Le syndrome de mort subite du nourrisson (MSN) est la mort soudaine du jeune enfant, âgé d'un mois à un an et apparemment en bonne santé, lors de son sommeil. Le syndrome est aussi connu sous son acronymeanglais SIDS (Sudden Infant Death Syndrome). Le terme médical français exact en 2008 est mort subite inexpliquée du nourrisson (MSIN). En 2009, le terme de mort inattendue du nourrisson (MIN) est désormais utilisé afin de prendre en compte tous les cas de mort survenant brutalement chez un nourrisson alors que rien, dans ses antécédents connus, ne pouvait la laisser prévoir[1].
Son incidence est variable selon le pays. La Nouvelle-Zélande a, par exemple, une incidence près de dix fois supérieure à celle du Japon[2]. Elle tend à fortement diminuer, surtout à partir des années 1990, pour se stabiliser après les années 2000[3]. Le taux aux États-Unis en 2004 est proche de 1 cas pour 2 000 naissances[4].
L'autopsie permet d'identifier une cause précise dans un cas sur dix, le plus souvent respiratoire ou infectieuse[5]. Une anomalie génétique cardiaque (syndrome du QT long) est retrouvée également dans un cas sur dix[6].
Dans les autres cas, des facteurs de risque ont été déterminés et la lutte contre ces derniers a permis la chute spectaculaire du nombre de morts de nourrissons dans les années 1990 (plus de 75 % en France)[réf. nécessaire] :
la position de couchage sur le ventre[14] et sur le côté [15] ;
un partage du lit avec une autre personne[16] appelé aussi co-dodo ;
le sexemasculin est deux fois plus victime de cette pathologie[2] ;
d'après plusieurs études, le non-allaitement est un facteur de risque important[20] ;
l'encombrement du lit empêchant la libre circulation de l'air : tour de lit, peluche, etc.
Un milieu social défavorable majore également le risque de mort subite, probablement du fait d'une plus grande fréquence de facteurs de risque reconnus[21].
Il existe une composante génétique, non encore identifiée, avec des formes familiales[22]. Une déficience en acyl-CoA déshydrogénase à chaine moyenne (MCADD), enzyme impliquée dans le catabolisme des lipides, a été identifiée dans de nombreux cas de morts subites chez le nourrisson. Le glucose étant le principal carburant de la cellule après l'apport alimentaire, le catabolisme des lipides est important entre les prises de nourritures puisqu'il assure l'apport énergétique de la cellule lorsque la glycémie baisse et constitue 80 % de l'apport en énergie des cellules cardiaques. La mort subite chez le nourrisson atteint d'une déficience en MCAD peut être causée par un déséquilibre entre l'oxydation des acides gras et du glucose. Un autre facteur de risque est une canalopathie, maladie due à un dysfonctionnement de canaux ioniques jouant un rôle crucial dans la contraction des cellules cardiaques.
Près de 10 % des morts subites n'ont cependant aucun facteur de risque reconnu[2].
Un déséquilibre de sérotonine pourrait expliquer 50 % des cas de mort subite du nourrisson[23].
Une autre hypothèse serait possiblement infectieuse avec la présence de certains germes trouvés de manière plus fréquente chez les morts subites inexpliquées par rapport aux morts subites à cause identifiée[24]. L'explication de cette corrélation n'est cependant pas claire.
Il est, pour l'instant, inconnu. L'hypothèse en vogue serait un problème d'automaticité de la respiration ou des fonctions végétatives due à une maturation neurologique insuffisante[2]. L'absence, ou le caractère incomplet, de réveil malgré la présence de stimulus physiologiques pourrait être un facteur aggravant[25]. L'absence de respiration réflexe (« gasp ») en cas de défaut d'oxygénation du cerveau, pourrait être également l'un des mécanismes[26].
L'enfant doit être couché sur le dos. Des campagnes d'information ont été lancées dans plusieurs pays à la fin des années 1990 à ce sujet, notamment la campagne canadienne[27], ce changement d'attitude ayant pu réduire le risque de mort subite de moitié[14].
Le matelas doit être ferme. Les couvertures et les éléments de literie trop mous sont à éviter. Le couchage de l'enfant doit être séparé de celui des parents ou d'un autre enfant. Il faut éviter le surchauffage et le tabagisme autour des nourrissons.
Les bébés qui dorment dans une chambre où un ventilateur brasse de l'air réduit de 72 % le risque de faire une MSN comparativement à des enfants qui dorment sans ventilateur[28]. Il importe de réduire le confinement et le fait que le bébé inhale du dioxyde de carbone qu'il a exhalé[29]. D'autres études sont nécessaires pour mieux déterminer les relations entre les différents types de ventilation et les risques de MSN (pour écarter les biais potentiels de l'étude princeps).
La prise en charge psychologique des familles ayant eu un cas de mort subite du nourrisson est souvent nécessaire. La peur d'une récidive chez un autre enfant en bas âge est toujours présente mais le risque, même s'il est statistiquement majoré, reste extrêmement faible, inférieur à 1 %[2].
Plusieurs entreprises commercialisent des capteurs (fréquence cardiaque, mouvements respiratoires, oxymétrie…) reliés à un téléphone. Leur intérêt n'est cependant pas établi et ils n'ont pas l'agrément comme dispositif médical. Ils peuvent être anxiogènes en raison des alarmes non justifiées[30].
↑Lorsque les examens radiologiques, toxicologiques ou l'autopsie permettent de déterminer une cause précise au décès, la Haute Autorité de santé recommande d'utiliser le terme de mort inattendue du nourrisson ; lorsqu'ils ne permettent pas de déterminer l'origine polyfactorielle de la mort, la HAS recommande d'employer le terme de syndrome de mort subite du nourrisson.
↑(en-US) Alan W. Cashell, « Homicide as a Cause of the Sudden Infant Death Syndrome », The American Journal of Forensic Medicine and Pathology, vol. 8, no 3, , p. 256 (ISSN0195-7910, DOI10.1097/00000433-198708030-00012, lire en ligne, consulté le )
↑Cécile Daumas, « La mort cachée des bébés », sur Libération, (consulté le ) : « «Déjà éprouvés par la mort de leur bébé, les parents sont épouvantablement choqués qu'on puisse les soupçonner», explique le Pr Michel Roussey du CHU de Rennes. Lors d'un colloque en novembre à l'université Rennes-II, ce pédiatre très engagé dans la lutte contre les maltraitances évoquait les cas problématiques de morts subites du nourrisson. Grâce aux nouvelles recommandations de couchage (sur le dos et non plus sur le ventre), ces décès que la médecine peine toujours à expliquer ont diminué de 75 % depuis quinze ans. «Bien évidemment, nous croyons la grande majorité des parents car 90 % des morts subites de nourrisson sont bien réelles, dit le Pr Roussey. Malheureusement, quand l'enfant a été mis en danger, nous ne devons pas les croire. Environ 10 % des morts subites du nourrisson sont en fait des homicides masqués.» »
« It is estimated that among cases of sudden infant death, the incidence of infanticide due to intentional suffocation is less than 5%. Although intentional suffocation with a soft object (e.g., a pillow) is virtually impossible to distinguish from SIDS at autopsy. »
« Child homicide, especially by the mother, is by its very nature difficult to detect. [...] Paediatric pathologists and forensic pathologists say that parental or adult intervention may have occurred in 20-40% of the cases of so called sudden infant death syndrome with which they are involved. »
↑« The Infamous Brad - Not That the Actual Forbidden Knowledge is as Interesting as That There Is Forbidden Knowledge », sur web.archive.org, (consulté le ) : « One of the researchers, she says, was an epidemiologist who, in the process of trying to quantify his hunch, initiated a study in which social workers and police very, very intensively interviewed and background checked a long string of crib deaths that had been explained away as unexplained random respiratory failure. It turns out that his equation was able to predict, with high (but not absolute) reliability, which infants had actually been the victims of homicide or malign neglect. If the infant was a boy when the mother wanted a girl or vice versa, if the infant was born weighing less than 8 pounds, or if the mother was in any kind of economic or physical danger if this child survived, then the baby was doomed. His final estimate, from that initial study, was that seventy five percent of all SIDS cases are actually homicides. »
↑Sarah Blaffer Hrdy, « Infanticide as a Primate Reproductive Strategy: Conflict is basic to all creatures that reproduce sexually, because the genotypes, and hence self-interests, of consorts are necessarily nonidentical. Infanticide among langurs illustrates an extreme form of this conflict », American Scientist, vol. 65, no 1, , p. 40–49 (ISSN0003-0996, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Sridhar R, Thach BT, Kelly DH, Henslee JA. « Characterization of successful and failed autoresuscitation in human infants, including those dying of SIDS » Pediatr Pulmonol. 2003;36:113-122 PMID12833490
↑« Contre la mort inexpliquée du nourrisson - Faut-il mettre un ventilateur dans la chambre des bébés ? », Le quotidien du médecin, no 9434, 7 octobre 2008, p. 8
Haute Autorité de Santé. « Prise en charge en cas de mort inattendue du nourrisson (moins de 2 ans) ». Recommandations professionnelles. Saint-Denis : HAS, 2007. (www.has-sante.fr).
Perbos P, Topuz B. Le guide du bébé : les bons gestes de 0 à 1 an. Librio, collection Santé, Paris 2006.