Philibert de l'Orme
Fonctions
Surintendant des Bâtiments
Abbé commendataire
Abbaye de Saint-Éloi-Fontaine
Abbaye Saint-Barthélemy de Noyon
Abbaye Sainte-Madeleine de Geneston
Abbaye Notre-Dame d'Ivry
Abbaye Saint-Serge d'Angers
Biographie
Naissance
Décès
Activités
Œuvres principales
signature de Philibert de l'Orme
Signature

Philibert de l'Orme, ou Delorme, né à Lyon vers 1514 et mort le à Paris, est un architecte français de la Renaissance.

Biographie

Médaillon de bronze à l'effigie de Philibert de l'Orme, par Étienne Pagny, au musée des beaux-arts de Lyon.
Philibert de l'Orme par Jean-François Legendre-Héral, 1823, plâtre, musée des beaux-arts de Lyon.

Il naît en 1514 (son horoscope apparaît dans les bandeaux de la première édition de son traité en 1567)[1] dans une famille de maîtres maçons ; son père, Jehan Delorme, aurait participé à la reconstruction de l'église des Carmes[2]. On ne connait aucune information sur sa jeunesse et sa formation initiale. Il est probable qu'il ait suivi les traces de son père, notamment sur les travaux de construction des remparts de la ville[3].

Voyage en Italie

De 1533 à 1536, il séjourne à Rome où il acquiert un solide savoir technique et une bonne connaissance archéologique. Il côtoie le milieu érudit de la ville et se lie avec le cardinal Jean du Bellay (ambassadeur de France à Rome) et le pape Jules III[3].

Retour à Lyon

Galerie De l'Orme de l'hôtel de Bullioud, rue Juiverie, Lyon.

En 1536, il est de retour à Lyon et un ami du cardinal du Bellay, le marchand Bullioud, lui confie la tâche de réunir trois corps de bâtiment indépendants entourant une petite cour, qu'il possède rue Juiverie. Cette réalisation est l'un des rares témoignages qui permettent de juger de ce que le jeune architecte a pu retenir de son voyage romain. Il crée donc une galerie à trois baies en anse de panier voûtées d'arêtes reposant sur deux trompes. Son traitement des ordres est déjà assez assuré, s'inspirant autant des monuments antiques que des réalisations de la Renaissance. On remarque d'ailleurs qu'il s'inspire plus des pratiques romaines que des traités théoriques, en particulier de Vitruve, qu'il ne connaît pas encore. Cela indique donc un apprentissage traditionnel, par l'observation, plutôt que théorique. Le résultat tranche nettement avec la production française contemporaine[4].

On lui attribue également quelques autres réalisations lyonnaises mineures, mais il ne reste pas longtemps dans sa ville natale[3].

Travaux pour Jean du Bellay

Son ami le cardinal lui confie entre 1541 et 1544 la conception de son château de Saint-Maur-des-Fossés. Manifeste de la Renaissance française, il s'agit d'un quadrilatère inspiré des villas italiennes[3].

Son parcours à la cour de France

Jean du Bellay fait connaître De l'Orme à la cour de François Ier et d'Henri II. Ce château suscite l’intérêt et De l'Orme attire l’attention du roi. Courtisan avisé, il parvient à se faire doter des revenus de plusieurs abbayes. Parmi elles, l'abbaye Saint-Serge d'Angers dont il portera le plus ordinairement le titre d'abbé dans les derniers temps de sa vie. Il obtient finalement le titre de surintendant des bâtiments du roi. Il rencontre, par l'intermédiaire de son frère Jean Delorme. alors contrôleur général des "Bâtiments de France", l'architecte angevin de la Renaissance Jean Delespine. Tous les chantiers d'envergure, de 1545 à 1557, ont vu passer De l'Orme, ou ont été dirigés par lui[3]. Lors de la construction du château de Fontainebleau, il collabore avec Le Primatice, Nicolò dell'Abbate et Scibec de Carpi (en)[5].

Philibert Delorme donne pour Henri II les plans des châteaux d'Anet et de Meudon.

Disgrâce et fin de vie

Ses prétentions et sa vanité lui attirent de lourdes inimitiés, dont celles de Pierre de Ronsard ou Bernard Palissy. À la mort d'Henri II, il tombe en disgrâce, accusé de malversations[6]. Il passe le reste de son existence à rédiger des traités théoriques et entame la rédaction d'une somme de l’architecture. Il a publié un Traité complet de l'art de bâtir, suivi des Nouvelles inventions pour bien bâtir et à petits frais, Paris, 1561. Le premier tome de sa somme d'architecture est publié en 1567. Delorme n'ira pas au-delà.

Sur la fin de sa vie, il retrouve le chemin de la cour, la régente Catherine de Médicis lui confiant la tâche de tracer le palais des Tuileries[3].

Les palais du Louvre et des Tuileries sur le plan de Mérian (1615).

Style

Exemple de toit en carène.
Château de Saint-Maur fin XVIe siècle.

Enthousiaste de l'architecture antique, Philibert Delorme s'efforce de l'adapter au climat et aux mœurs de la France de la Renaissance. Il est le premier à porter le titre d'« architecte du roi » sous Henri II. Selon A. Jouanna, il a fait « passer l'architecte du statut d'ouvrier à celui d'artiste ». Delorme rompt avec la tradition des maîtres maçons constructeurs des cathédrales, qui ont tout appris sur les chantiers. Il incarne la figure de l’architecte de la Renaissance, porteur d’une culture savante.

Il s'est aussi distingué comme inventeur, vers 1550, de la technique de construction des toits de carène, dite également charpente « à petits bois », technique largement répandue dans plusieurs régions françaises, par exemple en Lozère autour de Mende. Cette technique a également été utilisée dans un des bâtiments de Mont-Dauphin.

Il est aussi l'initiateur de l'assemblage de bois pour fabriquer de grandes pièces de bois, poutres en lamellé. Plus tard, cette technique aboutira à la charpente en lamellé-collé.

Réalisations

Croquis de la galerie de l’hôtel Bullioud.

Ses écrits sur l'architecture

Philibert Delorme est un théoricien de l'architecture dont les écrits ont eu une grande importance dans l'histoire de l'architecture française.

Article détaillé : Le Premier tome de l'Architecture.

Le Premier tome de l’Architecture est un ouvrage publié à Paris chez Fédéric Morel en 1567. De format in-folio, il contient 283 folios, sans le folio 248, une épître dédicatoire et une table. Après plusieurs années passées au service de Henri II et de Catherine de Médicis, Philibert Delorme tombe en disgrâce et n'obtient plus de commandes royales. Il poursuit alors sa vie à écrire des traités d'architecture dans une somme ambitieuse dont cet ouvrage est le premier tome, mais qu'il n'aura pas le temps d'achever. L'ouvrage contient un grand nombre de gravures dont l'Allégorie du bon architecte.

Iconographie

Bâtiments portant son nom

Références

  1. Voir Jean-Marie Pérouse de Montclos, « Horoscope de Philibert de L’Orme », Revue de l’Art, n° 72, 1986, p. 16-18
  2. L'édifice n'existe plus et se situait entre la place des Terreaux et la place Sathonay.
  3. a b c d e et f Dico, p. 373.
  4. Yves Pauwels, « Les années d'apprentissage du jeune de L'Orme. L'hôtel de Bullioud à Lyon. », Bulletin Monumental, vol. 153, no 4,‎ , p. 351-357 (lire en ligne).
  5. Arlette Jouanna, La France de la Renaissance, Perrin, 2009, Paris, p. 143.
  6. Sa nomination en qualité d'abbé commendataire d'Ivry est un arrangement convenu avec Diane de Poitiers.
  7. Dominique Bertin, Liste provisoire des œuvres de Guillaume Bonnet

Annexes

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Bibliographie

Ouvrages biographiques spécialisés

Ouvrages de contexte

Études sur ses écrits

Sources primaires

Liens externes