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Louis Paul Cailletet
Fonction
Président
Aéro-Club de France
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 80 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière Saint-Vorles (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Liquéfaction des gaz (d), cryogénieVoir et modifier les données sur Wikidata
signature de Louis Paul Cailletet
Signature de Louis Paul Cailletet.
Vue de la sépulture.

Louis Cailletet, né à Châtillon-sur-Seine le et mort à Paris le , est un chimiste et physicien français. Il a été le premier à liquéfier le dioxygène le . Il a été nommé officier de la Légion d'honneur en 1889.

Biographie

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Après des études à Châtillon-sur-Seine et au lycée Henri IV à Paris, il entre comme auditeur libre, pour l'année 1852-1853, avec son frère Camille, à l'École des mines. Dans les grands laboratoires de physique et de chimie de Paris, Louis Cailletet devient pendant ses études l'ami de nombreux savants, parmi les plus illustres de cette époque : au laboratoire de Chimie de la faculté des Sciences et de Pharmacie : Marcelin Berthelot du Collège de France, Henri Sainte Claire Deville chimiste à l’École normale, Jean Baptiste Dumas secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, Jules-Célestin Jamin, professeur de physique à l’école Polytechnique. Ces relations, dans le monde scientifique parisien, lui serviront par la suite.

À leurs sorties de l'école des Mines, Louis et Camille feront chacun des voyages d'études en Angleterre, en Allemagne et en Autriche pour visiter de nombreux hauts fourneaux et laminoirs, en 1854 et en 1855. Louis malheureusement ne peut continuer, à son grand regret, les grandes études dont il rêve, son père Jean-Baptiste et son grand-père Claude-Phal Lapérouse vieillissent ; ils ont un besoin urgent de sa présence pour l'usine de Chenecières et le haut-fourneau de Villotte-sur-Ource.

Travaux et recherches

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Premières recherches et travaux métallurgiques

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La modernisation des installations et la surveillance des employés seront son premier travail comme ingénieur. Tout en poursuivant ses recherches et ses contacts avec les plus grands chimistes parisiens (Berthelot, Sainte Claire Deville), il travaille aux côtés de son père Jean-Baptiste, maître de forges. Louis commence par étudier la combustion des végétaux dans les fours ; il continue ses recherches en étudiant les propriétés physiques et chimiques du fer dans ses laboratoires de Villotte et Chenecières.

Sur l'emplacement d'un ancien haut fourneau, les Cailletet puis les Suquet installèrent des laminoirs entre 1855 et 1920. Ce site industriel fut transformé par la famille Seytre en fabrique de chaînes pour l'agriculture et la marine à partir de 1930.

Il remarque alors sur les tôles des imperfections. Ce sont des cloques qu'on appelle « bouillies ». Louis tente d'en recueillir les gaz occlus. Il constate qu'il s'agit, surtout, d'oxyde de carbone. Poursuivant sa recherche, il se dit que cet oxyde de carbone doit provenir de la réduction, dans les fours, d'acide carbonique ; il doit pénétrer dans le métal par suite de la perméabilité de celui-ci à la température du rouge, « fait alors ignoré ». Pour vérifier la présence d'oxyde de carbone dans les fours, il soutire du gaz de ce four par tube refroidi et constate que l'oxyde de carbone s'y trouve en abondance. Pour montrer la perméabilité du métal à cet oxyde de carbone, il insère dans le four un canon de fusil fermé à une extrémité et dont l'autre extrémité sort du four et est fortement refroidie par un courant d'air. Il constate que par cette dernière extrémité, il sort spontanément du gaz, qui, recueilli dans des éprouvettes et analysé, est bien de l'oxyde de carbone. Une autre expérience ingénieuse a été de mettre dans le four un canon de fusil aplati au laminoir et bouché à ses deux extrémités. Une fois porté au rouge, ce canon de fusil a repris sa forme circulaire sous la pression de l'oxyde de carbone qui pénétrait à travers ses parois. La preuve était faite de la perméabilité du fer et de l'acier par l'oxyde de carbone à la température du rouge.

Louis Cailletet était un passionné de biologie et de jardinage. Il avait une collection d'orchidées rares, à une époque où la première grande collection fut installée dans les serres du Sénat. Il fit et publia plusieurs études sur l'absorption du gaz carbonique par les plantes, ainsi que sur l'influence des couleurs et des rayons lumineux sur leur développement.

Louis Cailletet construit et entretien une serre d'orchidées et de bégonias ; il étudie et publie à l'Académie quelques articles de biologie. Une étude récente fait la synthèse des apports de Cailletet en ce domaine (Duranton H. et Leclerc J.C. () – « Le maître de forges Cailletet et la physiologie végétale », La vie des Sciences, 10 (2)143 - 150).

Entre 1855 et 1900, Louis Cailletet publie un nombre très important d'articles et de mémoires à l’Académie des Sciences, mais également dans les revues scientifiques de son époque, comme le Journal de Physique Théorique et Appliquée, mais aussi des articles de vulgarisation dans La Nature ou le Bulletin d’Encouragement de l’Industrie Nationale.

Malheureusement, son frère Camille, plus doué que son chercheur de frère pour la direction et la gestion de l'entreprise familiale, meurt de tuberculose en 1860. Louis Cailletet se marie avec Berthe Delaunay en à Châteauvillain en Haute-Marne. Son père Jean-Baptiste Cailletet et son grand-père Claude-Phal Lapérouse meurent également quelques années plus tard, en 1865. Louis doit alors assumer pendant encore 20 ans, avec l'aide de sa mère Élise, l'ensemble des tâches de direction de l'usine, (gestion, recherche et commercialisation).

Compressibilité des gaz, recherches sur les manomètres et thermomètres

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Pour mesurer exactement les hautes pressions et les très basses températures, il lui faut construire des manomètres fiables et des thermomètres précis, dont le meilleur est le manomètre à mercure. Personne avant lui n'avait tenté de mesurer des très basses températures, aucun appareil fiable pour ce type de mesure n'existait alors. Les manomètres du commerce n’étaient pas adaptés à ces très hautes pressions et ils n'étaient pas fiables. Aucun thermomètre ne permettait de mesurer des températures au-dessous de −80 °C. Louis Cailletet va d’abord passer 15 ans, en marge de ses activités de maître de forges, à mettre au point des appareils de mesure de hautes pressions et très basses températures avant de pouvoir s’attaquer à ce qu’il recherche depuis toujours : la liquéfaction des gaz dits « permanents ». Il établit son premier manomètre à côté de son laboratoire de Châtillon sur la falaise de l’ancien rempart le long du coteau. Comme la dénivellation est trop faible (10 mètres), un nouveau manomètre à tube de mercure est essayé en rade de Toulon ; puis un autre le sera plus tard, dans le puits artésien de la Butte aux Cailles à Paris, alors en cours de forage ; et enfin, il y aura, en 1891, celui de la tour Eiffel avec la collaboration de E. Colardeau et de Ducretet. Ils permettront de vérifier les résultats du physicien Émile Amagat, qui montra que la célèbre loi de Mariotte () n'est exacte que pour des pressions modérées, et qu'à partir d'une certaine limite la compressibilité des gaz n'est plus exactement proportionnelle au volume et à la température. Ce manomètre lui permit également de déterminer des mesures étalons jusqu'à 400 atmosphères, qui furent aussitôt adoptées par les constructeurs de manomètres du monde entier. Il envoie à chaque fois une note à l'Académie des Sciences et publie ses résultats dans des revues scientifiques.

Dès les années 1860-1870, Louis Cailletet s'intéresse à la compressibilité des gaz en commençant par la perméabilité du fer à l'hydrogène. En 1870, il installe un premier laboratoire à Châtillon-sur-Seine au premier étage d'une ancienne orangerie, où il commence par étudier la loi de Mariotte aux très hautes pressions et basses températures avec une grosse pompe hydraulique, qu'il fait fabriquer à Châtillon par son cousin Célestin Courtois dans son usine de pressoir pour la vigne. Avec ses amis physiciens et chimistes parisiens E. Colardeau et Émile Mathias, Louis Cailletet commence alors par mettre au point des appareils de mesure des hautes pressions et des très basses températures, qui feront l'objet de nombreuses communications à l'Académie. « Il crée ainsi, suivant le mot de son maître, devenu bientôt son ami, puis son confrère Sainte Claire Deville, une chimie nouvelle, celle des hautes pressions[1] ».

Louis et son épouse Berthe passent l’hiver 1870-1871 à Châtillon-sur-Seine dans leur maison de la rue Saint-Jean, accueillant soldats et officiers prussiens.

Liquéfaction du dioxygène et du dioxyde d'azote

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En novembre 1877 dans son laboratoire de Châtillon-sur-Seine, il réussit à liquéfier l'acétylène, puis le dioxyde d'azote par le froid intense résultant d'une décompression brusque du gaz fortement comprimé à 200 bar, puis refroidi à l'aide de différents gaz liquéfiés, dont l'éthylène bouillant à −29 °C) à la pression atmosphérique.

La même année il réussit le premier à liquéfier le dioxygène. Il y parvient le en produisant des gouttelettes d'oxygène liquide par une méthode différente de celle utilisée par son collègue genevois Raoul Pictet, en utilisant l'effet Joule-Thomson. Dans sa technique, le dioxygène est comprimé à 200 bar, puis refroidi à −29 °C. Il subit ensuite une dilatation brutale ; cette détente de 200 atm doit, théoriquement, produire un refroidissement de l'ordre de 200 °C, aboutissant à l'apparition de fines gouttelettes d'oxygène liquide. Dans les années qui suivirent, entre 1878 et 1886, Louis Cailletet a l'idée d'améliorer son système en séparant le tube de liquéfaction de la cuve à mercure, qui congèle à −39 °C, pour refroidir l'oxygène sous vide à des températures inférieures.

L'appareil de liquéfaction de Cailletet est composée d'une pompe hydraulique de 0-300 bars, d'une cuve à mercure, d'un tube de liquéfaction avec son système de refroidissement et d'un manomètre.

Cela devrait lui permettre d'obtenir une liquéfaction plus stable et plus importante ; mais ce seront ses confrères polonais, qui le réussiront avant lui. Sa petite pompe hydraulique et son appareil de liquéfaction, composé d'une cuve à mercure et d'un tube de liquéfaction, seront fabriqués et commercialisés par les établissements Ducretet à Paris (Thomson) dès 1878. Elle servit, entre 1878 et 1950, à tous les grands laboratoires de recherche et d'enseignement pour l'étude de la liquéfaction des gaz, comme l'oxygène et l'azote, mais également l'hydrogène par Dewar.

En 1883 deux Polonais, Zygmunt Wróblewski et Karol Olszewski, réussissent une liquéfaction stable de quelques décilitres d'oxygène puis de l'azote. En 1898, l'Anglais Sir James Dewar liquéfie l'hydrogène à −240 °C et enfin le , Kamerling Onnes réussit le dernier des gaz « récalcitrants », l'hélium, à −270 °C, à l'université de Leyde aux Pays-Bas

Cette dernière découverte ouvrira le champ d'une nouvelle aventure, celle de la supraconductivité. Avec de nombreux chercheurs et enseignants des universités et grandes écoles parisiennes, comme Colardeau, Mathias, Bouty, Hautefeuille, Cailletet fit de nombreuses recherches et publications en ces domaines. Sa correspondance montre, qu’il est en contact avec de nombreux chercheurs étrangers à travers toute l’Europe : Raoul Pictet à Genève en Suisse, Andrews et Dewar de la Royal Society de Londres en Angleterre, Bleekrrode à La Haye et Onnes de l’université de Leyde aux Pays-Bas ; les professeurs Wróblewski et Olszewski, de l’Université de Cracovie en Pologne, suivirent les expériences de Cailletet à Paris, et achetèrent, comme de nombreux chercheurs à travers toute l’Europe, sa machine chez Ducretet dès .

Ces travaux valent à Louis Cailletet, et à son collègue Raoul Pictet, de recevoir, ensemble, la médaille Davy en 1878. Louis Cailletet est élu membre de l'Académie des sciences en 1884. Toutes ces découvertes sont à l'origine de l'industrie moderne du froid, de la cryogénie et des hautes pressions. Louis Cailletet aurait pu se reposer sur ses lauriers, mais sa remarquable faculté d'invention ne le lui permettait pas. Ces publications, qui suscitèrent un grand enthousiasme, tant dans le monde savant, que dans le public, furent suivies d'une série de recherches sur l'état des gaz au voisinage de leur point critique, sur la production des grands froids par l'évaporation des gaz liquéfiés, la conductibilité électrique et la densité de ces liquides[2]. C'est, grâce à ces recherches, qu'est née l'industrie moderne du froid, qui va révolutionner l'industrie et la vie moderne au XXe siècle. Louis Cailletet s'intéresse, alors, plus à ses recherches et à ses publications à l’Académie des Sciences, qu’à la direction d’une forge en perte de vitesse, et à la commercialisation de sa production dans une région, sans grands moyens de communications fluviales et ferroviaires. En 1887, Louis vend Chenecières à son beau-frère Émile Suquet ; il liquide le haut fourneau de Villotte, déjà fermé depuis plusieurs années. Son épouse Berthe Delaunay meurt en 1889 ; aussi Louis Cailletet, n'ayant plus d’attache à Châtillon-sur-Seine, part, pour une retraite bien méritée, mais qui restera très active, s'installer à Paris, boulevard Saint Michel, à deux pas de l'Institut, du laboratoire de chimie de l'École normale, et face à l'École des Mines.

Expériences à la Tour Eiffel

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Après l'Exposition universelle de 1889, et pour justifier, aux yeux du public parisien, l'utilité de sa tour, Louis Cailletet est invité par son ami, bourguignon comme lui, Gustave Eiffel à construire deux laboratoires dans la nouvelle tour[3].

Il y construit le grand manomètre de 300 mètres inauguré le , ainsi que le laboratoire pour l'étude de la chute des corps en 1891-1892, qui est installé sur la deuxième plate-forme de la tour Eiffel, à 120 mètres au-dessus du sol. Le grand manomètre va servir de mesure étalon pour la fabrication de tous les manomètres industriels[4].

C'est là, qu'ils firent des expériences avec leur collègue physicien Eugène Colardeau, sur la résistance de l'air et la chute des corps, c'est-à-dire, les lois de la résistance, que l'air oppose aux corps en mouvement, données nécessaires à la science de l'aviation, qui allait bientôt naître. Comme on commence à parler des « plus lourds que l'air », il commence à déterminer un coefficient (Cx) pour mesurer la résistance de l'air à un profil donné.

Louis Cailletet sépare le tube de liquéfaction du trépied et de la cuve à mercure, pour faire le vide sur le liquide de refroidissement, et ainsi, atteindre des températures d’ébullition du liquide de refroidissement inférieures à -39 °C, température de congélation du mercure.

Applications scientifiques et industrielles de la liquéfaction de l'azote et de l'oxygène

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Dès 1903, d'Arsonval s'exprimait ainsi : « La liquéfaction de l'air n'est pas seulement une révolution scientifique, c’est aussi et surtout une révolution économique et sociale ». Toutes ces découvertes sur les gaz sont à l’origine de l’industrie moderne du froid, de la cryogénie, des très basses températures et des hautes pressions. Parmi leurs très nombreuses applications, on peut citer aujourd'hui la conservation des aliments, la médecine (conservation des organes, banque du sperme), l'industrie des métaux, la conquête spatiale (l'oxygène servant de comburant pour fusées). « Ainsi, un siècle après les essais de Cailletet, l'industrie du monde entier produit d'énormes quantités de ce gaz liquéfié, aux propriétés vraiment remarquables et il serait bien imprudent de vouloir fixer une limite à ses applications ».

La liquéfaction des gaz a eu, depuis, des applications dans de nombreux domaines : domestiques, industriels, médicaux, culinaires et spatiaux.

L'Aéro-Club de France

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Louis Cailletet fut l'un des premiers fondateurs de l'Aéro-Club de France en 1898 (il a 66 ans) Il s’intéresse, dès leur création aux ballons-sondes, que viennent de réaliser et lancer (le ), le savant Gustave Hermite, et l’aéronaute écrivain Georges Besançon (1866-1934). Cailletet encourage de tout son pouvoir les deux jeunes chercheurs, qui projettent de passer au-dessus du pôle Nord en ballon. Cailletet construit un appareil de « prise » de vues. Il participe, en 1896, à la conférence internationale de la météorologie de Paris, présidée par Mascart. Gustave Hermite a développé un plan national d'expérimentation de ballons habités ou non, devant une commission composée de grands noms : Andrew, Assmann, Berson, Besançon, Cailletet, Erk, de Fonveille, Hergesell, Hermite, Jaubert, Pomotzew de Saint-Pétersbourg, et Rotch de Boston. L’alimentation des ballons, au moyen de gaz liquides emportés dans des récipients solides, l’intéressa particulièrement. Il fut, aussi, un de ceux, qui encouragèrent les recherches sur les cerfs-volants, et qui firent prendre à cet appareil, une place, qui n’est pas négligeable, ni scientifiquement, ni pratiquement dans l’outillage de l’aéronautique.

Capteur d'air stratosphérique pour ballon-sonde

Cailletet conçoit un appareil de prise d’air en haute altitude, monté sur un ballon-sonde permettant, grâce à une horloge, d’aller effectuer des prélèvements d’air, dans la stratosphère (15 000 m), et à toutes les latitudes, des échantillons de fluide atmosphérique, et de les ramener au sol pour analyse. Il étudie et monte des expériences avec des ballons-sondes, pour l'étude de l'atmosphère et faire des photos aériennes, avec un appareil à déclenchement automatique muni d'une horloge. Avant de contribuer à la fondation de la commission internationale d’aérostation scientifique, et pour développer et coordonner dans le monde entier les observations météorologiques par ballon-sonde.

Cailletet provoque la création de la commission scientifique d’aérostation, qui effectue les mêmes recherches en France. Cette commission siège à l’Académie des sciences, et réunit l’hydrographe Jean-Jacques Bouquet de La Grye (1827-1909), le physicien Éleuthère Mascart (1837-1908), Cailletet, le physicien Jules Violle (1841-1923), le prince Roland Bonaparte, le commandant Arthur Krebs (1850-1935), Angor, Léon Teisserenc de Bort (1855-1913), Gustave Hermite et Georges Besançon.

Paul Bert, en 1875, avait remis aux aéronautes des ballonnets remplis d’oxygène pour respirer en haute altitude, mais le ballon avait explosé à 8 000 m et plusieurs aéronautes étaient morts. Cailletet invente, en 1901, un masque permettant de vivre en haute altitude grâce à l'inhalation d'oxygène mélangé à l’air ambiant. Dans les bouteilles thermos inventées par d'Arsonval, l'oxygène liquide peut être transporté et, par ébullition, transformé en gaz qui se combine à l'air.

L'hommage, rendu par le général Auguste Hirschauer, directeur de l'aéronautique militaire française en 1913 : « C’est au cours des travaux préparatoires de l’exposition universelle de 1900 que j’eus, pour la première fois, l’honneur d’être présenté au maître que nous pleurons. C’est au cours des congrès et des concours aéronautiques de 1900 que je fus amené à collaborer à ses travaux ».« C'est sous son égide, sage et pondérée, sous sa direction éclairée, que s'est, depuis le début, placée L'Aéro-Club de France, la société qui régit le sport aérien en France. Dire l’œuvre de Cailletet comme président de cette société, c’est décrire son développement, ses travaux, son influence grandissante et méritée ». En 1900, avec le général Hischauer, Louis Cailletet réussit à faire la première photographie aérienne du sol depuis un ballon captif. L’appareil photographique était commandé depuis le sol et avait neuf objectifs. Il fit à cette occasion de nombreux essais avec la marine à Toulon. « L'année suivante, nous allions dans l'escadre de la Méditerranée à bord de La Foudre, qui aujourd'hui reçoit nos avions marins, expérimenter un appareil de photographie aérienne, œuvre de son cerveau, et qui nous permit la même année de constituer une méthode de reconnaissance aérienne des places et des côtes ».

« C’est encore, avec l’actuel président de l’Aéro-Club de France, qu’en 1902, nous organisions le service des aéronautes des places fortes, formés de pilotes pourvus du brevet d’aéronaute de l’Aéro-Club. L’aviation naissante a pris ses règlements à l’Aéro-Club, qui délivre des brevets, dont nous reconnaissons la valeur, en obligeant tous nos pilotes militaires à passer avant tout les épreuves de ce brevet ». « Sur la demande de Cailletet, le ministre de la guerre a admis récemment les commissaires de l’Aéro-Club à contrôler les épreuves du brevet militaire pour le personnel de la réserve et de la territoriale. Hier encore, le ministre décidait, que les épreuves de brevet militaire des pilotes d’aérostats seraient les épreuves requises par l’Aéro-Club ». « C’est donc, en constante communion d’idée avec l’armée, qu’a marché l’Aéro-Club de France, de 1905 à 1913, sous l’égide de son distingué président ; c’est avec le constant concours de l’Aéro-Club de France, que l’aéronautique militaire a édifié son œuvre. Et c’est, comme chef de l’aéronautique militaire, au nom du général Roques, mon éminent chef et prédécesseur, au nom de mes collaborateurs, en mon nom personnel, que je viens saluer respectueusement la dépouille du grand homme qui n’est plus ».

Nommé, en , président de l’Aéro-Club de France, Cailletet se dépense sans compter, pour développer la cause aérienne, comme le rappelle Ernest Archdeacon, au nom de la ligue nationale aérienne, lors de son éloge funèbre : « En l’absence du président de la ligue nationale aérienne, actuellement souffrant, je crois remplir un devoir qui s’impose, en apportant au grand savant disparu, l’hommage ému de quelques milliers d’hommes, passionnés de la science aérienne, que nous représentons ici ». « Car Cailletet ne fut pas seulement le glorieux expérimentateur, mondialement connu, dont on vous a déjà rappelé tout au long les géniales découvertes, il y a un de ses grands mérites, que je tiens tout particulièrement à rappeler ici : quand mes collègues de l’Aéro-Club, et moi-même, l’avons naguère prié d’accepter la présidence, il était déjà extrêmement souffrant et fatigué, il aurait assurément décliné cette lourde charge, s’il avait considéré seulement son très grand besoin de repos ».

En 1908, il participe à la création de l'association française du froid, aux côtés de tous les grands pionniers de la cryogénie (Dewar, Linde, Georges Claude, Kammerling Onnes).

En , ses admirateurs et amis organisent une réception à Cannes, dans les salons du Carlton, pour le 25e anniversaire de l'élection de Louis Cailletet à l'Académie. S. A. le Prince, Albert Ier de Monaco, présidait le dîner. Y assistaient une centaine de personnalités, dont son altesse le Prince Roland Bonaparte, d'Arsonval, Eiffel, Berthelot, le Comte de Gramont, etc., ainsi que le Dr Paul Reignard, directeur de l'Institut océanographique de Monaco, dont Louis Cailletet avait participé à la création et dont il faisait partie au conseil d'administration.

En 1912, à Pau, le roi d'Espagne Alphonse XIII et le roi d'Angleterre Édouard VII furent reçus par l'Aéro-Club de France ; il assista à une revue d'aviation sur ce terrain en présence de Roland Garros et de Chevilliard.

Louis Cailletet ne résilie la présidence de l'Aéro-Club qu'à l'âge de 80 ans, à la veille de sa mort, survenue le . Il sera présent à tous les meeting aériens et soutiendra les jeunes aviateurs et ingénieurs qui se lancent dans cette nouvelle aventure, avec les ballons dirigeables et les premiers avions. Le comte Henry de La Vaulx, le , rend encore, dans l'église Saint-Nicolas de Châtillon-sur-Seine avant son inhumation, cet hommage à Cailletet qui éclaire singulièrement le rôle politique qu'il a joué pendant huit ans : « Cailletet était pour nous plus qu'un président, c'était un père qui accueillait tous ses enfants avec affection, avec indulgence ; il savait nous aimer, il savait nous conseiller, et lui qui avait conquis l'admiration de l'Europe entière, lui dont le nom nous était déjà familier sur les bancs du collège et représentait pour nos jeunes cerveaux la célébrité scientifique, il daignait venir diriger nos travaux, Et de sa voix calme, douce, prenante, il encourageait nos timides efforts, il les protégeait en haut lieu, et à une époque où l'aéronautique était un peu considérée comme une utopie, et où les milieux scientifiques officiels nous regardaient en souriant, il prenait notre défense, et peu à peu il nous fit ouvrir toutes grandes les portes des sanctuaires les plus fermés ». « Si l'aéronautique a actuellement gagné sa cause devant l'opinion, c'est, il est juste de le reconnaître, grâce à la hardiesse de nos pilotes, à l'intelligence de nos ingénieurs, mais aussi en grande partie grâce à l'éloquence persuasive et pénétrante de notre vénéré président dans les milieux scientifiques, éloquence persuasive qui créa peu à peu autour de nous une ambiance sympathique où nos travaux pouvaient se développer avec fruit ».

Aujourd'hui, le nom de Cailletet est honoré dans le monde entier par les thermodynamiciens et les cryogénistes. Il est considéré comme le père des basses températures et un des pionniers de la cryogénie. Le , il a fait sauter le mythe des gaz « permanents » et ouvert la porte à l'étude des très basses températures et à ses applications, qui furent découvertes, en 1911, en Hollande par son collègue Kamerling Onnes dans le domaine de la supraconductivité.

Hommages

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« Au physique, cet homme, très raisonné, dont l'ambition se fait chaque jour grandissante, la vivacité de son regard, sa parole quelque peu saccadée, le représente comme un homme, d'une activité fébrile et toujours en quête de progrès, au résumé c'est un jeune vieillard plein de vie et d'énergie qui réserve encore à la science plus d'une surprise ». (Le , dans le journal le Jour illustré.) « Bourguignon, Cailletet avait la vigueur physique, la franchise, la gaieté, la bonne humeur de sa race : si j’ajoute que, chez lui, le cœur était aussi bon, aussi généreux que l’intelligence était primesautière et l’activité prodigieuse, on devinera quel homme exquis il était dans l’intimité . » Le Dr Monin, président de la « Grappe » châtillonnaise, disait de Louis Cailletet « Bourguignon de race, il en a les qualités principales : l'amour du travail et la ténacité dans les entreprises. Toutes les récompenses qui lui ont été accordées, il ne les a jamais briguées, elles sont allées à lui comme des choses dues. Rien n'a jamais pu altérer ni sa modestie, ni l'aménité de son caractère ».

Monument à Louis Cailletet à Chenecières.

Depuis 1931, il existe la rue Cailletet dans le XIIe arrondissement de Paris, l'on trouve également des rues « Louis-Cailletet » à Châtillon-sur-Seine et à Dijon.

En 1932, sa bonne ville de Châtillon mit à l'honneur Louis Cailletet pour le centenaire de sa naissance. En 1957 puis en 1977, la ville de Châtillon et le village de Saint-Marc-sur-Seine fêtèrent dignement l'anniversaire de la découverte de la liquéfaction de l'oxygène.

Les 21-, la ville de Châtillon-sur-Seine organisa, avec l'aide de l'association des amis du châtillonnais et la famille Darbois, une exposition et des conférences pour célébrer le centenaire de la mort de Louis Cailletet[5] :

Le village de Chenecières organisa le une cérémonie devant le monument en mémoire de Louis Cailletet.

Le musée du pays Châtillonnais[8], le lycée Henri IV, le musée des arts et métiers à Paris, la faculté des Sciences de Strasbourg, etc. conservent encore aujourd'hui des exemplaires de la petite pompe et du trépied-tube de liquéfaction.

L'astéroïde (13219) Cailletet de la ceinture principale, découvert par le projet Spacewatch le porte son nom en son honneur.

Publications

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Comptes rendus à l’Académie des Sciences

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Publications de Louis Cailletet dans d'autres revues scientifiques

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Notes et références

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  1. Pierre Chevenard, « Inauguration du monument érigé à la mémoire de Louis-Paul Cailletet », Notices et Discours de l'Académie des Sciences, vol. IV, no 8,‎
  2. voir les nombreux comptes rendus de l'Académie
  3. Dominique Masson, « La famille Eiffel et le châtillonnais », sur sahc21.org (consulté le ).
  4. Merveilles du Monde, « Manomètre à air libre pour les hautes pressions », sur merveilles-du-monde.com (consulté le ).
  5. [1]
  6. [2]
  7. [3]
  8. « Agenda - Musée du Pays Châtillonnais - Trésor de Vix », sur musee-vix.fr (consulté le ).

Annexes

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Bibliographie

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Ouvrages sur les travaux de Louis Cailletet et sur la liquéfaction

Appliquée. Volume. 4.1 (1885) , p. 321-322

Articles connexes

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Liens externes

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