Titre original | Get Back |
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Réalisation | Michael Lindsay-Hogg |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Apple Corps |
Pays de production |
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Genre | Documentaire |
Durée | 81 min. |
Sortie |
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Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Let It Be est un documentaire musical de Michael Lindsay-Hogg, sorti en 1970. Il montre les Beatles lors des répétitions et séances d'enregistrements en pour l’album du même nom. Sorti au cinéma en 1970, il reçoit l'Oscar de la meilleure bande musicale. Commercialisé au format VHS, Betamax et LaserDisc en 1981, ce film est depuis lors non-disponible dans le commerce.
L’objet de ce film étant de montrer les Beatles jouant en direct en studio, en train de créer leur prochain album, originellement appelé Get Back, le tout s'achevant par un concert. Toutefois, au moment du tournage, le groupe commence déjà à se disloquer, et la trame de ce film est le témoignage d’une partie des événements qui ont mené à sa séparation.
En revanche, un nouveau montage intitulé The Beatles: Get Back, d'une durée d'environ huit heures sous forme d'une mini-série pour la télévision à partir de près de 60 heures de tournage restées inédites, et de 150 heures de documents sonores[n 1], est diffusé sur Disney+ fin novembre 2021. Effectué par Peter Jackson, le réalisateur néo-zélandais souhaite démontrer que « la réalité est différente du mythe » et que l'ambiance sombre, tournant autour de l'implosion des Beatles au moment de l'enregistrement de Let It Be, véhiculée dans le film présenté cinquante ans plus tôt, ne correspond pas tout à fait à la réalité des faits.
Le réalisateur Michael Lindsay-Hogg a collaboré avec les Beatles pour le tournage des films promotionnels de leurs chansons Paperback Writer, Rain, Revolution et Hey Jude. Cette dernière est filmée entourée d'un public et l'expérience est très appréciée par le groupe[1]. En , celui-ci tourne The Rock and Roll Circus, un évènement musical organisé par les Rolling Stones auquel participent notamment John Lennon et sa femme Yoko Ono[2]. Aussitôt terminé, le réalisateur se voit offrir, par Paul McCartney, l'opportunité de tourner un documentaire sur les répétitions d'un concert des Beatles.
L'idée initiale du projet était de filmer un concert intime du groupe jouant certaines chansons de l'Album blanc pour une émission spéciale destinée à la télévision. Parmi les scènes possibles, le Roundhouse de Londres et même le Cavern Club à Liverpool ont été évoqués. Après l'enregistrement du film promotionnel de leur chanson Hey Jude par Lindsay-Hogg à Twickenham, ce studio devient une alternative intéressante pour y filmer les répétitions. Comme le studio n'est disponible qu'en janvier, plus d'un mois après la sortie de l'album, l'idée de reprendre ces chansons est abandonnée et le groupe décide, avec les encouragements de McCartney, d'en enregistrer de nouvelles pour ce concert et un nouvel album[3].
Accompagné par l’équipe de tournage, le groupe se réunit à partir du dans les studios de cinéma de Twickenham, où il avait déjà tourné des scènes pour A Hard Day's Night et Help! et commence à répéter. Yoko Ono est aussi présente, assise à côté de John Lennon. L'ambiance est tendue, des désaccords apparaissent, sans compter le fait que les membres du groupe n’apprécient pas les conditions dans lesquelles ils répètent dans cet endroit particulier, sous l'œil de deux caméras tournant en continu. Chaque jour, ils se présentent au studio le matin vers dix et onze heures, ce qui les change profondément de leurs séances nocturnes habituelles aux studios Abbey Road. « Nous n'arrivions pas à nous y habituer, se souviendra Lennon. Les studios Twickenham étaient devenus un endroit cauchemardesque, où il fallait se rendre matin après matin. Nous ne pouvions vraiment pas faire de la musique dès huit heures du matin ni même à dix heures, avec ces objectifs attachés à nos moindres gestes, avec tous les techniciens gravitant autour de nous, attentifs à fixer même nos bâillements[4] ». Durant ces séances, les Beatles jouent de tout et de rien. Le groupe aborde près de cent titres[5].
Le , George Harrison, excédé, quitte ses camarades durant cinq jours, ce qui n’apparaît pas dans le film[5]. La véritable raison de son départ demeure encore obscure, un article écrit par le journaliste Michael Housego, du journal Daily Sketch[6], affirme que Lennon et lui en seraient venus aux mains ce jour-là mais ceci est clairement démenti dans une scène du documentaire Get Back[7]. Le groupe finit par abandonner Twickenham pour se rabattre sur son propre studio, dans le sous-sol du bâtiment de leur compagnie Apple, au 3, Savile Row. Harrison revient et invite leur ami Billy Preston qui accompagnera le groupe au piano électrique Fender Rhodes et à l’orgue Hammond[5].
Le film inclut des versions complètes de Two of Us, The Long and Winding Road, Let It Be, Get Back, Don't Let Me Down, I've Got a Feeling, Dig a Pony et One After 909. Cette dernière, datant du début de la carrière du groupe, avait été enregistrée en 1963 mais laissée de côté; on entend aujourd'hui cette version sur Anthology 1. Les clips des chansons The Long and Winding Road et Let It Be utilisent aussi les images de ce tournage.
Le groupe y interprète également la reprise You Really Got a Hold on Me, déjà présente sur l'album With the Beatles, et montre qu'il retrouve volontairement le son de cette époque. On entend aussi le standard, Besame Mucho, que le groupe chantait à l'époque sur les scènes du Cavern Club et de Hambourg (un enregistrement pirate est disponible sur Live! at the Star-Club) et qu'il a enregistré dans les studios de Decca et d'EMI en 1962, ce dernier aujourd'hui disponible sur Anthology 1. Entendues lors du film, ces deux chansons ne figurent ni sur l'album Let It Be ni dans le documentaire de 2021.
D'après son concept original, le film est censé s’achever par un concert, ce qui constituerait la première prestation publique du groupe depuis la fin de leur dernière tournée, le , au Candlestick Park de San Francisco. Cependant, le groupe a du mal à s'accorder sur un format. McCartney suggère d’aller jouer dans un petit club, comme les Beatles le faisaient au début de leur carrière. Lennon pense de son côté le faire le plus loin possible, comme en Afrique. On l’entend aussi dire sarcastiquement qu’ils devraient jouer dans un asile. Ringo Starr, dont le tournage du film The Magic Christian doit débuter quelques jours plus tard, veut rester en Angleterre, tandis qu'Harrison se montre réticent à toute performance publique. Lorsque Michael Lindsay-Hogg suggère que le groupe commence à jouer sans publicité préalable, espérant que le public remplirait spontanément la salle, McCartney lui réplique sèchement : « Franchement, je trouve ça complètement absurde. Bête et stupide[8]. »
N’ayant pas réussi à se mettre d’accord sur quelque lieu que ce soit, les membres du groupe optent finalement pour un concert « privé » sur le toit de l’immeuble Apple, à Londres le . Bien que la dernière journée du tournage se fera le lendemain, le film se termine avec ce « rooftop concert », en compagnie de Billy Preston, lorsque la police intervient pour mettre fin à cette prestation publique, la toute dernière des Beatles. Ce concert sur le toit aura duré 42 minutes. Le film montre également des passants surpris par le bruit émanant du haut du bâtiment vers lequel ils lèvent la tête.
Durant cette prestation en plein air, les Beatles jouent cinq titres différents : Get Back (trois fois), Don't Let Me Down (deux fois), I've Got a Feeling (deux fois), One After 909, Dig a Pony, une brève version du God Save the Queen, et, lors d'un arrêt de l'enregistrement, abordent rapidement I Want You (She's So Heavy), qui aboutira sur l’album Abbey Road. Après la dernière chanson, on entend McCartney dire : « Thanks Mo’! » (« merci Mo' ! »), saluant ainsi les applaudissements enthousiastes et les encouragements de Maureen Starkey, la femme de Ringo. Lennon conclut avec sa célèbre remarque : « I'd like to say 'thank you' on behalf of the group and ourselves, and I hope we passed the audition! » (« Je voudrais vous remercier au nom du groupe et de nous-mêmes, et j’espère que nous avons réussi l’audition ! »)[5].
On voit plusieurs extraits de ce concert dans le documentaire Anthology (1995) et un medley des chansons Don't Let Me Down et I've Got a Feeling dans le film documentaire The Beatles: Eight Days a Week (2016). De plus, les vidéoclips des chansons Get Back et Don't Let Me Down sont inclus dans les collections 1 et 1+ publiées en 2015. Le concert complet est présenté dans le documentaire The Beatles: Get Back en 2021[9].
Lorsque le tournage est complété, les kilomètres de rubans visuels et sonores découragent le groupe. L'idée originelle d'en faire une émission de télévision écartée, on décide de transférer les images en format 16mm à celui de 35mm pour une présentation en salle de cinéma. Ceci altère donc la qualité de l'image et oblige le repositionnement de toutes les prises de vues afin d'optimiser le cadrage[10]. À la suite de suggestions des membres du groupe, la durée du montage initial de Lindsay-Hogg a été réduite de 40 minutes, le documentaire aura finalement une durée de 80 minutes[11]
La tâche d'en tirer un album est placée entre les mains de Glyn Johns et ses deux tentatives d'en faire un 33 tour sont mises de côté. À part la sortie du single Get Back / Don't Let Me Down, produit par lui et George Martin, le projet est mis en veilleuse jusqu'à la sortie du film et l'album Let It Be sort enfin le , produit par Phil Spector. Ce dernier s'éloigne de l'idée de base d'avoir un son live en rajoutant un orchestre et des chœurs.
Lors de sa première à Londres le , aucun des Beatles n'est présent; ils n'ont jamais vu le film ou même écouté l'album ensemble. L'éditeur du magazine Rolling Stone, Jann Wenner (en), raconte que sa femme et lui avec John et Yoko, sont par hasard passé devant une salle de cinéma qui présentait le film à San Francisco en 1970. Sans être reconnus, le quatuor achète leur places et durant le visionnement, John est ému aux larmes de voir son groupe se disloquer de la sorte[12].
Toutes sont signées Lennon/McCartney, sauf indication contraire. L'astérisque dénote une chanson qui sera finalisée pour l'album Abbey Road et le symbole ‡, une prestation inédite au film. Les autres sont placées sur l'album Let It Be ou, pour Don't Let Me Down, sortie en single.
Le film est projeté en avant-première aux États-Unis le [13]. La première du film a lieu au Liverpool Gaumont le , peu après leur séparation. Aucun Beatle n'y assiste.
Après sa sortie en salles en 1970, ce film ne sera présenté que rarement à la télévision et pourra être vu dans des salles de cinéma de répertoire durant la décennie[10]. Le film n’est plus en circulation depuis sa sortie en 1981 dans les formats VHS (#4508-20), Betamax (#4508-30) et LaserDisc (#4508-80) par la 20th Century Fox en collaboration avec la Magnetic Video Corporation et en format vidéodisque par RCA (#RCA 01411/CM11E-V105172) utilisant la technologie mal-aimée Capacitance Electronic Disc (en) (CED)[15]. Ces copies sont d'une qualité nettement moindre que l’original sorti au cinéma. Les DVD pirates du film sont en général issus de la copie VHS.
Dans une interview donnée en , Neil Aspinall, patron d’Apple Corps, s’exprime sur l’éventualité d’une remasterisation du film pour une sortie officielle en DVD : « Le film était très controversé au moment de sa sortie. Quand nous sommes arrivés à mi-chemin de sa restauration, et que nous avons vu le résultat, nous avons réalisé que ce matériel restait polémique, et que beaucoup de vieux problèmes y refaisaient surface »[16]. Le caractère sombre du film où l'on voit le groupe en pleine implosion, a poussé Paul McCartney et Ringo Starr à s'opposer à sa réédition en DVD. En revanche, McCartney a déclaré, en 2018, qu'un nouveau montage plus positif, qui utiliserait d'autres séquences parmi les « 56 heures »[17] qui ont été tournées (et à l'aide des 150 heures d'archives sonores), sortirait en 2020 pour célébrer le cinquantième anniversaire de sa sortie[18].
Le , le jour du cinquantième anniversaire du concert sur le toit, Apple Corps annonce, qu'en plus de la restauration du film d'origine, ce nouveau documentaire verra bien le jour[19] et sera réalisé par Peter Jackson, le réalisateur du Seigneur des Anneaux[20]. Il sortirait en salles le 4 septembre 2020, distribué par Walt Disney Studios[21]. Une première fois repoussé au à cause de la pandémie de Covid-19[22], il est finalement annoncé, en juin 2021, que ce sera plutôt un documentaire télévisé de trois épisodes de plus de deux heures chacun qui pourra être visionné sur la plateforme Disney+[23].
Là où en 1970, Michael Lindsay-Hogg, avait, par ses choix de montage, participé à la légende de la dislocation du groupe, Jackson prend un angle différent dans la volonté de casser le mythe. Paul McCartney, qui a pu visionner le travail du réalisateur néo-zélandais, déclare ainsi : « il est évident que nous nous sommes bien amusés ensemble. On peut voir que nous nous respectons et que nous produisons de la musique, et c'est un vrai bonheur de voir tout ça se dévoiler »[21]. Ringo Starr explique de son côté « il y a eu des heures et des heures où nous n'avons fait que nous marrer et jouer de la musique. Il y a eu beaucoup de bonheur et je pense que Peter montre cela. Je pense que sa version sera beaucoup plus « paix et amour », ce que nous étions réellement »[21]. Peter Jackson insiste : « La réalité est très différente du mythe. Après avoir passé en revue toutes les images et l'audio tournées par Michael Lindsay-Hogg 18 mois avant la séparation du groupe, il s'agit d'un trésor historique. Il y a certainement des moments de tension, mais rien de la discorde avec laquelle ce projet a longtemps été associé »[21].
À partir du , la télésérie The Beatles: Get Back[24] commence sa diffusion en streaming mais la réédition du film Let It Be, qui a été annoncée en 2019, se fait toujours attendre[25].