Naissance |
Nara (Japon) |
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Nationalité | Japonaise |
Profession | Réalisatrice |
Films notables |
Suzaku Shara La Forêt de Mogari Les Délices de Tokyo Still the Water |
Site internet | kawasenaomi.com |
Naomi Kawase (河瀨 直美, Kawase Naomi ) est une réalisatrice et scénariste japonaise née le à Nara. Elle s'est distinguée aussi bien pour ses fictions que pour ses documentaires autobiographiques et fut primée au festival de Cannes, remportant le Grand prix pour La Forêt de Mogari en 2007, et le prix du jury œcuménique pour Vers la lumière en 2017.
Abandonnée par ses parents, la jeune Naomi est élevée par sa grand-tante et son grand-oncle (cette famille adoptive sera le sujet de ses premiers documentaires). Elle étudie la photographie à l'école des arts visuels d'Osaka, dont elle obtient le diplôme en 1989, après avoir réalisé quelques courts-métrages expérimentaux[1]. Elle enseigne dans cette école pendant quatre ans[2].
Elle se marie en avec le producteur Takenori Sento puis divorce en .
Les premiers films de Naomi Kawase sont rapidement primés, d'abord au Japon, où elle obtient en 1993 le prix d'encouragement au Festival de l'image de Tōkyō pour Dans ses bras et où elle remporte la même année le prix de la presse FIPRESCI durant le festival international du film documentaire de Yamagata. Ensuite en Europe, où Suzaku, son premier long-métrage, obtient en 1997 la Caméra d'or à Cannes[3] (première Japonaise et plus jeune lauréate à obtenir ce prix[4]) et un prix FIPRESCI à Rotterdam[5]. Elle reçoit à nouveau un prix FIPRESCI en 2000 au festival de Locarno (en Suisse) pour Les Lucioles[6], et Shara est en compétition officielle à Cannes en 2003[7] (mais ne fut pas primé au cours de ce festival).
Elle remporte le grand prix lors du Festival de Cannes 2007 pour son film La Forêt de Mogari[8].
Ses réalisations, aux budgets relativement modestes, sont produites et distribuées par des indépendants (dont son ex-mari Takenori Sento) ou par des chaînes de télévision. La chaîne ARTE France, en particulier, a coproduit trois de ses documentaires (Dans ses bras, La Danse des souvenirs et Naissance et Maternité), et il est arrivé que des chaînes japonaises (telles que NHK et TV Tokyo) participent. Ses films explorent généralement de nouveaux modes narratifs tout en restant fidèles à une tradition artistique japonaise ancestrale[9]. Ils abandonnent les notions d'intrigue ou de progression dramatique et mêlent éléments de fiction, images documentaires, vidéos et photographies de la société japonaise[9]. Ses longs-métrages se déroulent souvent dans un cadre rural[9]. Son cinéma tente de saisir l'essence sacrée de l'univers familier, des gestes quotidiens et des rituels sociaux et brosse une représentation mythologique, intimiste et poétique du monde contemporain[9].
Naomi Kawase a novélisé le film Suzaku et prépare une novélisation de son film Les Lucioles[10].
À l'automne 2010, elle présente son dernier long-métrage Genpin, au Festival International de Saint-Sébastien (du 17 au ). Elle y recueille les confidences des femmes suivies par le médecin obstétricien Yoshimura Tadashi, qu'elle filme au plus près, caméra 16 mm à l'épaule[11].
En 2011, elle présente en compétition au 64e festival de Cannes Hanezu, l'esprit des montagnes, en 2014, toujours en compétition, Still the Water lors du 67e festival de Cannes, puis en 2017, Vers la lumière (où la principale protagoniste exerce le métier d’audiodescripteur de films) qui obtient six nominations au 70e festival de Cannes.
De à , elle fait l'objet d'une rétrospective au Centre Pompidou[12].
Elle a été choisie pour être la réalisatrice officielle du film des Jeux olympiques de Tokyo 2020[13].
Les dates indiquées pour la sortie de ses films peuvent varier selon les sources (par exemple entre IMDB et JMDB) ; cela s'explique en partie en raison des spécificités du marché vidéo (par lequel son travail est généralement distribué). En cas d'ambiguïté, nous retenons les dates indiquées dans la filmographie de son site personnel (en japonais) et dans le dossier de presse de La Forêt de Mogari.
En 2022, la réalisatrice est accusée de harcèlement envers ses équipes[23].
« Dans l'industrie cinématographique japonaise, réaliser des films est considéré comme quelque chose dont il faut se défausser, ou qu'il faut faire en souffrant – vous êtes supposés perdre les nécessités basiques de la vie au passage. Cette condition, poursuivre un rêve, sans s'économiser, est quelque chose qui serait pardonné à un homme, mais pas à une femme. Cette sorte d'intolérance de la vieille génération est toujours apparente au Japon et c'est toujours une grande barrière à dépasser[24]. »
« Je pense que le cinéma a une histoire trop brève pour qu'on s'y réfère. La façon dont la littérature japonaise raconte des histoires, décrit les émotions humaines est très différente. Raconter des histoires c'est dire comment les gens vivent, souffrent, s'unissent et se séparent[25]. »
« Dans une vie, beaucoup de choses vous font hésiter ou trébucher sur le chemin. Je crois, dans ces moments-là, qu’on cherche quelque chose au fond de soi qui peut nous redonner de la confiance et de la force. On essaie de se trouver des forces – ce n’est pas l’argent, des voitures ou des vêtements – ce n’est pas forcément quelque chose de visible. Ça peut être le vent, la lumière, le souvenir des Anciens. Et quand on trouve ce point d’appui dans le monde, on peut être tout seul et continuer[26]. »