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Steven Laurence Kaplan |
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Renée Kaplan (d) |
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Comité d'histoire de la ville de Paris (d) |
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Steven Laurence Kaplan (né en ) est un historien et universitaire américain, professeur à l'université Cornell (New York), également chargé de cours à Institut d'études politiques de Paris et à l'École normale supérieure.
Souvent aux racines de l'histoire économique, son approche est dans le droit fil de celle de l'École des Annales. Il est, entre autres, spécialiste du pain en France[1].
Steven Laurence Kaplan est né à New York, quartier de Brooklyn, au sein d'une famille d'origine polonaise. Il fait ses études à l'université de Princeton. L'un de ses enseignants, Charles Gillispie, l'envoie en 1962 en France. Il débarque à Paris pour s'inscrire à la Sorbonne et, le premier jour, il achète dans une boulangerie, au 8 rue du Cherche-Midi (c'est-à-dire chez Poilâne), un bâtard, qu'il va manger au jardin du Luxembourg. « Je romps le pain, je le mets dans la bouche. La sensation m'envahit : un arôme inconnu, une saveur puissante. Cela reste la plus belle « mâche » de ma vie », raconte-t-il. Cette rencontre avec le pain parisien, comme avec les grandes bibliothèques de la capitale, marque le reste de son existence[2].
De retour aux États-Unis, il prépare une thèse d'histoire à l'université Yale ; contrairement à l'avis de ses professeurs, il décide de la consacrer à l'histoire française et plus spécialement au pain, comme objet économique, culturel et social, emblématique d'un art de vivre français et que la France a laissé çà et là sur le pourtour du monde. L’Académie des sciences morales et politiques lui décerne le prix Charles-Aubert d'Histoire en 2009 pour l’ensemble de son œuvre.
Il revient à Paris pour deux années et demie de recherches dans les archives. Mais il accomplit en parallèle un stage chez Poilâne et s'engage même dans la préparation d'un CAP de boulangerie[2].
Depuis lors, il passe chaque année plusieurs mois en France, où il demeure dans le 14e arrondissement de Paris[2].
Ce spécialiste incontesté des blés, farines et pains, est membre du Comité d'histoire de la ville de Paris[3].
Dès son ouvrage rédigé en français paru en 1982, Le Complot de famine : histoire d'une rumeur au XVIIIe siècle, il évoque la libéralisation du commerce des grains sous l'Ancien Régime. Les thèmes s'organisent autour des tensions entre politique libérale du type « laissez-faire » et politique régalienne ancienne, marquée par leur interventionnisme économique, au travers de l'histoire des mises en culture, puis du négoce et de la distribution des grains et des blés, incluant les enjeux politiques sous-jacents « métaphoriques ». Voilà une des trames continue de ses textes, de sa thèse de jeunesse en Sorbonne à son ouvrage Raisonner sur le blé, publié également à Paris, l'été 2017. En 2020, son opus Pour le pain rappelait l'engagement d'une vie francophile, sous tous ces aspects.
Une des causes méconnues de l'emballement révolutionnaire et de l'abandon du soutien à la monarchie française par les paysans, suivis par celui du Tiers état, est associée, selon Kaplan, au choix d'un marché libéralisé des grains pris une fois pour toute, bien avant l'Angleterre, par Louis XV. Le roi perdant son rôle de « père nourricier et protecteur » s'est transformé, au yeux des foules paysannes soumises aux crises frumentaires et aux disettes, en un seigneur sans prestige[4].