Peintre officiel de la Marine |
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Raoul Alfred Henri Robert du Gardier |
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Raoul du Gardier, né le à Wiesbaden (Allemagne) et mort le à Pornic (Loire-Atlantique), est un peintre français.
Peintre voyageur, son œuvre est constituée de nombreuses marines et scènes orientalistes.
Né à Wiesbaden[1],[2] de Raoul Robert du Gardier, saint-cyrien, officier de cavalerie, et de Marie-Aimée Serpette, Raoul Alfred Henri Robert du Gardier est l'aîné d'une famille de cinq enfants de la noblesse de province[note 1]. Il est le petit-neveu du peintre et architecte Félix Thomas, ainsi que le neveu du compositeur Gaston Serpette. Il passe une enfance paisible en dépit d'une tuberculose pulmonaire qui lui aurait été transmise par sa nourrice. À l'adolescence, sa famille déménage à Paris où il se fait soigner. Ces « soins » amènent le corps médical à pratiquer une opération de castration destinée — selon les connaissances médicales de l'époque — à éradiquer sa tuberculose. En 1888, le bac obtenu, il décide de se consacrer à la peinture et rejoint les Beaux-Arts de Paris[note 2],[3].
Élève de Théobald Chartran, d'Albert Maignan et de Gustave Moreau[1],[2],[4], Raoul du Gardier expose au Salon des artistes français à partir de 1893 (Œdipe et le Sphinx), est distingué par une mention honorable en 1897 et en devient sociétaire à partir de 1900[4]. Quelques-unes de ses œuvres intègrent alors la collection de Charles Hayem, un proche de Gustave Moreau[5]. Il installe son atelier au 12, boulevard du Montparnasse à Paris et accumule alors les distinctions en tant que peintre et graveur. En 1897, à l'occasion d'un voyage en Algérie où sa famille possède des vignobles[note 3], il se lie d'amitié avec le peintre belge Henri Evenepoel, lequel souffre comme lui d'une maladie pulmonaire l'obligeant à effectuer des séjours réguliers dans des pays chauds. Une médaille de bronze lui est décernée à l'Exposition universelle de 1900 pour son tableau Les Femmes kabyles[4].
Comme d'autres anciens élèves de Gustave Moreau, il participe au Salon d'Automne créé en 1905 en tant que membre fondateur du Salon, et y expose deux portraits : no 608 : Portrait de Mlle D. et no 609 : Portrait de M. G. de G.[6]. En 1911, il se rend en Turquie.
En 1914, il s'engage dans l'armée et sera notamment le chauffeur du général Foch ainsi que du maréchal Franchet d'Espèrey[3],[note 4].
La fin de la Première Guerre mondiale marque ses premiers succès commerciaux. Raoul du Gardier collabore à de nombreuses revues qui publient ses tableaux et ses aquarelles. En 1920, son frère, Pierre-Charles du Gardier, est nommé consul général de France à Suez[note 5] puis à l'Île Maurice. De 1920 à 1930, Raoul du Gardier entame alors une série de voyages en Égypte et dans l'Océan Indien. Il fournit à cette époque à Pierre Mille des aquarelles pour illustrer ses articles relatifs à l'Égypte destinés à L'Illustration.
La qualité de son travail lui vaut d'être nommé peintre de la Marine le [note 6]. Ce statut, ainsi que des moyens financiers le mettant à l'abri du besoin, l'amènent à réaliser alors deux tours du monde qui seront autant de sources d'inspiration[3]. En , il embarque à Marseille sur le croiseur Général Duquesne[note 7] pour un périple de trois mois jusqu'à l'Île Maurice. Il illustre avec le peintre et illustrateur Charles Fouqueray (1872-1958) Les Belles Croisières Françaises de Paul Chack en 1929 et participe en 1932 à la décoration du Normandie (paquebot). En 1933, la Marine nationale le sollicite afin de décorer le bâtiment Vauban du cercle naval de Toulon. Charles Fouqueray fait également partie des artistes travaillant aux décors de ce bâtiment. En 1936, il devient peintre de l'Air[3].
Outre l'Égypte, il découvre également les colonies françaises, l'Algérie française, le Maroc, Djibouti, le Liban, l'Île Maurice (ancienne colonie), La Réunion et les Comores notamment. Sa peinture orientaliste témoigne alors de l'expansion de la France dans le monde et lui assure une importante notoriété et une grande prospérité[3]. Il vit à Paris au 2, rue Rosa-Bonheur et y mène une vie mondaine. L'été, il rejoint son frère Pierre-Charles qui possède une imposante demeure à Pornic, le long de la côte, la villa Magdalena. Il y installe un atelier dans une dépendance[note 8] face à la mer où il produit de nombreuses scènes marines évoquant la douceur de vivre de l'entre-deux-guerres — promenades en bateau dans la baie de Bourgneuf, élégantes sur la plage, enfants jouant dans la mer, luxueux paquebots, scènes portuaires…[3]. Certains artistes, tels que le peintre orientaliste Fernand Lantoine (1876-1955), ou son ami Edgar Maxence y séjournent.
Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale marque le déclin de sa santé. Il n'est désormais plus en mesure de se déplacer de manière autonome, ni de peindre ; sa gouvernante, victime d'un accident de la circulation à Paris, n'est plus en mesure de l'assister. Très diminué, sans revenus, il quitte son atelier de l'avenue de Tourville à Paris pour rejoindre Pornic, qu'il ne quittera désormais plus. À la villa Magdalena, il héberge à partir de 1940 son ami Charles Fouqueray qui a dû fuir Brest, après avoir échappé aux Allemands[note 9]. Son frère, Pierre-Charles, avec qui il entretenait une grande complicité[note 10], meurt en 1950[3].
Devenu impotent, il est placé en 1952 dans un hospice où il meurt le . Il est enterré, avec son frère, au cimetière de Sainte-Marie-sur-Mer[3].
En 1948, une vente des œuvres de Raoul du Gardier est organisée[note 11]. À sa mort en 1952, faute de descendance et de galeriste pour le défendre, son œuvre tombe dans un relatif oubli. Pendant plus d'un demi-siècle, aucune monographie, aucune exposition ne lui sont consacrées. La redécouverte des œuvres de Raoul du Gardier est due au retour en grâce à la fin du XXe et au début du XXIe siècle des peintres orientalistes et à l'émergence du concept de « peintres voyageurs (en) ». On redécouvre en Raoul du Gardier le simple plaisir de peindre, la joie de la couleur, de la lumière, de sujets traités sans préciosité, de scènes prises sur le vif, sans chercher à paraître moderne mais avec un sens du cadrage photographique[note 12].
Ses œuvres lumineuses et élégantes évoquent le bonheur de vivre de l'entre-deux-guerres. Dans une lettre à l'historien Pierre Chaigne, Gabrielle du Gardier, nièce de Raoul écrit dans ses mémoires de son oncle : « Il a su rendre le reflet doux et tranquille d'une époque suspendue aux dernières lueurs d'une société en sursis »[3].
Les toiles de Raoul du Gardier sont généralement signées indifféremment en bas à droite ou à gauche « R. du GARDIER ». Il s'agit, le plus souvent, de petits formats qu'on pouvait aisément glisser dans une malle de voyage.