Orazio Gentileschi
Orazio Gentileschi par Antoine Van Dyck
Naissance
Décès
Activité
Lieux de travail
Mouvement
maniérisme, baroque, néo-classicisme
A influencé
Frères Lenain, Philippe de Champaigne, Laurent de la Hyre, en France - Juan Bautista Maíno en Espagne, mais également la peinture hollandaise et anglaise du XVIIe siècle
Fratrie
Enfants
Artemisia Gentileschi
Francesco Gentileschi (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales

Orazio Lomi Gentileschi, né en 1563 à Pise et mort en 1639 à Londres, est un peintre italien caravagesque de compositions pour l’essentiel religieuses. Il est le père de la peintre Artemisia Gentileschi.

Biographie

La période romaine (1576-1612)

Orazio Gentileschi est né à Pise en juillet 1563 ; son père était Giovan Battista Lomi, artiste florentin qui s'était installé à Pise, d'où sa signature de "Fiorentino". Le nom de famille Gentileschi était le nom maternel, tandis que le nom de famille paternel était Lomi, nom de famille avec lequel la fille Artemisia se signera durant une période de sa vie. Orazio avait également deux frères aînés, Baccio et Aurelio, tous deux peintres également.

À l'âge de treize ans, Orazio se rend à Rome, sous ; il est mis au service des entreprises décoratives du pape Grégoire XIII puis de Sixte V, décorations qui correspondent au dernier souffle du Maniérisme.

Entre 1587 et 1588, il travailla dans les salles sixtine de la bibliothèque vaticane[1] et il semble qu'il s'occupa des travaux d'orfèvre réalisant, en 1593, les médailles de Clément VIII. Il semble que la formation d'Orazio ait été très longue du fait de sa peinture qui a toujours été très lente et méthodique.

Ses premières œuvres dateraient de 1593, à la naissance de sa fille Artemisia : il s’agirait d'une fresque de la Basilique Santa Maria Maggiore qui représente l’épisode de la Présentation au Temple ainsi qu’un saint Taddhée dans le Transept de la Basilique de Saint-Jean-de-Latran. Dans ces deux œuvres, pourtant, il est difficile de reconnaître le style caractéristique de Gentileschi.

En 1603, au travers de la douce lumière de son âme prise en tension avec le clair-obscur du Caravage, naquit un saint François stigmatisé soutenu par un ange. Le saint apparaît décidément fatigué et peut-être presque désireux de dormir profondément, tandis que l'ange pourvu d'ailes magnifiques, soutient le corps fatigué et endolori du saint et le veille dans un regard entre compassion et amour.

En 1607, il compose le Baptême du Christ pour la Chapelle Olgiati en l'église Santa Maria della Pace.

La représentation de Sainte Cécile avec saint Tiburce et saint Valérien, aujourd'hui à Brera, remonte également à 1607. Le moment représenté est celui du mariage de Cécile auxquels un ange apparaît qui convertit les deux saints, Tiburce et Valérien, à la religion chrétienne. L'ange apporte avec lui une couronne de fleurs et la palme du martyre qui annonce le sacrifice des trois personnages. La mémoire caravagesque dans cette œuvre est très forte. On la retrouve en effet dans l'ange avec sa manière de descendre du haut de la composition, son manteau blanc, son drap vert placé dans la partie supérieure de la toile et sa brillance plastique.

En 1610, il crée le David avec la tête de Goliath.

Dans cette représentation la tête du Géant nous rappelle celle du Goliath de Caravage ; cependant, ici, elle n'est pas placée au premier plan, comme chez Caravage.

Gentileschi n’en fait pas un trophée, mais la met en arrière-plan dans un lieu où la lumière ne l'atteint pas, ce qui la rend flou par rapport à David, alors que ce dernier est complètement exposé à la lumière.

David Contemplant la tête de Goliath, Galleria Nazionale delle Marche, Urbino (propriété de l’état - aussi localisée Palazzo Spada à Rome)


L’expression de son visage semble froncée et presque dégoûtée par la mort, bien que le vainqueur semble avoir honte de son succès et garde l'arme avec laquelle il a tué Goliath presque cachée. En effet, l'arme n'est pas éclairée, et reste parfaitement dans l'ombre.

Influencé par Le Caravage dont il a été le disciple direct, il est le plus vieux des peintres caravagesques[2], même s'il s'est brouillé définitivement avec lui[3]. Il a mis dans ses œuvres de plus en plus d'accents personnels, dont une pureté des formes ; son style propre est élégant et raffiné, en oubliant les artifices de composition du maître (personnages à mi-corps, pas de perspective mais des plans successifs, ténébrisme...).

Jeune femme au violon, 1612. Detroit Institute of Arts

Entre 1609 et 1610, ses relations avec le Duc de Mantoue sont documentées ; pour ce dernier, il crée une Vierge à l'Enfant (peut-être celle de la Galerie Contini-Bonacossi ). Les relations avec le paysagiste Agostino Tassi avec qui il peint les fresques de la "Loggia di Montecavallo" (l'actuel palais Pallavicini Rospigliosi) remontent également à cette période ; les relations avec Tassi prendront fin en 1612 avec le procès intenté contre lui pour avoir abusé d'Artemisia, alors âgée de quinze ans.

En 1612, il est en effet de nouveau appelé à la cour de Rome, cette fois comme témoin à charge contre son collègue coupable du viol de sa fille, elle aussi peintre.

La Joueuse de Luth, 1612, National Gallery de Londres où l’on reconnait l’emploi de la lumière diagonale du saint Matthieu de Caravage pour l’église saint Louis des Français à Rome.

La période marchesane (1613-1621)

détail de la Vision de Santa Francesca Romana.

Après cette période romaine où il rencontre Guido Reni et Le Caravage, il travaille dans la région des Marches entre 1613 et 1621, notamment à Fabriano et à Pesaro. Il se bâtit alors une réputation exceptionnelle grâce à ses œuvres pour mécènes dans les villes d’Ancône et de Fabriano.

En 1613, il se rend donc à Fabriano dans la Marche d’Ancône où il réalise quelques retables dont celui représentant un saint François soutenu par un Ange, thème qu’il a déjà abordé précédemment.

Le sens dramatique tient en la position presque frontale du saint et de la manière de donner de l'éclat aux sujets, l'ange apparaît ici plus pensif et plus divin, il apparaît plus clair, plus plastique, plus calme que dans la version précédente ; toute la peinture est imprégnée d'un sentiment d'immobilité et c'est ce qui rend la peinture hautement poétique, de ne pas savoir si les sujets inspirent pitié ou joie en ce que le Christ les fait participer à sa souffrance.

Les fresques de la Cathédrale San Venanzio de Fabriano et celles de l'Église de San Benedetto datent de cette même période.

Dans ces œuvres, quelque chose d'un provincialisme apparait, peut-être dû au choix de ses assistants ; sans négliger les expériences picturales précédentes qui le mûrissaient lentement stylistiquement.

Tout un mélange d'impressions et d'expériences se retrouve dans la maison de la Madone de la Rose, plus connue sous le nom de Vision de Santa Francesca Romana, et sur laquelle on reste sans voix. L’effet est d’une grand poésie, par la délicatesse du colori et des expressions. Sans vouloir porter atteinte à l’œuvre de Gentileschi, le résultat nous évoque la peinture du Corrège.

À cette évocation, l'œuvre du peintre pisan en est par là-même exaltée : les nuées qui fermaient les portes du monde à la Vierge semblent être ouvertes par quelque chérubin qui s'y cache à la manière d'enfants du vent, ils sont encore là tandis que la sainte adore l’Enfant-Jésus d'un visage qui apparaît serein, heureux et conscient de l'opportunité qui lui a été réservée, tandis que le petit ange à droite regarde la vierge qui à ce moment ne semble qu'une femme suspendue dans l'attente de reprendre son bébé dans ses bras.

Autour de 1619-1621, sa période dans les Marches semble prendre fin, marquée par une demande du peintre à Francesco Maria II della Rovere pour obtenir quelques missions à Pesaro.

En France

Il se rend à Gênes à l’invitation de Giovanni Antonio Sauli. puis retourne en Toscane entre 1621 et 1624 .

Il a influencé notablement le peintre espagnol Juan Bautista Maíno.

Il séjourne en France à partir de l’été ou l’automne 1624 à la cour de la Reine-Mère Marie de Médicis.

ll peint pour le Palais du Luxembourg, La Félicité publique triomphant des dangers, probablement commandé par la reine Marie de Médicis-même.

Son séjour parisien influencera la peinture des frères Le Nain, de Philippe de Champaigne et de Laurent de La Hyre[4].

Transfert à Londres et années suivantes (1626-1639)

Charles Ier , depuis son accession au trône en 1625, n'a eu de cesse de faire venir en Angleterre les plus grands peintres étrangers de l'époque.

C'est ainsi qu'il invite, en 1626, Orazio Gentileschi accompagné de ses trois fils. Il fait partie de l’envoyé du premier ministre du roi et deviendra peintre de cour.

Il y réalise de grands décors et des répliques de ses peintures connues, comme c'est probablement le cas du Repos de la sainte famille pendant la Fuite en Égypte[4],[5])

Repos durant la fuite en Égypte, 1626, Galerie Nationale de l'Ombrie, Pérouse

En 1630, il réalise la Découverte de Moïse (Madrid, Musée du Prado). Cette dernière période de sa vie, peut-être due à une liberté d'expression limitée ou à cause de la vie de cour, sera presque totalement malheureuse. Le peintre meurt le 7 février 1639 à Londres.

Si pour certains critiques d’aujourd'hui, le style d'Orazio devient de plus en plus conventionnel et se parent d’un classicisme au goût de l'aristocratie anglaise, d’autres considèrent les œuvres de la période anglaise du pisan plus élégantes, parfaites techniquement, et plus sobres que ses peintures des périodes antérieures.

Peintre préféré de la reine Henriette Marie, Orazio Gentileschi reçoit la charge de la décoration d'un plafond (Allégorie du Triomphe de la Paix et des Arts) dans la Maisons des Délices à Greenwich.

Sa fille, Artemisia Gentileschi, elle-même peintre reconnu, le rejoint à l'invitation du roi en 1638. Le père et la fille collaborent au plafond, mais Orazio meurt à Londres en 1639 et est enterré à La Chapelle de la Reine à la Somerset House.

Repos pendant la fuite en Égypte, entre 1625 et 1626, Kunsthistorisches Museum de Vienne

Postérité et influences

Œuvres

À Rome

Dans les Marches

Reste de l'Italie

France

En Angleterre

Reste de l'Europe

Amérique

Doute sur l'authenticité du David

David contemplant la tête de Goliath (vers 1612), huile sur lapis-lazuli de 25 × 19 cm attribuée à Orazio Gentileschi a été prêté à la National Gallery par son propriétaire actuel en 2013 et exposé jusqu'en . Il a été restitué au collectionneur à l'issue d'une enquête suspectant une contrefaçon. Le musée anglais qui entreprend des recherches de diligence raisonnable sur les œuvres prêtées ainsi qu'un contrôle de leur état n'avait aucun doute quant à l'authenticité du tableau[6].

Notes et références

  1. (it) Giovanni Baglione, Le vite de'pittori scultori, architetti ed intagliatori dal pontificato di Gregoio XIII. del 1572 fino a'tempi di Papa Urbano VIII. nel 1642, Naples, , 304 p. (lire en ligne)
  2. (it) Laura Bartoni et Francesca Cappelletti, Caravaggio e i caravaggeschi : Orazio Gentileschi, Orazio Borgianni, Battistello, Carlo Saraceni, Bartolomeo Manfredi, Spadarino, Nicolas Tournier, Valentin de Boulogne, Gerrit van Honthorst, Artemisia Gentileschi, Giovanni Serodine, Dirck van Baburen, Cecco del Caravaggio, Milan, Il Sole 24 Ore Libri, , 335 p.
  3. Eva Bensard, « Le Caravage maître malgré lui », Muséart, no 90,‎ , p.17
  4. a et b Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre : De l’Antiquité au XIXe siècle, Musée du Louvre Editions, , 576 p. (ISBN 2-35031-032-9), p. 336-337
  5. (en) Hermann Voss, Orazio Gentileschi, Four Versions of His "Rest on the Flight to Egypt",
  6. (en) « Sotheby's declares 'Frans Hals' work a forgery », sur bbc.com,

Annexes

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes