Nekketsu (熱血?, littéralement « sang chaud ») désigne un canevas et un procédé narratif employé principalement dans les mangas shōnen et shōsetsu (romans). Ces récits initiatiques sont directement inspirés du concept du monomythe, décrit par Joseph Campbell[1]. Osamu Tezuka est crédité pour avoir créé le genre, au travers de son manga La Nouvelle Île au trésor[1].

L'ancien rédacteur en chef du Weekly Shōnen Jump Hiroki Gotô décrit le nekketsu comme un défi à relever pour le mangaka. Celui-ci doit rendre intéressante la remise en question de son héros à travers la narration. Un mangaka maîtrisant le nekketsu doit être habile afin de narrer efficacement les moyens par lesquels les personnages vont apprendre de leurs défaites, identifier et dépasser leurs faiblesses[2].

Caractéristiques

Certaines caractéristiques du nekketsu sont récurrentes[3] :

Honnêteté (justice), esprit de groupe (amitié) et dévouement à l'intérêt général (volonté de vaincre) sont les principales valeurs véhiculées par ces mangas.

On peut décrire le style comme le voyage initiatique qui révélera la transcendance du statut du personnage principal de « plutôt banal dans l'univers dans lequel il vit » vers l’« égal d'un dieu ». Cette trame progressive est particulièrement propice au jeu vidéo, et constitue donc la base d'un très grand nombre de scénarios de jeux vidéo japonais (notamment RPG), comme les Final Fantasy.

Son Gokū, le héros de Dragon Ball, est un exemple typique de personnage ayant ces caractéristiques[4]. On peut également citer :

Histoire

Le nekketsu inclut à la fois des mangas liés au sport (comme Captain Tsubasa) et des mangas fantastiques (comme Dragon Ball). En effet, ce sous-genre du shōnen manga se définit moins par un contexte que par une structure narrative, définie ci-dessus. Historiquement, les mangas nekketsu découlent des mangas éducatifs des années 1920 destinés à édifier les jeunes garçons par des exemples de courage et d'héroïsme, dans des histoires essentiellement guerrières et patriotiques. C'est après la Seconde Guerre Mondiale que ces histoires ont été rattachées à la notion d'effort sportif (le nationalisme étant disqualifié par l'occupant américain), donnant naissance au manga sportif ou supokon, puis à des histoires de samouraïs (jidaigeki) progressivement teintées de fantastique, ou encore de science-fiction. Cependant, les valeurs de l'effort, du dépassement de soi, de la camaraderie et du sacrifice demeurent identiquement présentes dans toutes les œuvres issues de ce mouvement, quoi qu'il en soit de leurs différences superficielles[5].

Bibliographie

Notes et références

  1. a et b Vincent 2009, p. 47.
  2. Hiroki Gotô, L'âge d'or du manga, Kurokawa, p. 133 - 134
  3. Frédéric Ducarrme, « L'éthique du corps dans le manga nekketsu : l'exemple de Dragon Ball d'Akira Toriyama », dans Isabelle Guillaume, Aymeric Landot, Irène Le Roy Ladurie et Tristan Martine, Les langages du corps dans la bande dessinée, Paris, L'Harmattan, (lire en ligne).
  4. Frédéric Ducarme, « Problématiques de la paternité dans Dragon Ball », Bulles de Savoir,‎ (lire en ligne).
  5. Frédéric Ducarme, « Les mangas nekketsu shōnen sont-ils des mangas sportifs ? L’exemple de Dragon Ball », Comicalités,‎ (lire en ligne)

Articles connexes