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Cimetière de Montsalvy (d) |
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Pierre Marcellin Boule |
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Service géologique national (d) (à partir de ) |
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Marcellin Boule est un paléoanthropologue, paléontologue et géologue français, né le à Montsalvy (Cantal) et mort le dans la même ville. Il est connu notamment pour sa description du squelette fossile néandertalien de La Chapelle-aux-Saints 1 en 1911, qui a longtemps donné une image négative de l'Homme de Néandertal.
Licencié en sciences naturelles et en sciences physiques en 1884, Marcellin Boule travaille au Collège de France et au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, avant d'obtenir l'agrégation de sciences naturelles en 1887. Il soutient une thèse de doctorat en 1892.
Marcellin Boule occupe la chaire de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle de 1902 à 1936. Il participe à la création de l'Institut de paléontologie humaine, à Paris, et en devient le directeur[1].
La commune de Chilhac, en Haute-Loire, fait l'objet de recherches paléontologiques depuis le XIXe siècle. Des ossements fossiles sont découverts dans le gisement de Chilhac I dès 1875. Marcellin Boule reprend les fouilles en 1892 et décrit notamment les espèces Mastodon arvernensis et Rhinoceros leptorhinus[2].
Ce sont des vestiges humains découverts en 1844[3] sur le flanc sud du volcan de la Denise dans la commune d'Espaly-Saint-Marcel (Velay, Haute-Loire), ce squelette repose dans un terrain dont la stratigraphie complexe s'avère longtemps difficile à déterminer et donne lieu à de nombreux avis partagés[4].
Une stratigraphie complexe, car cet homme a été un témoin des éruptions du Velay et de la chaîne du Puy de Dôme - il est contemporain de la faune à Rhinoceros merckii et a été enseveli sous les cendres d'une éruption de la Denise[5].
De plus et surtout, à l'époque de sa découverte l'idée de l'ancienneté de l'espèce humaine est strictement limitée à des temps très récents, ne dépassant pas quelques millénaires. Il est impensable qu'un crâne d'Homo sapiens puisse être plus vieux que ce que dit la bible. L'authenticité des vestiges humains découverts est donc contestée : les hypothèses de fraude et / ou sépulture récente sont encore avancées en 1921 par Marcellin Boule qui, après avoir en 1892 fait « honneur au talent et au courage des naturalistes du Puy » pour soutenir l'hypothèse d'une plus grande ancienneté, se rétracte de cette position et, selon Pierre Bout, trouve « les Hommes fossiles de Denise […] trop évolués pour l'âge qu'il faut bien leur reconnaître dès l'instant que l'on admet leur authenticité »[4].
La grotte de Montmaurin, à Montmaurin (Haute-Garonne), a été rebaptisée « grotte Boule », du nom de Marcellin Boule qui en a le premier étudié les ossements, pour la différencier des autres grottes du même site après la découverte de ces dernières. Elle est à l'étage supérieur de la falaise du site, à environ 40 m au-dessus de la rivière Seygouade. Au tournant du XXe siècle, Émile Cartailhac prélève des os dans la brèche à Machairodus de la grotte de Montmaurin, dite plus tard grotte Boule. Marcellin Boule étudie ces ossements[6] et les publie en 1902[7].
Dès 1915, Marcellin Boule émet des doutes concernant l'Homme de Piltdown, fossile mis au jour en 1908 en Angleterre et présentant un crâne moderne associé à une mandibule archaïque. Boule considère à juste titre que la mandibule est définitivement simienne et ne peut être associée au crâne[8]. La fraude ne sera définitivement prouvée qu'en 1959 grâce à une datation par le carbone 14.
Marcellin Boule publie en 1911 la première étude détaillée d'un squelette relativement complet d'Homme de Néandertal, l'Homme de La Chapelle-aux-Saints, mis au jour en Corrèze le par les abbés Amédée, Jean et Paul Bouyssonie. Si sa description est extrêmement précise et détaillée, son interprétation présente un Homme de Néandertal vouté, la colonne vertébrale courbée (comme chez les gorilles) et les membres inférieurs semi-fléchis[9]. Il faudra des décennies à la communauté scientifique pour reprendre l'interprétation du fossile, influencée par certains traits pathologiques : le « vieillard de La Chapelle-aux-Saints » souffrait entre autres d'une hanche gauche déformée, d'une arthrite sévère dans les vertèbres cervicales, d'une côte brisée et d'un genou endommagé. Il avait perdu ses dents à l'exception d'un chicot, l'os alvéolaire s'étant résorbé il ne restait plus que la pars basilaris de la mandibule.
L'interprétation erronée de Marcellin Boule est à replacer dans le contexte intellectuel de l'époque, profondément marqué par l'école de pensée lamarckienne (1802), reprise par Charles Darwin (1871), postulant un redressement lent et graduel du corps humain à partir d'une posture simienne. Sa description clinique du premier squelette quasiment complet d'une espèce humaine fossile était scientifiquement rigoureuse, mais son interprétation reflétait le paradigme de l'époque.
« N'est-il pas infiniment plus honorable de descendre d'un singe perfectionné que d'un ange déchu ? »[10] (Marcellin Boule, darwiniste défendant une anthropologie non biblique).
Marcellin Boule a contribué à la publication de différentes revues ou collections, dont les Archives de l'Institut de Paléontologie humaine et L'Anthropologie, qu'il a dirigée de 1893 à 1940.
Amateur de littérature occitane et familier du mouvement félibrige, il a contribué en 1894 à fonder l'École auvergnate (Escolo oubergnato), avec Arsène Vermenouze et Louis Farges (1858-1941).