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Prix Bordin () |
Martin Aurell, né le à Barcelone, est un historien médiéviste d'origine espagnole spécialiste des Plantagenêts. Il a été naturalisé français en 1992.
Il a soutenu sa thèse de doctorat à l’université de Provence (1983) et son doctorat d'État à l’université de Provence (1994)[1]. Il est également diplômé de l’École pratique des hautes études (EPHE) en sciences historiques et philologiques.
Il a été directeur du Centre d'études supérieures de civilisation médiévale entre 2016 et 2022, directeur de la revue Cahiers de civilisation médiévale entre 2000 et 2022. Il est professeur à l’université de Poitiers depuis 1994, après avoir été maître de conférences à l'université de Rouen et à l'université Paris-Sorbonne[2]. Il a été membre de l'Institute for Advanced Study de Princeton en 1999, et de l'Institut universitaire de France entre 2002 et 2012[3].
Il est fréquemment appelé à préfacer des ouvrages concernant sa période historique, et dirige également la publication de nombreux colloques et tables rondes.
Il a préfacé un ouvrage d'Eric Le Nabour sur la série Kaamelott[4].
Élève de Georges Duby, il étudie les structures de parenté aux Xe – XIIIe siècles, en relation directe avec l'évolution des pouvoirs et de la société. Il considère ainsi que la mutation des institutions princières et l'émergence de châtellenies indépendantes autour de l’an mil accélèrent le passage de la Sippe au lignage. Son principal apport intervient cependant dans le domaine des stratégies matrimoniales dont il montre trois phases successives pour les familles comtales catalanes : mariage consanguin dans le cousinage ou Sippe avant les années 950, mariage exogamique ou hypergamique entre environ 950 et 1080 et mariage conquérant, rassembleur de terres tout au long des XIIe et XIIIe siècles. Autour de 1100, le passage du douaire (système germanique de don de terres à l'épouse par son mari) à la dot (versements en numéraire à l'époux par la famille de sa femme) comporte un changement important dans les stratégies matrimoniales, où l’hypogamie des femmes (leur rang social est inférieur à leur mari) tend à s'imposer.
Sensible aux tendances postmodernes des années 1980, ayant complété par la philologie sa formation historique, il accorde une grande importance au texte et à ses discours, ainsi qu'aux problèmes liées à la communication et à la propagande médiévales. Il montre ainsi que les chansons politiques des troubadours s'insèrent dans un vaste réseau triangulaire, où interviennent le patron, le compositeur et son public. Média par excellence du Moyen Âge, la chanson engagée atteint, grâce à sa diffusion orale par les jongleurs, voire par des amateurs, une large diffusion. Enfin, les liens entre cette composante humaine ou sociale de la littérature et l'histoire au sens strict sont au cœur de son livre sur la légende arthurienne. L’analyse du discours et la propagande politique marquent ses travaux sur l’Empire Plantagenêt et sur la contestation de la croisade. Autour d’Henri II, roi d’Angleterre, d'Aliénor d'Aquitaine et de leurs enfants de nombreux écrivains proposent une image favorable de la royauté. Non pas que leur écriture soit servilement mercenaire, mais l'existence même de ce milieu intellectuel à la cour renforce le pouvoir royal. Ces clercs s'adonnent aussi à une écriture pragmatique, administrative, qui élargit l'espace de la domination des Plantagenêt.
L'attitude des intellectuels envers la croisade a fait l'objet d’un ouvrage récent, qui montre que, loin de faire l'unanimité, la guerre prétendue sainte a toujours compté sur quelques détracteurs qui, pour être minoritaires, n’en sont pas moins actifs. Ils s'adonnent à une écriture performative, apte à modifier les comportements de l'aristocratie guerrière. Ils appartiennent, plus généralement, au monde des clercs des écoles et des cours profanes dont l'influence se fait sentir dans la chevalerie, dont ils ont tenté de civiliser les mœurs. Le type social du « chevalier lettré » est issu de ces passerelles entre le christianisme et la culture profane, entre le latin et le vernaculaire et entre l’écrit et l’oral.
Martin Aurell est le frère aîné de l'historien médiéviste Jaume Aurell[5].