Langues celtiques continentales
Extinction Haut Moyen Âge
Classification par famille

Le concept de langues celtiques continentales est avant tout spatio-temporel et s'applique aux langues celtiques aujourd'hui éteintes[1] qui se parlaient sur le continent européen et en Asie Mineure, donc pour la plupart en territoire aujourd'hui de langue romane, il s'oppose en cela au celtique insulaire, moins représenté dans l'épigraphie antique, mais dont les différentes langues sont bien attestées depuis le Moyen Âge.

Définition

Des langues celtiques étaient jadis parlées sur le continent européen, elles ont toutes disparu au plus tard au VIe siècle. Le breton parlé sur le continent dans l'ouest de la Bretagne actuelle est, pour l'essentiel, du celtique réintroduit par des colons originaires des îles britanniques. Il appartient donc au celtique insulaire. Les langues celtiques insulaires, dont la répartition se fait dans un cadre géographique délimité (la Grande-Bretagne et l'Irlande), c'est-à-dire des îles (sauf la Bretagne, où elles se sont exportées) et dont les attestations anciennes sont assez contemporaines les unes des autres (vieil irlandais, vieux gaélique d'Écosse, vieux gallois, vieux cornique et vieux breton), autorisent le singulier de « celtique insulaire », alors que les langues celtiques continentales sont trop disparates dans le temps et dans l'espace pour être regroupées de la même manière, on parlera donc plutôt de « langues celtiques continentales », au pluriel.

Comme il ne nous reste que trop peu de traces écrites de ces parlers continentaux, les analyses de linguistique comparée basée sur la méthode comparative sont complexes à réaliser. Cependant, elles ont fait de notables progrès de la fin du XXe siècle à nos jours avec la découverte de nouvelles inscriptions, exhumées essentiellement lors de fouilles archéologiques.

Description

S'il est probable que les Celtes continentaux aient parlé divers dialectes ou langues à travers l'Europe à l'époque antique, seules trois de ces langues sont véritablement attestées dans l'épigraphie et clairement identifiables comme celtiques. Les dates suivantes se réfèrent à la datation donnée aux inscriptions qui ont été découvertes, ces langues ont pu survivre encore longtemps postérieurement :

Aux langues véritablement attestées s'ajoutent d'autres supposées ou mal identifiées :

Rapport avec le celtique insulaire

On a longtemps cherché à isoler le gaulois du celtique insulaire, jusqu'à la découverte d'un particularisme consonantique, à savoir : le passage de /kʷ/ de l'indo-européen à /kʷ/ puis /k/ en gaélique ou goidélique (latin quinque / irlandais cinc) alors qu'en gaulois et brittonique, il évoluait en /p/ (gaulois pimpe, pempe / breton pemp, gallois pymp), d'où les notions des Celtes avec P et des Celtes avec Q.

On pensait, en généralisant, que tous les celtes continentaux étaient des « Celtes avec P » jusqu'à ce qu'on remarque que les inscriptions celtibériques étaient aussi « avec Q », ensuite dans l'observation d'« anomalies » comme le maintien du /kʷ/ dans Sequanes / Sequana, dans Quariates et plus récemment le problème du mois equos dans le calendrier de Coligny[3].

Depuis lors, plusieurs études menées par certains spécialistes ont minimisé cette mutation phonétique au sein du celtique insulaire pour au contraire mettre l'accent sur ses ressemblances inter-insulaires par rapport au groupe des langues celtiques continentales.

Cependant, selon Pierre-Yves Lambert[4], « le gaulois s'est révélé être réellement proche du brittonique. » En effet, il cite une autre innovation phonétique commune constatée sur un terme relevé dans le plomb du Larzac (anuana, très proche du vieux gallois enuein "noms"), avec la même évolution du groupe intérieur -nm- > -nu-, alors qu'on trouve par exemple en irlandais ainm « nom ». L'existence de deux innovations communes -kʷ- > -p- et -nm- > -nu- laisse peu de place au hasard. Léon Fleuriot et Karl Horst Schmidt utilisent même la notion de dialecte « gallo-brittonique ».

Notes et références

  1. Hervé Abalain, Histoire des langues celtiques, Jean-paul Gisserot, , 127 p. (lire en ligne)
  2. Lambert 2003, p. 20-21.
  3. Lambert 2003.
  4. Lambert 2003, p. 18-19.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes