Maison Picassiette
Présentation
Destination initiale
Habitation
Fondation
Style
Architecte
Raymond Isidore (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Propriétaire
Ville de Chartres (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Usage
Patrimonialité
Localisation
Adresse
22 rue du Repos (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Chartres, Eure-et-Loir
 France
Coordonnées
Carte

La maison Picassiette est un exemple d'architecture naïve constituée de mosaïques de faïence et de verre coulées dans le ciment. Elle est située à Chartres et dépend du musée des Beaux-Arts de la ville[1].

La maison a été construite par un seul homme Raymond Isidore[a] (), dit Picassiette, employé communal de la ville de Chartres pour laquelle il travaillait en tant que cantonnier, puis balayeur du cimetière.

Une fois sa maison construite, il eut l'idée de réaliser des fresques recouvrant tout peu à peu. Sa vie a été totalement consacrée à la construction et à la décoration de sa maison et du jardin, notamment à l'aide de débris de céramiques et de porcelaines, entre autres des assiettes qu'il se procurait dans les décharges publiques, d'où son surnom « pique-assiette ».

Considéré comme un original, Raymond Isidore connaît une médiatisation tardive : dans les années 1950, la presse s'intéresse à lui. Mais sa fin de vie, dans son espace saturé de mosaïques, est tragique. Son inspiration tarie, lui-même épuisé, il connaît des troubles mentaux. Par une nuit d'orage, il s'enfuit de chez lui à travers les champs, en proie à un délire de fin du monde. Retrouvé et ramené chez lui, il meurt peu après.

Il repose au cimetière Saint-Chéron de Chartres[2].

Description

Intérieur

Les fresques réalisées par Raymond Isidore à l'intérieur de sa maison représentent des vues du mont Saint-Michel, de Chartres et de ses alentours. Il les a agrémentées de pâquerettes faites de bouts d'assiettes cassées.

Peu à peu, tout l'intérieur des trois pièces d'habitation, murs et plafonds, s'est retrouvé recouvert de fresques rehaussées de mosaïques. Le mobilier, devant quand même être déplacé à l'occasion, a été peinturluré, mais de façon mosaïque. Le sol a été recouvert de mosaïques faites de débris de marbrerie.

Extérieur

C'est lorsque Picassiette n'a plus eu de place pour ajouter quoi que ce soit, à l'intérieur de la maison, qu'il s'est tourné vers l'extérieur et que la fresque a été complètement abandonnée au profit de la mosaïque, plus résistante aux intempéries.

Après les murs de la maison, ce sont les allées et les murs d'enceinte du jardin qui furent l'objet de cet inlassable travail de décoration.

Sont ainsi représentés :

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Sources d'inspiration

Selon sa veuve et ses deux beaux-fils, ses rêves nocturnes furent la source de son inspiration.

« Je voyais des débris de vaisselle briller dans les champs. On jette des choses, des êtres. Moi-même j'ai été un détritus: j'étais dans la misère. J'étais dans la mort puisqu'on m'a mis au service du cimetière, j'étais comme quelqu'un qui est caché, qu'on a caché. Je devais sortir, me sauver de la mort pour rejoindre mon esprit (...) On m'a mis balayeur dans un cimetière comme quelqu'un qu'on rejette parmi les morts alors que j'ai des capacités pour faire autre chose ainsi que je l'ai prouvé ».
« L'œuvre d'Isidore fut le fruit d'un profond ressentiment, l'expression d'une revendication sociale teintée d'anarchisme ».
« J'ai d'abord construit ma maison pour nous abriter. La maison achevée, je me promenais dans les champs quand je vis par hasard, des petits bouts de verre, débris de porcelaine, vaisselle cassée. Je les ramassais sans intention précise, pour leurs couleurs, leur scintillement. J'ai trié le bon, jeté le mauvais. Je les amoncelés dans un coin de mon jardin. Alors l'idée me vint d'en faire une mosaïque, pour décorer ma maison. Au début, je n'envisageais qu'une décoration partielle, se limitant aux murs. »[6]
« Je pense trop. Je pense la nuit aux autres qui sont malheureux. Ça m'empêche quelquefois d'être heureux. L'esprit m'a dicté ce que je devais faire pour embellir la vie. Beaucoup de gens pourraient en faire autant, mais non ils n'osent pas. Moi, j'ai pris mes mains et elles m'ont rendu heureux. Je voudrais être un exemple ».

Lors de la reconstruction du quartier, inspirés par Picassiette, les habitants réalisent de nombreuses mosaïques, créent une entreprise associative et le prix Picassiette.

Éléments chronologiques

Construction de la maison Picassiette

Raymond Isidore meurt le 7 septembre 1964 à 64 ans[6].

La maison Picassiette après Raymond Isidore

Hommages et postérité

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

La bibliographie est classée par ordre chronologique de date de publication.

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Pour lever toute ambiguïté, Isidore est le nom et Raymond le prénom.
  2. Veuve d'un dénommé Rolland, Adrienne est lingère, son aînée de 11 ans et mère d'une fille et de deux garçons.
  3. Contraction de pique-assiette (l'homme en trop) et Picasso de l'assiette, nous dit Patrick Macquaire, où exclusion et dérision se conjuguent (Un essai de transformation sociale, le quartier Picassiette, L'Harmattan, 2008, 2018).

Références

  1. « Les amis du musée des beaux-arts de Chartres »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur amis-musees.fr (consulté le ).
  2. Cimetières de France et d'ailleurs.
  3. Le paradis terrestre de Picassiette, Encre Éditions, Paris 1979.
  4. Le jardin d'assiettes, Éditions Ides et Calendes, Neuchâtel, 1993.
  5. Des nains, des jardins, essai sur le Kitch pavillonnaire, Hazan éditions, Paris 1999.
  6. a et b Vallès-Bled 2007, p. 3.
  7. Le monde selon Isidore, la poétique urbaine du balayeur, HD édition, Paris 2021.
  8. Fuchs 2019, p. 5.
  9. Correspondance citée par Kloos avec Louis Germain, le voisin de Raymond Isidore.
  10. « Maison Picassiette, actuellement musée Picassiette », notice no PA00097013, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  11. Hélène Bonnet, « Fait divers - La cathédrale de la maison Picassiette saccagée à Chartres », L'Écho républicain,‎ (lire en ligne).
  12. Que devient la cathédrale de Picassiette, vandalisée en février, à Chartres ?, L'Écho républicain, 21 juillet 2017.
  13. Patrick Macquaire, Le Monde selon Isidore, Éditions HD.
  14. Les Rêveurs de mosaïque : Prix Picassiette, premières rencontres internationales de Chartres, éd. Association les 3R, Chartres, 1997, 64 p. (ISBN 2-9514318-0-5) ; Les Nouveaux mosaïstes : Prix Picassiette ; 2e Rencontres Internationales de Mosaïque de Chartres éd. Association les 3R, Chartres, 1999, 83 p. (ISBN 2-9514318-1-3).
  15. Patrick Macquaire, Le quartier Picassiette, édition L'Harmattan, Paris, 2008.