Olga Bancic | |
Plaque en mémoire de Olga Bancic, posée au 114 rue du Château à Paris (14e). | |
Surnom | Pierrette |
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Naissance | [1] Chișinău, Bessarabie, ![]() |
Décès | (31-32 ans) Stuttgart, ![]() |
Première incarcération | Prison de Fresnes, ![]() Karlsruhe, ![]() |
Origine | moldave |
Allégeance | FTP-MOI |
Cause défendue | Résistance |
Hommages | Médaille de la Résistance plaque à sa mémoire sur un des murs du carré des fusillés du cimetière d’Ivry-sur-Seine |
Famille | Alexandre Jar (mari), Dolorès (fille) |
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Olga (ou Golda) Bancic[2] dite Pierrette, née le [3],[4],[5], le [6] ou le [7], selon les sources, à Chișinău (en russe : Кишинёв) en Bessarabie[3],[4], et morte guillotinée le à Stuttgart, est une immigrée roumaine, juive et communiste, soldat volontaire des FTP-MOI de la région parisienne.
Olga naît dans une famille nombreuse juive de la province alors russe de Bessarabie[3],[4]. Cette région roumanophone (en actuelle Moldavie) déclare son indépendance, puis rejoint la Roumanie en 1918[3]. Le père, un modeste agent municipal, ne peut assurer la subsistance de sa famille, tous ses enfants doivent travailler. Olga, sixième de la fratrie, est placée dans une fabrique de gants à l’âge de 12 ans. Les dures conditions de travail [8] déterminent la jeune Olga à prendre part en 1924 à une grève et à une manifestation dans sa fabrique[3],[4]. En 1929, elle épouse l'écrivain Solomon A. Jacob, connu sous le nom d'Alexandru Jar (ro)[4] (1911-1988 ; jar signifie « braises » en roumain). Devenue communiste, elle est arrêtée par la Sûreté roumaine, incarcérée[4], maltraitée[3] et battue[9]. De 1933 à 1938, elle est un membre actif du syndicat ouvrier local[3] mais continue la lutte syndicale malgré les dangers encourus. Militante au sein des jeunesses communistes de Roumanie elle participe à la création d'un « Front populaire contre le fascisme », où elle croise sa toute jeune compatriote Hélène Taich[10]. Plusieurs fois arrêtées, condamnées et emprisonnées, elles sont traquées et se réfugient en France[9].
Arrivée en France en 1938[3],[4], Olga poursuit des études à la faculté de lettres[7] où elle retrouve son mari[7], qui combat pendant la guerre d'Espagne dans les Brigades internationales[11]. Le couple aide les Républicains espagnols en envoyant des armes au groupe franco-belge "Pauker" de la 35e division des Brigades internationales, commandé par le français Gaston Carré et le roumain Valter Roman (pas encore père du futur Premier ministre roumain Petre Roman)[12].
En 1939, elle donne naissance à une fille, Dolorès[3],[4] dite Dolly, prénommée ainsi en hommage à Dolores Ibárruri, dite La Pasionaria[13].
Après l'invasion de la France par les nazis et la rupture du pacte germano-soviétique, Olga Bancic confie sa fille à une famille française et s'engage en 1942 dans l'organisation clandestine Main-d'œuvre immigrée (MOI) des étrangers communistes et dans le mouvement de lutte armée de cette organisation, les FTP-MOI[3],[4]. Sous le pseudonyme de « Pierrette », elle est chargée de l'assemblage des bombes et des explosifs[3], de leur transport et de l'acheminement des armes avant et après les opérations[3],[4],[14]. Elle a ainsi participé indirectement à une centaine d'attaques[14]. Arsène Tchakarian indique[15] :
« Anna Richter et Olga Bancic devaient, à l'heure dite, apporter les grenades et les revolvers puis devaient les récupérer après l'action ce qui les exposait terriblement après l'attentat, le quartier étant bouclé par les forces de sécurité allemandes…[15]. »
Sous le nom de Mme Martin demeurant no 8 rue des Ciseaux, elle louait une chambre située no 3 rue Andrieux ou elle entreposait les armes. Elle demeurait réellement au no 114 rue du Château[16].
Salomon Jacob est arrêté en septembre 1941. Un rapport de police, du , mentionne Olga Bancic à propos de l’évasion de son ami de l’hôpital Tenon, le [7]. Il est interné au camp de Drancy (elle dit « ignorer ce qu’il est devenu »[7]).
Arsène Tchakarian indique qu'« elle participa à une centaine d'attaques contre l'armée allemande menés par le groupe Manouchian. » Elle est arrêtée à Paris par les Brigades spéciales (BS2), le [3], en même temps que Marcel Rayman[7] et Josef Svec[4]. Soixante-huit membres des FTP MOI sont interpellés et vingt-trois d’entre eux sont emprisonnés à la prison de Fresnes en attendant d'être jugés[4].
La concierge du 3 rue Andrieux s'inquiétant de l’absence de madame Martin qui de ce fait ne réglait pas la location de la chambre, prévient la police. Le , les policiers du commissariat du quartier de l'Europe perquisitionnent la chambre et y trouvent : 13 grenades Mills, 3 pistolets, 1 browning, 3 revolvers à barillet, 60 bombes, 3 cartouchières garnies, 1 sac d’accessoires pour engins incendiaires, plusieurs boîtes de cartouches, 1 boîte de plaques incendiaires, 1 boîte d’explosifs.
« Avant le procès, des milliers d’exemplaires de « l’Affiche rouge » montrant le visage de dix membres du groupe de Missak Manouchian sont placardés dans tout Paris[4]. »
Le [17], les 23 prisonniers sont condamnés à mort par une cour martiale allemande, réunie à Paris le [18]. Pour Adam Rayski, l'existence d'un procès public, et l'allégation que les accusés auraient comparu dans une salle d'audience, est « un énorme mensonge de la propagande allemande et vichyssoise[19] ».
Olga, qui a été atrocement torturée au nerf de bœuf[20], est transférée en Allemagne le , tandis que les vingt-deux hommes du groupe Manouchian sont fusillés le au fort du Mont-Valérien.
Incarcérée à Karlsruhe, puis transférée le à Stuttgart[21], elle est guillotinée[3],[22] à la prison de Stuttgart, le [3] ; elle avait trente-deux ans.
Son mari, Alexandre Jar, échappe aux arrestations de . Après la Libération, il quitte les FTP-MOI et retourne avec sa fille Dolly en Roumanie, devenue communiste[13],[11],[23].
Olga Bancic jeta à travers une fenêtre une dernière lettre, datée du , adressée à sa fille, pendant son transfert à la prison de Stuttgart pour y être exécutée[4]. La note jointe, adressée à la Croix-Rouge française[4] précisait (texte dont l’orthographe est corrigée) :
« Chère Madame. Je vous prie de bien vouloir remettre cette lettre à ma petite fille Dolorès Jacob après la guerre. C’est le dernier désir d’une mère qui va vivre encore 12 heures. Merci[4]. »
La lettre adressée par Olga Bancic à sa fille (orthographe corrigée) :
« Ma chère petite fille, mon cher petit amour.
Ta mère écrit la dernière lettre, ma chère petite fille, demain à 6 heures, le 10 mai, je ne serai plus.
Mon amour, ne pleure pas, ta mère ne pleure pas non plus. Je meurs avec la conscience tranquille et avec toute la conviction que demain tu auras une vie et un avenir plus heureux que ta mère. Tu n’auras plus à souffrir. Sois fière de ta mère, mon petit amour. J’ai toujours ton image devant moi.
Je vais croire que tu verras ton père, j’ai l’espérance que lui aura un autre sort. Dis-lui que j’ai toujours pensé à lui comme à toi. Je vous aime de tout mon cœur.
Tous les deux vous m’êtes chers. Ma chère enfant, ton père est, pour toi, une mère aussi. Il t’aime beaucoup.
Tu ne sentiras pas le manque de ta mère. Mon cher enfant, je finis ma lettre avec l’espérance que tu seras heureuse pour toute ta vie, avec ton père, avec tout le monde.
Je vous embrasse de tout mon cœur, beaucoup, beaucoup.
Adieu mon amour.
Ta mère[4]. »
La liste suivante des 23 membres du groupe Manouchian exécutés par les Allemands signale par la mention (AR) les dix membres que les Allemands ont fait figurer sur l'Affiche rouge :
En Roumanie, Olga Bancic est un symbole des femmes engagées dans la résistance : à l'époque communiste son exemple était enseigné dans toutes les écoles primaires pour magnifier le sacrifice des préférences personnelles à la cause commune ; des générations d'écoliers ont pleuré à la lecture de sa dernière lettre. Des rues des grandes villes portent toujours son nom[24].
En France, elle fut l'exemple des femmes étrangères engagées volontaires dans la Résistance.