Jean Errard
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Jean Errard, connu sous le nom d'Errard de Bar-le-Duc, (né vers 1554 à Bar-le-Duc et mort le à Sedan) est un mathématicien et ingénieur militaire lorrain, initialement au service de la cour ducale de Lorraine, qui, converti au protestantisme, s’est engagé au service du roi de France Henri IV. Introducteur en France de la fortification italienne, il est ainsi un précurseur de Vauban.

Biographie

Jeunesse et formation

Jean Errard est né à Bar-le-Duc vers 1554 dans une famille de notables. Il est certain qu'il a adhéré au protestantisme au plus tard en 1572, car il fréquente l’Église réformée française d'Heidelberg, (ce qui ne l'empêcha pas de servir par la suite le catholique Charles III de Lorraine). Il est inscrit à l’université de Heidelberg en 1573. Sans doute a-t-il trouvé refuge au Palatinat pour des motifs religieux, le protestantisme étant proscrit dans les duchés de Bar et de Lorraine.

Protégé du duc de Lorraine

Instruments mathematiques mechaniques, 1584

Après de bonnes études de mathématique et de géométrie, il entra en 1580 au service de Charles III de Lorraine. Au début des années 1580, il vit en Lorraine et a épousé Barbe de Rains (ou Reims), fille d'un conseiller à la chambre des comptes du Barrois. Il dédicace son Premier livre des instruments mathématiques (Nancy, 1584) au duc de Lorraine Charles III qui en a financé la publication. Ainsi paraît le premier livre des instruments mathématiques mécaniques

Fidèle à la foi protestante

Néanmoins, préférant être fidèle à sa foi lors des guerres de la Ligue, il entre au service des princes de Sedan pour lesquels il défend la petite place forte de Jametz au cours d’un long siège (1588-1589). Assiégés par les troupes lorraines de Charles III à la fin de 1587, les habitants, après un conseil de guerre auquel assista l’ingénieur, signent la capitulation le , et se réfugient à Sedan où Jean Errard devient professeur à l'Académie de Sedan.

Au service du roi de France

Par sa longue défense de Jametz, la réputation d'Errard parvient à Henri IV, nouvellement couronné, qui l'appelle à son service. Il sert ensuite Henri IV, participant à différents sièges pour celui-ci (Amiens, 1597), dressant les plans de fortifications notamment en Picardie. Il accompagne son souverain dans les différentes campagnes menées pour conquérir son royaume, s'occupe des opérations de siège, construit des bastions et édifie de nouvelles fortifications. Il rédige aussi plusieurs ouvrages exposant ses réflexions géométriques et appliquant la géométrie aux fortifications. Il s’est largement appuyé sur les ingénieurs militaires italiens alors très en avance sur ceux des autres pays européens.

En 1599, Henri IV, pour le remercier, le nomme ingénieur ordinaire des fortifications des provinces de Picardie et Île-de-France, et ainsi, il poursuit son œuvre jusqu’à sa mort (19 ou le ) qui suit de peu celle du roi.

Apport à la poliorcétique

Article détaillé : Poliorcétique.

L’art des fortifications modernes connut, après l’ouvrage d’Albrecht Dürer, des imitateurs éminents comme Battista Della Valle, dont l’ouvrage eut dix éditions de 1524 à 1558, ou Jean Errard, de Bar-le-Duc à la fin du siècle[1].

Les principes de la fortification bastionnée

Illustration d'un bastion en Pointe en 1600 dans la Fortification réduite en art et démontrée

En 1594, Errard publia la Fortification réduite en art et démontrée. Il y définit les moyens du défilement, sut utiliser les particularités du terrain, institua des plans inclinés destinés à éviter la surprise des vues plongeantes et réussit à masquer les flancs des bastions à l’ennemi grâce à la disposition des courtines. Il inventa encore le cavalier et normalisa l’épaisseur des remparts [1].

Jean Errard est le premier à appliquer en France le principe de la fortification bastionnée et à en exposer les principes. Ses travaux lui valent le qualificatif de « père de la fortification française ». La géométrie conditionne sa pensée stratégique : Errard y explique tous les procédés qui permettent de tracer sur le terrain les différents polygones, réguliers ou irréguliers, indispensables pour bien fortifier une place. La règle majeure de son œuvre théorique réside dans le fait que la défense d'une place doit reposer davantage sur l'infanterie que sur l'artillerie, dont le feu à son époque n'est pas efficace de face.

Son système se compose de bastions, pouvant accueillir deux cents fantassins, tirant de face, et larges d'environ 70 mètres. Ils sont flanqués de batteries d'artillerie, de 30 mètres de large - le principe des ouvrages avancés inspirera Vauban. Ses plans prévoient des chemins couverts pour défendre les glacis (notion de « défilement »), ainsi que des demi-lunes entre les bastions pour protéger les portes courtines (notion de « flanquement »). Le principal inconvénient de ce système défensif est de présenter des bastions dont le plan à angles trop aigus ne présentent pas toutes les garanties de sécurité pour les assiégés.

Influence de son œuvre sur ses successeurs

Les principes théoriques d'Errard inspirent les travaux de l'ingénieur Jean Sarrazin. Les Fortifications du chevalier Deville (1595-1656) publiées en 1628 donnèrent un système plus élaboré mais non fondamentalement différent[1], en affinant la notion de flanquement et en divisant le chemin couvert. Le Traité des fortifications de Blaise François Pagan (1607-1667) introduisit quelques modifications qui inspirèrent directement Vauban, promoteur de la demi-lune (évolution de la barbacane), pour qui le bastion résulte du tracé sinueux brisé de l'enceinte.

Œuvres

Fortifications

Publications

Dédiée à Henri IV, elle est très rare et manque à beaucoup de grandes bibliothèques publiques. Le XVIe siècle est marqué par une véritable évolution en matière de fortification. Apparaissent notamment pour la première fois, en Italie (1525), puis en France (1530), les bastions et les citadelles. L'œuvre d'Errard s'inscrit dans ce courant, elle annonce celle de Vauban. Son ouvrage repose sur les données de la géométrie, l'auteur nous explique tous les procédés qui permettent de tracer sur le terrain les différents polygones, réguliers ou irréguliers, indispensables pour bien fortifier une place. Véritable somme sur le sujet, cité par ses successeurs, le livre a servi de référence à tous les auteurs de traités ultérieurs, et connut des rééditions, des contrefaçons et des traductions. Une partie des frais d'impression de l'édition originale fut prise en charge par Henri IV, à la demande de Sully, qui était alors surintendant des fortifications de France.

Errard a fait également plusieurs traductions dont les Éléments d'Euclide, notamment :

Famille

Notes et références

  1. a b et c Histoire des techniques - Bertrand Gille
  2. lallemend 1884.
  3. Archives nationales, Minutier central, CV 521, 23 mai 1620, sur le mariage de Jérôme Bachot, « ingénieur et géographe du roi en la province de Poitou », fils d'Ambroise, « ingénieur ordinaire », marié à Anne Errard, fille de Charles Errard, peintre ordinaire du roi, commissaire et architecte des fortifications de Bretagne. Le témoin de la mariée est Alexis Errard, ingénieur ordinaire, son frère, neveu de Jean Errard de Bar-le-Duc (Anne Blanchard, « « Ingénieurs de Sa Majesté Très Chrétienne à l'étranger », ou l'école française de fortifications », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, t. 20, no 1,‎ , p. 26, note 7 (lire en ligne))
  4. Anatole Louis Théodore Marie Granges de Surgères, « Les artistes nantais du Moyen Âge à la Révolution : Bachot (Jérôme) », Nouvelles archives de l'art français, 3e série, t. XIV,‎ , p. 14-15 (lire en ligne)

Pour approfondir

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes