loges, les décorations et les murailles du bâtiment. Inspiré par les premières expériences aérostatiques, en 1784, il publie un court Retour de voyage dans la Lune[1], précédant ainsi Beffroy de Reigny, le « Cousin Jacques », qui, l'année suivante, commence son journal intitulé les Lunes.
Il parait avoir été chargé en 1785-1786 du compte-rendu des pièces de théâtre, dans Le Courrier lyrique et amusant, ou Passe-temps des toilettes de Dufrénoy, publication dans laquelle il introduit une partie archéologique[2].
En 1786, avec son essai sur la Pogonologie[3] (voir bibliographie) il se lance dans un essai, que l'on qualifierait aujourd'hui de psycho-sociologique, sur le port de la barbe dont il fait l'apologie, dans un siècle où il est de bon ton d'être glabre[4].
Il publie ensuite divers ouvrages où perce sa détestation des abus, des injustices, des fausses doctrines de l’Ancien Régime. On note ainsi sa Description de Paris et une Nouvelle Description des curiosités de Paris, où se mêlent des recommandations de voyage en forme de guide pour les étrangers et es attaques contre la monarchie. (1785), sa Description de Paris et de ses environs, ses Singularités historiques, etc. (1re éd., 1786). Vivement attaqué dans L'Année littéraire, Dulaure y opposa une réponse vigoureuse.
Il était attelé à la rédaction d’une imposante Description de la France par provinces (1788-1789, 6 vol.) lorsque le début de la Révolution, dont il adopte les principes, l'amène à interrompre ce travail.
Dulaure se lance alors dans l’action politique par ses brochures et par ses écrits périodiques publiés pendant près de trois ans. En 1790, il lance et rédige les journal Les Évangélistes du jour, éphémère publication de 16 numéros, « lourde et impuissante catapulte » contre les auteurs des Actes des Apôtres[5]. Puis du au , il fait paraître Le Thermomètre du jour, journal politique[6],[7].
En septembre 1792, Dulaure est élu, le douzième et dernier, député du département du Puy-de-Dôme, à la Convention nationale[8].
Il siège dans les rangs de la Gironde. Lors du procès de Louis XVI, il vote en faveur de la culpabilité et de la mort sans appel ni sursis. Il est absent lors de la mise en accusation de Marat[9]. Il vote en faveur du rétablissement de la Commission des Douze[10]. Au début de l'année 1793, il émet à ses électeurs ses impressions sur le climat qui règne à la Convention[11].
Le 3 octobre 1793, il n'est pas compris dans le décret d'arrestation des députés qui ont protesté contre la journée du 2 juin[12] mais, par prudence, cesse de se présenter à la Convention. Il est décrété d'accusation le 30 vendémiaire an II (21 octobre 1793) par Amar, au nom du Comité de Sûreté générale, qui déclare avoir oublié de l'adjoindre au premier décret[13]. Aidé par le conventionnel Pénières, girondin ayant été épargné par la répression, et par un autre député fugitif, Bonnet de Treyches, Dulaure parvient à gagner la Suisse.
Sur motion de son collègue Monestier, Dulaure est adjoint au décret du 18 frimaire an III (8 décembre 1794) qui réintègre à la Convention les députés emprisonnés pour avoir protesté contre le 2 juin[14]. Dulaure est envoyé en mission dans les manufactures d'armes de Tulle et de Bergerac entre germinal[15] et messidor an III[16] (entre avril et juillet 1795).
À la fin de son mandat de Conventionnel il se représente devant le corps électoral. Il est réélu par trois départements, le Puy-de-Dôme, qu'il choisit, la Corrèze et la Dordogne. N'ayant pas atteint l’âge de quarante ans, il rejoint le Conseil des Cinq-Cents, où le sort le maintient en germinal an V.
En germinal an VI, le département du Puy-de-Dôme le réélit député pour la troisième fois.
Au Conseil des Cinq-Cents, il se signale par ses réflexions sur l’instruction publique.
Après le coup d'État du 18 brumaire, Dulaure, qui s’était écrié « À bas le dictateur ! », renonce à la politique et rentre dans la vie privée, pour reprendre le cours de ses études historiques. Il obtient néanmoins, en 1808, dans une administration financière, une place de sous-chef, qui lui était devenue nécessaire par suite de la faillite d’un notaire de Paris, dépositaire de toute sa fortune.
En 1804, il participe en compagnie de Jacques Cambry, de Mangourit et d'Eloi Jouhanneau à la fondation de l’Académie celtique, ancêtre de la Société des antiquaires de France. Il rédige notamment le premier questionnaire ethnographique appliqué à la France[17].
En 1814, à la première Restauration, une circulaire, datée du 1er juillet, lui annonce qu’il n’est pas conservé dans la nouvelle organisation. Se voyant, dans un âge avancé, sans autres ressources autres que son talent, Dulaure y trouve des compensations suffisantes aux rigueurs du sort. Cantonné désormais dans les travaux historiques, il écrit beaucoup. Il a publié dans les Mémoires de la Société royale des Antiquaires de France plusieurs dissertations sur les Gaulois et laisse des manuscrits inédits.
Ses nombreux ouvrages se rapportent presque tous à Paris, à la France et à la Révolution. Le plus important est son Histoire civile, physique et morale de Paris. Cet ouvrage, plein de recherches curieuses et de faits peu connus, qui accumule les accusations encourues par les rois et le clergé, souleva contre l’auteur les attaques les plus violentes des partisans de l’Ancien régime.