La Pantagrueline prognostication est une œuvre astrologique de Rabelais, initialement parue en 1532, puis profondément remaniée pour les éditions de 1533, 1535, 1537, 1538, avant que ne paraisse une version définitive pour « l'an perpétuel » en 1542.

Page de titre de l'édition de 1533

Une parodie à destination populaire

Se développant avec un grand succès au XVIe siècle grâce à l'essor de l'imprimerie, les pronostications relèvent de la littérature de colportage et plus particulièrement de l'astrologie « divinatrice » ou « judiciaire », destinées à prédire l'avenir par les mouvements des planètes. Par réaction, il existe des pronostications sérieuses ou rigolardes destinées à lutter contre les superstitions véhiculées par les premières[1]. Rabelais, bien qu'astrologue réputé, s'inscrit dans cette dernière perspective par ce petit opuscule afin de fustiger joyeusement les dérives d'une science alors peu distincte de l'astronomie.

« Considerant infiniz abus estre perpetrez à cause d'un tas de Prognostications de Lovain, faictes à l'ombre d'un verre de vin, je vous en ay presentement calculé une la plus sceure et veritable que feut oncques veue, comme l'experience vous le demonstrera. Car sans doubte veu que dict le Prophete Royal, Psal. v. à Dieu : « Tu destruyras tous ceulx qui disent mensonges », ce n'est legier peché de mentir à son escient et abuser le pauvre monde curieux de sçavoir choses nouvelles. »

— François Rabelais, Prognostication pour l'an perpetuel [2]

Sous prétexte de révéler les événements à venir dans le gouvernement, les maladies, les moissons, la félicité des peuples et le cours des saisons, le récit prévoit des évidences et se livre à des conseils absurdes tout en éreintant au passage ceux qui abusent de la crédulité des autres. L'évangélisme de la Renaissance, pas plus que le catholicisme traditionnel, n'accepte la prétention de connaître la volonté divine et l'encouragement au fatalisme. En outre, l'humaniste tourangeau répond aux partisans de Charles Quint qui justifient la politique hégémonique de l'empereur en affirmant qu'elle se lisait dans le ciel[3].


« La plus grande folie du monde est penser qu'il y ayt des astres pour les Roys, Papes et gros seigneurs, plustot que pour les pauvres, et souffreteux, comme si de nouvelles estoilles avoient esté créez depuis le temps du deluge, ou de Romulus, ou de Pharamond, à la nouvelle creation des Roys : ce que Triboulet, ny Caihette ne diroient : qui ont esté toustefois gens de hault sçavoir, et grand renom. »

— François Rabelais, Prognostication pour l'an perpetuel [4]

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Notes et références

Voir aussi