Projet:Traduction/Le Bon, la Brute et le Truand
Scénario |
Luciano Vincenzoni Sergio Leone Agenore Incrocci Furio Scarpelli |
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Musique | Ennio Morricone |
Pays de production | Italie/Espagne |
Durée |
161 minutes 186 minutes (version doublée française) |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Le Bon, la Brute et le Truand (Il Buono, il brutto, il cattivo ou The Good, the Bad and the Ugly) est un western spaghetti réalisé par Sergio Leone en 1966.
Pour compléter la Trilogie du dollar et pour éliminer une fois de plus le risque de se répéter, Sergio Leone augmente de deux à trois le nombre de protagonistes. Tout comme Clint Eastwood partageait la vedette avec Lee Van Cleef dans le deuxième film (Et pour quelques dollars de plus), ceux-ci partagent l'écran avec Eli Wallach dans ce troisième film.
Autre nouveauté, l'irruption de l'Histoire dans le scénario, avec la guerre de sécession étatsunienne. Particularité encore plus unique : Le positionnement chronologique du film à l'intérieur de la trilogie. L'auteur semble vouloir suggérer un retour cyclique sans fin : Alors que dans les deux premiers films, la guerre semble déjà terminée, ici elle fait toujours rage. Plutôt qu'une conclusion, donc, ce troisième film relaterait des faits qui se sont produits plusieurs années auparavant. À l'appui de cette hypothèse, le personnage de Clint Eastwood (la constante qui lie les trois films) ne se présente pas dans sa tenue habituelle. Au lieu d'un poncho, il porte un long manteau. C'est au cours de ce film qu'il trouve son fameux poncho et l'endosse, retrouvant enfin l'apparence extérieure du personnage des deux premiers films.[1] D'autres éléments semblent toutefois contredire l'hypothèse qu'il s'agit du même homme. Il est donc possible qu'il s'agisse d'une histoire indépendante des deux autres, mais liées à celle-ci par son traitement, sa mise en scène et ses interprètes, plutôt que par la continuité du scénario ou l'identité des personnages.
Modèle:Spoiler
Le film raconte l'histoire de trois as de la gâchette qui durant la guerre de sécession sont à la recherche d'un chargement d'or disparu. Le premier à être présenté est Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez (le truand) - appelé simplement Tuco - (Eli Wallach), un criminel ayant commis de nombreux délits et dont la tête est mise à prix. Tuco est de connivence avec Blondin (le bon, interprété par Clint Eastwood) : Blondin livre Tuco aux autorités, encaisse la prime de l'arrestation, et libère ensuite son complice, au moment où celui-ci doit être pendu. Les deux se divisent ensuite le butin et refont la même opération dans les comtés voisins. Durant ce temps, un troisième personnage nommé Sentenza (La brute, interprété par Lee Van Cleef), un tueur sans pitié, apprend l'existence d'un coffre rempli de pièces d'or confédérées, caché par un soldat nommé Bill Carson. Il commence donc à chercher plus d'information à ce sujet.
Blondin décide de rompre son partenariat avec Tuco, l'abandonnant dans le désert. Celui-ci réussira cependant à survivre et après une traversée de 70 miles, il arrive, complètement épuisé, dans un petit village. Il décide de se venger. Il retrouve rapidement Blondin et inverse les rôles, contraignant son ex-compagnon à le suivre à pied dans le désert. À un certain point, ils rencontrent une diligence remplie de soldats confédérés, morts ou mourants. Parmi ceux-ci se trouve Bill Carson, l'homme recherché par Sentenza. Carson révèle à Tuco le nom du cimetière où est caché l'or, mais demande de l'eau en échange du nom sur la tombe. Pendant que Tuco va chercher une gourde, Carson meurt, non sans avoir donné le nom de la tombe à Blondin, qui tout à coup devient très important pour Tuco. Celui-ci devra donc le soigner afin de pouvoir connaitre le nom en question.
Déguisés en soldat confédérés, Tuco conduit Blondin (presque mort) dans une mission catholique administrée par son frère, un prêtre. Pendant que Blondin se rétablit, les deux frères se disputent et chacun blâme l'autre pour les difficultés de sa propre vie. Après avoir laissé la mission, Tuco et Blondin, toujours déguisés en soldats confédérés, sont capturés par un groupe de soldats de l'Union. Ils se retrouvent dans un camp de prisonniers nordiste.
Durant ce temps, Sentenza a suivi la trace de Bill Carson jusqu'à ce camp, où il est devenu sergent gardien. Avec l'aide du caporal Wallace, il torture Tuco pour connaitre le nom du cimetière. Lorsqu'il apprend que seul Blondin connait le nom de la tombe, il change de tactique. Il propose une alliance à ce dernier. Accompagnés par 5 ou 6 autres brigands, ils s'enfuient tous les deux du camp et partent à la recherche de l'or. Pendant ce temps, Tuco est conduit dans un train de prisonniers, escorté par le caporal Wallace. Il réussit à s'enfuir après avoir éliminé le caporal. Dans un village voisin, dévasté par l'artillerie des deux armées, Tuco rencontre un chasseur de primes blessé par lui au début du film et cherchant à se venger. Tuco l'abat. Blondin, qui était dans le même village, entend les coups de feu et reconnait le son du pistolet de son ami. Il part à sa recherche. L'ayant retrouvé, les deux décident de s'associer à nouveau pour éliminer Sentenza. Ils réussissent à se débarrasser des membres de son gang, mais Sentenza s'échappe.
Tuco et Blondin, lors de leur voyage vers le cimetière, sont les témoins d'une bataille entre les forces confédérées et celles de l'Union, qui se disputent le contrôle d'un pont de grande valeur stratégique. Capturés encore une fois par les forces nordistes, ils offrent de s'enrôler, après avoir parlé au capitaine de la compagnie. Ce dernier, clairement ivre, révèle aux deux son rêve secret : Détruire le pont, afin de faire cesser le massacre inutile entre les deux armées. Le meilleur moment serait lors de la brève trêve entre les batailles, lorsque les deux armées s'affèrent à récupérer les blessés. Puisque le cimetière est de l'autre côté du pont, les deux décident de le faire exploser, afin de forcer les soldats à se retirer. Pendant qu'ils posent les explosifs, ils décident de se révéler leurs secrets. Tuco donne le nom du cimetière : Sad Hill. Blondin donne le nom sur la tombe : Arch Stanton.
Après l'explosion du pont, les deux armées se retirent comme prévu et les deux associés arrivent finalement de l'autre côté de la rivière. Pendant que Blondin s'arrête près des ruines d'une église, Tuco en profite pour galoper jusqu'au cimetière.
Une fois la tombe repérée, il commence à creuser furieusement. Avant d'avoir trouvé quoi que ce soit, il est rejoint par Blondin, armé d'un pistolet, qui lui ordonne de creuser avec une pelle. Sentenza arrive, armé lui aussi, et il ordonne à Blondin d'aider Tuco à creuser. Blondin révèle que l'or n'est pas enterré dans cette tombe, qui ne contient que des os.
Blondin inscrit sur une pierre le véritable nom où est enterré l'or. Les trois se font face sur une large place au milieu du cimetière, pour un grand duel à trois. Blondin abat Sentenza alors que Tuco s'aperçoit que son pistolet est vide. Blondin avoue l'avoir déchargé la nuit précédente. Il montre aussi qu'il n'avait rien écrit sur la pierre, puisque la tombe recherchée est celle sans nom, à côté de Arch Stanton. Tuco est donc contraint de creuser à nouveau, et dès qu'il trouve l'or, Blondin le force à se passer une corde de pendu autour du coup, debout sur le sommet de la croix d'une tombe. Blondin charge la moitié du butin sur son cheval et s'éloigne, pendant que Tuco crie à l'aide. Une fois plus loin, Blondin fait feu sur la corde et libère Tuco, comme au début du film. Blondin s'enfuit avec la moitié de l'or, laissant l'autre moitié à Tuco fou de rage.
Modèle:Fin de spoiler
Après le succès de Pour une poignée de dollars et de Et pour quelques dollars de plus, les dirigeants de United Artists contactèrent le scénariste des deux films Luciano Vincenzoni pour acquérir les droits de ses œuvres précédentes ainsi que de ses prochains westerns. Ni lui, ni le producteur Alberto Grimaldi, ni Sergio Leone n'avaient de projets en tête. En fait, Leone n'avait même pas l'intention de faire un autre western. Cependant, attiré par l'énorme somme d'argent offerte (qui lui permettrait d'être financièrement indépendant pour le reste de sa vie), il accepta la proposition, sans avoir encore trouvé l'idée du prochain film. Heureusement pour lui, Vincenzoni proposa l'idée d'un « film à propos de trois canailles à la recherche de trésors durant la guerre de sécession. »[2] Le studio accepta et un budget de 1 million de dollars US (plus 50% des revenus de vente de billets à l'extérieur de l'Italie) fut attribué au projet. Finalement, le film coutera 1.3 million, une somme astronomique si on pense aux conditions précaires dans lesquelles Leone a dû travailler seulement deux années plus tôt. [1] [2]
Luciano Vincenzoni décrit ainsi la vente du film, et la genèse du scénario :
Sergio Donati, scénariste, décrit ainsi la vente du film à la United Artist :
Sergio Leone décrit ainsi son approche de la conception du film :
Alors que Sergio Leone développe ses idées et planifie un mise en scène vraie et personnelle, Vincenzoni recommanda de travailler avec une équipe de scénaristes incluant Age-Scarpelli et gérée par Leone lui-même ainsi que par le scénariste Sergio Donati. À ce sujet, Leone raconte : « Leur contribution fut un désastre. Inutile et rien d'autre. Je ne pus utiliser rien de ce qu'ils avaient écrit. Ce fut la pire déception de ma vie. Je dus reprendre en main le scénario avec Donati. »[2] Donati confirme cette déclaration, ajoutant : « Dans la version finale du scénario, il ne restait pratiquement rien de ce qu'ils avaient écrit. Ils n'avaient écrit que la première partie, quelques mots à peine. Ils étaient extrêmement éloignés du style de Leone. Leone voulait essayer quelque chose de nouveau. Plutôt qu'un western, Age-Scarpelli avaient écrit une espèce de comédie se déroulant dans l'ouest. »[2]
Scarpelli décrit comme fatale sa rencontre avec Leone. « Dans notre profession nous devons faire preuve de curiosité et porter attention aux films des autres - de quelle façon ils fonctionnent, qu'est-ce qui s'y passe. C'était l'époque des deux westerns de Sergio Leone. Dans toute la communauté du cinéma il existe une passion secrète et infantile pour le western, donc nous avons accepté de collaborer à l'écriture de ce film, surtout qu'il voulait refaire La grande guerre en version western. Mais notre rencontre avec lui s'est avérée fatale. »[2] [3]
Vincenzoni déclara avoir écrit le scénario en onze jours[4], mais bien rapidement il laissera le projet, lorsque les rapports avec Leone se seront détériorés. Il travaillera alors plutôt sur deux autres westerns, avec des réalisateurs différents : Il mercenario (1968) de Sergio Corbucci et Da uomo a uomo (1967) de Giulio Petroni.[3]
Les trois personnages principaux (Tuco, Blondin et Sentenza) sont partiellement construits à partir d'éléments autobiographique du réalisateur, Leone. Au cours d'une entrevue, celui-ci déclara :
Le film est donc basé sur trois rôles : un arlequin, une fripouille et un méchant. Eastwood remarquera ironiquement à propos de la trilogie : « Dans le premier film j'étais seul, dans le second nous étions deux, ici nous sommes trois. Dans le prochain, je me retrouverai au milieu d'un détachement de cavalerie. »[2]
Leone était très attiré par les idées qui jaillissaient durant la préparation du film :
Leone fut aussi inspiré par une vieille histoire à propos de la guerre :
Le camp de prisonniers où sont conduits Blondin et Tuco est basé sur les bas-reliefs en acier d'Andersonville, réalisés en août 1864, alors qu'il s'y trouvait 35 000 prisonniers.[1] De plus, les scènes extérieures s'inspirèrent des archives photographiques de Mathew Brady.[2] Van Cleef raconte à ce sujet : « Le camp de prisonniers construit par Sergio était très simple : seulement quelques cabanes et des palissades. Et il était surpeuplé, mais il donnait l'impression que durant la guerre civile, les choses devait être exactement comme cela. C'était comme les images que j'avais vu d'Andersonville... Vraiment comme une photographie de Brady. »[2]
À propos des décors du film, Leone raconte :
Leone n'hésite pas à insérer dans le scénario des idées personnelles : La façon dont Blondin et Tuco perçoivent la guerre est la même que la sienne. Le regard de ces deux personnages sur le champ de bataille synthétise ce que Leone voulait transmettre. De plus, grâce à quelques astuces, il arrive à créer plusieurs contrastes durant les scènes de guerre, critiquant et parfois même satirisant la guerre civile : Tuco et Blondin sont en fait les seuls à ne pas endosser d'uniformes militaires et, malgré le marasme généralisé, il font preuve d'une humanité troublante, même pour leurs propres personnages.
Le titre original du film était Les deux magnifiques bons-à-rien mais il fut changé dès le début du tournage, lorsque Vincenzoni vit en rêve le titre Le bon, la brute et le truand, qui plut aussitôt à Leone.[2]
Clint Eastwood interprète le bon, l'homme sans nom, un chasseur de primes flegmatique et arrogant qui est en compétition avec Tuco et Sentenza dans la course au trésor caché, au milieu de la guerre de sécession. Blondin et Tuco développent un relation amour-haine. Tuco connait le nom du cimetière où se trouve l'or, mais Blondin connait le nom de la tombe où il est enterré. Ils sont donc contraints à travailler ensemble et à se secourir à tour de rôle. Nonobstant cette quête avide, la compassion exprimée par Blondin pour les soldats mourant dans le carnage chaotique de la guerre est évidente : « Je n'ai jamais vu autant de gens mourir si mal » affirme-t'il. Clint Eastwood incarne celui qui est peut-être le mieux réussi de tous les personnages créés par Leone : Grandiose, laconique, un as de la gâchette soigné dans les moindres détails. La présence du cigare de Blondin est un symbole très important dans le film. Eastwood en a un à la bouche dans presque toutes les scènes, et le rallume continuellement. De plus, le cigare devient un élément clé de l'action à quelques occasions (la poursuite en suivant la piste des cigares toujours plus fraichement fumés, l'allumage de la mèche du canon et de celle des explosifs, etc.).
Son expression sombre et pensive, ses yeux à demi-fermés pourrait faire de Blondin le stéréotype idéal du « méchant ». Cependant, Leone réussi à surprendre tout le monde en créant un personnage à mi chemin entre le chasseur de prime traditionnel et le bandit, parvenant à un résultat que peut-être aucun autre réalisateur n'avait réussi à atteindre. Dans la composition de ce personnage, Leone démontre qu'il a su intégrer l'essence des grands classiques tels la tragédie grecque et l'œuvre de Shakespeare. De plus, il admettra que le personnage de Clint Eastwood est largement inspiré du style des grands auteurs latin comme Plaute et Térence.
À propos de l'interprète, Sergio Donati raconte :
La brute
Le truand