Maud-Yeuse Thomas
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Voir et modifier les données sur Wikidata (64 ans)
LorientVoir et modifier les données sur Wikidata
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Sans Contrefaçon (d) (-)
Observatoire des transidentités (d) (-)Voir et modifier les données sur Wikidata

Maud-Yeuse Thomas, née le à Lorient, est une intellectuelle et militante transféministe.

Elle est cofondatrice et coresponsable avec Karine Espineira de l'Observatoire des transidentités[1] et des Cahiers de la transidentité[2]. Titulaire d'un master 2 recherche en études de genre de l'université Paris-VIII, elle a notamment codirigé les ouvrages Corps vulnérables. Vies dévulnérabilisées (2016), Transféminismes (2015), Quand la médiatisation fait genre (2014). Ses recherches actuelles portent sur une comparaison anthropologique des différents régimes sexes-genre en Europe et dans le monde.

Biographie

Maud-Yeuse Thomas est née dans le Morbihan, assignée garçon à l'état civil. Après une enfance qu'elle qualifie de solitaire[3], elle arrête sa scolarité et entre dans la vie active. À partir de 1985 elle s'installe à Paris où elle se consacre à la peinture[3]. En 1993, elle débute sa transition et suit pendant plusieurs années le protocole de l'hôpital Fernand-Widal avant de rompre avec les pratiques médicales de pathologisation qui produisent, selon ses termes, des « patients sans maladie »[3]. Elle fréquente alors le Centre du Christ Libérateur, une « église pour les gays et lesbiennes »[4] fondée par Joseph Doucé qui a pour objectif de « favoriser la reconnaissance par les Églises de la réalité digne de tout mode de vie »[4].

En 1995, elle rejoint l'Association du syndrome de Benjamin (ASB) créée par un collectif de 4 personnes trans dont Tom Reucher cette année-là[3]. Au sein de l'ASB elle fait la connaissance de Karine Espineira. Elle développe « une première militance trans associant auto-support associatif et début de politisation de la question trans »[3], marquée notamment par la création de l'Existrans en 1997, une marche qui revendique de « penser la question trans non plus du côté de la maladie mais du côté des droits »[3]. À partir de 1996 elle participe au séminaire Le Zoo où elle rencontre notamment Sam Bourcier, Marco Dell'Omodarme[5] et Catherine Deschamps. Trois axes de réflexion animent le séminaire: il s'agit de réhabiliter la culture populaire en France, au sens où elle constitue une puissante source d'identification pour les Queers, ainsi que de « faire le point sur les références queers françaises »[6] et enfin de « redéfinir en permanence ce que queer peut vouloir dire »[6]. Elle cosigne avec Karine Espineira l'article 2 lesbotrans se posent des Q de l'ouvrage collectif Q comme Queer dirigé par Sam Bourcier[6]. Elles y déconstruisent la pathologisation des trans opérée par le discours psy et problématisent « l'enjeu politique du transexualisme »[6]. Maud-Yeuse Thomas publie à la même époque des contributions dans le 3 Keller, le journal du centre gai et lesbien de Paris[7].

En 1999, elle quitte Paris pour les Alpes de Haute-Provence avant de s'installer à Marseille avec Karine Espineira en 2001. Toutes deux créent l'association trans Sans contrefaçon[8] en 2005, qui deviendra Sans contrefaçon reloaded quelques années plus tard. Maud-Yeuse mène de front son activité d'écriture et son engagement militant. Elle participe notamment aux Universités d'été euro-méditerranéennes des homosexualités (UEEH), où elle crée des ateliers trans et intersexe avec Vincent Guillot, ainsi qu'au Centre évolutif Lilith[9], association féministe lesbienne de Marseille[3].

En 2010, l'association Sans contrefaçon est mise en veille : Maud-Yeuse Thomas lance l'Observatoire des transidentités[1] avec Karine Espineira et Arnaud Alessandrin. L’Observatoire des transidentités (ODT) est un site indépendant d’information, de productions de savoirs et d’analyses sur les questions trans, inter et les questions de genre. Il œuvre à dé-hiérarchiser les distinctions entre savoirs militants et académiques dans une perspective de dépathologisation des savoirs[1],[3]. Dans le sillage de l'ODT, elle codirige La Transyclopédie: tout savoir sur les transidentités, première encyclopédie trans en langue française publiée en 2012[10]. En 2013, elle lance la collection 'Les cahiers de la transidentité'[2] qu'elle codirige depuis aux éditions l'Harmattan. En 2016, elle obtient un Master en Études de Genre à l'Université Paris 8.

Nourrie des racines queer, elle oriente ses travaux vers le transféminisme, à l'intersection des études féministes et des trans studies. Elle analyse la transidentité comme « la conséquence socio-historique de l'inégalité structurelle de notre société »[3] à travers les binarités homme-femme, sain-pathologique. Ses recherches actuelles portent sur une comparaison anthropologique des différents régimes sexes-genre en Europe et dans le monde.

Publications

Coordinations d'ouvrages collectifs

Articles dans des revues à comité de lecture

Chapitres d'ouvrage

Préface et postfaces d'ouvrage

Réalisation d'un documentaire

Ce documentaire porte un regard sur ces familles dont l’un de deux parents est une personne trans, en cours de transition. Généralement oubliée voire niée, la parentalité pose un éclairage neuf et surtout opposé au discours ambiant fondé sur la médicalisation et la moralisation d’un prétendu individualisme et un trouble de l’identité que le sujet du transsexualisme véhiculait jusqu’à présent.

Notes et références

  1. a b et c Observatoire des transidentités, « Observatoire des transidentités », sur Observatoire des transidentités (consulté le ).
  2. a et b « Collections Cahiers de la transidentité », sur www.editions-harmattan.fr (consulté le ).
  3. a b c d e f g h et i Christine Bard, Sylvie Chaperon, Dictionnaire des féministes, (œuvre écrite)Voir et modifier les données sur Wikidata.
  4. a et b « Église œcuménique », sur eoccl.free.fr (consulté le ).
  5. Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Marc-Olivier Lagadic, « Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne : Page personnelle de Marco Renzo Dell Omodarme », sur www.univ-paris1.fr (consulté le ).
  6. a b c et d Bourcier, Marie-Hélène. et Zoo (Association), Q comme queer : les séminaires Q du Zoo (1996-1997), Lille, Gai Kitsch Camp, , 125 p. (ISBN 2-908050-46-3, OCLC 44618104, lire en ligne).
  7. « Avril 1994, bienvenue chez vous. Chronique parue initialement dans la lettre d’information Genres du mois d’avril 2015. », sur Yagg, (consulté le ).
  8. « Association Sans Contrefaçon », sur sans.contrefacon.free.fr (consulté le ).
  9. « Centre Évolutif Lilith » (consulté le ).
  10. « La carte des transidentités, Quentin Girard », sur liberation.fr, (consulté le ).
  11. Karine Espineira et Maud-Yeuse Thomas, « Les trans comme parias. Le traitement médiatique de la sexualité des personnes trans en France », Genre, sexualité & société, no 11,‎ (ISSN 2104-3736, DOI 10.4000/gss.3126, lire en ligne, consulté le ).
  12. Maud-Yeuse Thomas, Karine Espineira et Arnaud Alessandrin, « De la militance trans à la transmission des savoirs : la place du sujet trans dans le lien social », Le sujet dans la cité, no 4,‎ , p. 132–143 (ISSN 2112-7689, lire en ligne, consulté le ).
  13. Maud Thomas, « Pour un cadre générique du transsexualisme », L'information psychiatrique, vol. me 87, no 4,‎ , p. 301–304 (ISSN 0020-0204, lire en ligne, consulté le ).
  14. Maud-Yeuse Thomas, « De la question trans aux savoirs trans, un itinéraire », Le sujet dans la cité, no 1,‎ , p. 120–129 (ISSN 2112-7689, lire en ligne, consulté le ).
  15. Mouvements.info, « La Controverse trans », Mouvements,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Mazens, Julie, « La transparentalité aujourd’hui », sur www.txy.fr, (consulté le ).