Lucien Goldmann
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Lucien Goldmann (né le à Bucarest, en Roumanie, et mort en le à Paris 12e[1]) est un philosophe et sociologue français d'origine roumaine.

Il a été directeur d'études à l'École pratique des hautes études (1959-1970) et un théoricien marxiste influent.

Biographie

Dans sa jeunesse roumaine, il est exclu de l’union de la jeunesse communiste, organisation clandestine en Roumanie en 1934 pour « trotskisme »[2]. Sociologue de la création littéraire, il passe à l’université de Vienne, où il suit les cours de Max Adler. Réfugié en Suisse en 1942, il y devient l'assistant de Jean Piaget et participe à ses recherches d'épistémologie génétique. De retour — en 1945 — à Paris, il entre au C.N.R.S. Après avoir exercé une influence considérable à Paris, il meurt en 1970. Cioran l'a toujours considéré comme son pire ennemi et le plus ardent des calomniateurs[3]. Georg Lukács était pour lui un maître[4]. Sa vie est partiellement racontée et romancée dans le roman de Julia Kristeva, Les Samouraïs (1990), sous le pseudonyme de Fabien Edelman ; l'autrice l'a connu personnellement lorsqu'elle a émigré en France. Il a dirigé la soutenance de thèse de Julia Kristeva.

Il était l'époux d'Annie Goldmann, née Taïeb[5].

Sa pensée

Lucien Goldmann pensait que le marxisme était alors en crise sévère et devait se renouveler pour survivre. Il rejetait la vision marxiste traditionnelle du prolétariat et contestait aussi les théorisations anti-humanistes et structuralistes alors populaires dans les cercles intellectuels de gauche français. Cette opposition peut expliquer que les travaux de Goldmann furent éclipsés, en dépit des avis de Jean Piaget et Alasdair MacIntyre qui l'appelait « le marxiste le plus fin et le plus intelligent de l'époque ». Il ne pensait pas que l'avenir de l'humanité découlerait des lois inexorables de l'histoire, mais plutôt d'un pari à faire, tel Pascal pariant sur l'existence de Dieu[6].

Goldmann a écrit dans Le Dieu caché que « la révolution, c'est l’engagement des individus dans une action qui comporte le risque, le danger d’échec, l’espoir de réussite, mais dans laquelle on joue sa vie ».

Littérature

Goldmann apporte une analyse de l'œuvre littéraire située à la jonction du structuralisme et de l'analyse marxiste, tout en les dépassant. Une œuvre littéraire est l'expression d'une vision du monde, qui est toujours le fruit d'un groupe d'individus et jamais d'un individu seul. Ceux-ci ont seulement une conscience relative de cette vision du monde. Seuls certains membres privilégiés du groupe ont la faculté de donner une forme et une structure cohérente à la vision du monde à travers leur œuvre littéraire. L'œuvre littéraire est donc toujours l'expression de la vision du monde d'un sujet transindividuel. La personnalité de l'auteur s'exprime dans sa capacité à la formuler de manière cohérente dans une œuvre imaginaire.

Goldmann confirme la thèse du matérialisme historique : « […] la littérature et la philosophie sont, sur des plans différents, des expressions d'une vision du monde, et […] les visions du monde ne sont pas des faits individuels mais des faits sociaux »[7]. Et il ajoute : « toute création culturelle est à la fois un phénomène individuel et social et s'insère dans les structures constituées par la personnalité du créateur et le groupe social dans lequel ont été élaborées les catégories mentales qui la structurent »[8].

Dans le chapitre VI de son livre Le Dieu caché, chapitre intitulé « Jansénisme et noblesse de robe », Goldmann défend la thèse selon laquelle le jansénisme est l'idéologie de la couche supérieure de la noblesse de robe[9].

René Pommier, dans son article Jansénisme et noblesse de robe ?, conteste cette thèse en donnant quatre objections fondamentales.

Jean-Yves Tadié écrit que les recherches considérables de Goldmann « sur le jansénisme méritent plus de respects que n'en ont parfois témoigné des polémistes expéditifs »[10].

Roland Barthes qualifie l'analyse de Lucien Goldmann dans ses Essais critiques comme étant « la critique la plus féconde […] que l'on puisse imaginer à partir de l'histoire sociale et politique »[11].

Œuvres

Bibliographie

Notes et références

  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 12e, n° 2526, vue 24/31.
  2. Michael Lowy, « LUCIEN GOLDMANN : le pari socialiste d'un marxiste pascalien », 6 novembre 2012.
  3. Cahiers, 1957-1972, p. 853 et 863.
  4. Greg M. Nielsen, « Esquisse d’une sociologie critique au-delà de Lukács et Goldmann », Études françaises, volume 19, numéro 3, hiver 1983, p. 83–92 (lire en ligne).
  5. Marc Semo, « Annie Goldmann, sociologue du cinéma, auteure de Cinéma et société moderne, est morte », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Mitchell Cohen 1994. « 4e de couverture »
  7. Recherches dialectiques, 1959, p. 46.
  8. Marxisme et sciences humaines, 1970, p. 27.
  9. Cf. aussi son livre Situation de la critique racinienne, 1971, p. 14-28
  10. Jean-Yves Tadié, p. 166.
  11. in Grimm, J - Hausmann, F.R. - Miething, C. : Einführung in die französische Literaturwissenschaft, Metzler Verlag, 1976.