Le philosophe politique français Alexis de Tocqueville a mis au jour divers paradoxes sociaux, le terme paradoxe de Tocqueville peut ainsi se référer à plusieurs phénomènes dont la plupart proviennent de son ouvrage de 1830, De la démocratie en Amérique.
Tocqueville s'étonne de constater (p. 231) que dans une société où les mariages d'inclination commencent à exister face aux mariages arrangés, le nombre de divorces soit plus grand chez les premiers. Une étude plus fine[1] lui en donne l'explication : les mariages basés sur l'inclination impliquent souvent des personnalités fortes, contre l'avis de leur famille, et il y a un risque accru de conflits entre deux personnalités fortes que entre deux personnalités choisies au hasard dans la population.
Une autre hypothèse suggère que les mariages fondés uniquement sur la recherche immédiate du plaisir et de la satisfaction ne réussiront pas à franchir l'étape quasi-nécessaire où des efforts doivent être déployés pour accepter les imperfections de son partenaire. Tandis que les mariages dits « de raison », demandent l'acceptation initiale de cet effort à faire. L'effort moral, sentimental, la patience et la tolérance résultantes impliquant en eux-mêmes une chance supplémentaire de résultat. En ce cas, le sentiment résultant est la cause finale du mariage, à défaut d'en être la cause initiale.
Tocqueville constate avec non moins de surprise que plus une situation s'améliore (liberté, revenus...), plus l'écart avec la situation idéale (inégalités, pauvreté, corruption) est ressenti subjectivement comme intolérable par ceux-là mêmes qui bénéficient de cette amélioration[2],[3],[4].
Cela se manifeste par deux caractéristiques que Tocqueville a pu observer aux États-Unis :
Dans son livre La Persuasion clandestine (1957), l'économiste Vance Packard démontre que ce deuxième moteur sera abondamment exploité par la publicité.