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Institut d'études politiques de Paris (master) (jusqu'en ) École des hautes études en sciences sociales (doctorat) (- Université Paris-Nanterre (doctorat) (jusqu'en ) Lycée Buffon (baccalauréat) |
Activités |
Économiste (depuis ), enseignant-chercheur |
Père |
A travaillé pour |
École des hautes études en sciences sociales (depuis ) Fondation pour les études de défense nationale (d) (- Ministère des Armées (- Université Paris-Nanterre (- Lycée Félix-Faure (d) (- Lycée Ernest-Couteaux (d) (- |
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Prix Castex (d) () |
Jacques Sapir, né le à Puteaux, est un économiste français spécialiste de l'économie russe.
Il enseigne à l'université Paris-Nanterre, avant de devenir maître de conférences puis directeur d'études à l'EHESS, directeur du Centre d'études des modes d'industrialisation (CEMI-EHESS) et responsable de formation doctorale. Il est élu membre (à titre étranger) de l'Académie des sciences de Russie en .
Spécialiste de l'économie russe et des questions stratégiques, ainsi que théoricien de l'économie, il se fait connaître par ses positions hétérodoxes très marquées sur divers sujets et son engagement politique. D'abord situé à gauche pour sa critique du néo-libéralisme, il en vient à prôner des rapprochement vers la droite et l'extrême droite par ses thèses intéressant la mouvance souverainiste[1],[2],[3].
Promoteur de la Russie de Vladimir Poutine et actif dans des médias d'État russes, il soutient la ligne officielle du régime de Vladimir Poutine dont il partage les analyses et la propagande.
Né en 1954, Jacques Sapir est le fils du psychanalyste Michel Sapir (1915-2002), un des responsables du Front national de la Résistance dans les Alpes-Maritimes[4] et de Marie-Thérèse Roubaud. Son père est né à Moscou dans une famille de la bourgeoisie juive qui avait quitté la Russie après la révolution d'Octobre. Sa mère était la fille d'un pharmacien de Vence. Ses parents se sont rencontrés à Nice en 1943, pendant la résistance[JS 1].[réf. à confirmer]
Il est élève du lycée Buffon (Paris)[5]. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris en 1976[6], il soutient, en 1980, une thèse de doctorat de 3e cycle à l'EHESS sous la direction de Charles Bettelheim[note 1].
En 1986, il passe une thèse d'État en économie à l'université Paris-Nanterre, sous la direction de Michel Aglietta, intitulée « Rythmes d'accumulation et modes de régulation de l'économie soviétique : essai d'interprétation des cycles d'investissement et de main d'œuvre en URSS de 1941 à nos jours »[JS 2].
Après avoir commencé sa carrière comme professeur d’économie au lycée Ernest Couteaux de Saint-Amand-les-Eaux de 1977 à 1979, il enseigne ensuite au Lycée Félix Faure de Beauvais (Oise) de 1979 à 1982. Il est professeur d'économie à l'université Paris-Nanterre de 1982 à 1990, comme assistant puis comme maître de conférences (1986). Il entre à l'EHESS en 1990 avant d'y devenir directeur d'études en 1996. C'est à cette date qu'il prend la direction du Centre d'études des modes d'industrialisation de l'EHESS. Il est le responsable de la formation doctorale « Recherches comparatives sur le développement » de 1996 à 2006. Il enseigne également au Haut Collège d'économie à Moscou de 1993 à 2000. Il enseigne actuellement[Quand ?] plusieurs semaines par an à l'École économique de Moscou (ru) (Moskovskaïa Chkola Ekonomiki) en même temps qu'à l'EHESS de Paris[7].
S'intéressant depuis longtemps aux problèmes stratégiques, il a été chercheur à la Fondation pour les études de Défense nationale de 1988 à 1991 et a travaillé avec cette institution de 1986 à 1992 dans le cadre de divers contrats[réf. souhaitée]. Il a été par la suite consultant pour le ministère de la Défense nationale[1].
Jacques Sapir a exercé une fonction d'expert sur les problèmes de la transition dans l'ex-Union soviétique. Il est le cofondateur et l'un des animateurs du « Séminaire franco-russe sur les problèmes de la transition en Russie », qui fonctionne depuis 1991 en alternance en France et en Russie. Il a aussi été conseiller technique au ministère de la Recherche entre 1989 et 1992 et il a participé au lancement des appels d'offres concernant les recherches sur la transition[réf. souhaitée]. Il est considéré comme un spécialiste de la Russie[1].
Il est un collaborateur régulier de la Post-Autistic Economics Review (revue électronique, intitulée Real-world Economics Review depuis 2008) ainsi que de la Revue d'études comparatives Est-Ouest, de Post-Soviet Affairs (ex-Soviet Economy, revue publiée conjointement par l'Université de Berkeley en Californie et le National Scientific Council) et de Problemy Prognozirovania (Problèmes de prévision, revue de l'Académie des sciences de Russie). Ses ouvrages sont traduits dans de nombreuses langues étrangères (anglais, allemand, espagnol, italien, japonais, portugais), mais Jacques Sapir a aussi développé une production théorique originale en russe depuis 2000[réf. souhaitée].
En reconnaissance de ses travaux, il est élu, le , à l'Académie des sciences de Russie comme membre étranger[8].
En 2017, Le Monde écrit : « Dans la capitale russe, il est devenu un habitué du club Valdaï, un think tank pro-Kremlin où il est l’un des rares chercheurs français invités »[7].
Militant dans différentes organisations d'extrême gauche dans les années 1970, il soutient Jean-Pierre Chevènement en 2002[1].
En 2005, il prend position contre le Traité établissant une Constitution pour l'Europe[7]. Il soutient la sortie de l'euro, dévaluation, contrôle rigide des capitaux et système monétaire commun négocié[1].
Il soutient en 2008 le Front de gauche[9], qui regroupe le Parti communiste français et le Parti de gauche, signant en particulier une pétition publique[10]. Depuis la crise de 2008, il concentre ses efforts pour faire du protectionnisme et de la sortie de la zone euro des thèmes essentiels de la gauche radicale, à l'instar de Frédéric Lordon et d'Aurélien Bernier.
Par la suite, il est cité par tous les partis politiques promoteurs du souverainisme du Front de gauche au Front national[4]. En , il se rapproche de Nicolas Dupont-Aignan[2],[9] aux côtés de Philippe Murer et de Jacques Nikonoff.
Ses positions sur la réhabilitation de la souveraineté et de la nation l'ont conduit à engager un dialogue avec le courant chevènementiste. Il a ainsi été à l'origine d'une polémique au début du mois de avec une note publiée sur son carnet (RussEurope) où il présentait l'hypothèse d'un choix possible par François Hollande de Jean-Pierre Chevènement à la suite des défaites électorales que le Parti socialiste et le président pourraient subir au printemps 2014.[réf. nécessaire]
Le , sur le plateau de l'émission télévisée Mots croisés, le ministre de l'Économie Pierre Moscovici, face à Marine Le Pen, qualifie Jacques Sapir d'économiste « d'extrême droite »[11] provoquant une vague d'indignation parmi les militants de la gauche radicale. Peu de temps après, un de ses proches collaborateurs, Philipe Murer rallie le Front national[12]. Le journal Sud Ouest affirme que « c'est au lendemain d'un dîner organisé par Paul-Marie Coûteaux avec l'économiste Jacques Sapir que la présidente du FN [Marine Le Pen] s'était convaincue de sortir de l'euro »[13].
En 2015, Jacques Sapir émet l'idée d'une large union incluant le Front national, afin de mettre en place ce qui selon lui est une priorité : le « démantèlement de la zone euro »[14]. Courrier international rapporte les propos du quotidien italien Corriere della Sera, qui déclare que Michel Onfray et Jacques Sapir « avancent l’idée d’une alliance transversale de toutes les forces souverainistes, de l’extrême gauche à l’extrême droite », et Courrier international ajoute : « quitte à se faire accuser de sympathie avec le Front national »[15]. Pour Conspiracy Watch, ses thèses sur l'Europe ont séduit l'extrême droite[16].
À partir de 2015, il publie régulièrement des textes et des analyses pour RT France, média d’État russe francophone[17], où il anime également un débat sur l'Euro[18] et dont il est également membre du comité d'éthique, aux côtés de Thierry Mariani[19].
Il est un habitué du Club Valdaï, un think-tank pro-Kremlin où il est l'un des rares français invités à participer et à écouter le discours annuel de Vladimir Poutine[7].
En 2022, à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Jacques Sapir suspend sa participation aux médias pro-Kremlin RT France et Sputnik[7], peu avant leur interdiction. Il dénonce une attaque « injustifiée et inadmissible » de la Russie, tout en soulignant la légitimité de la méfiance russe envers l'extension de l'OTAN. Il propose comme solution au conflit une Ukraine « indépendante et neutre », sur le modèle de la Finlande après 1945 ou de l'Autriche après 1955[20][source secondaire nécessaire]. En octobre 2022, il annonce dans un journal destiné aux élites moscovites qu'à la suite des coupures de gaz par la Russie, les européens subiraient un hiver « difficile, froid et sombre »[21].
Jacques Sapir intervient également régulièrement dans les vidéos du média publié en ligne par le think tank pro-Kremlin d'Eric Denécé, le CF2R, alimenté par les mêmes intervenants que les médias de propagande du Kremlin, RT France et Sputnik. Il participe à des réunions du Dialogue franco-russe, lobby pro-Kremlin[22]. En février 2023, il fustige les sanctions économiques prises à l'encontre de la Russie après l'invasion de l'Ukraine, en expliquant qu'elles feraient plus de mal à la France qu'à la Russie, dans le magazine d'extrême droite pro-Kremlin Omerta[22].
Plusieurs observateurs[23] et médias, dont L'Express[24],[21] et Libération le classent également parmi les « pro-russes » français, voire parmi les relais de la « poutinosphère »[25]. Selon Conspiracy Watch, Jacques Sapir est un « relais fréquent de fausses informations »[16] y compris conspirationnistes[26].
Se référer aux œuvres citées sur BnF.