Submersion marine à la suite de la tempête Xynthia à Sainte-Marie-de-Ré sur l'île de Ré (Charente-Maritime)
Submersion marine à la Nouvelle-Orléans (USA) due à l'ouragan Katrina et à la rupture des digues de protection de la ville en 2005.
Acqua alta sur la place San Marco à Venise

Une submersion marine est une inondation temporaire et éventuellement épisodique de zone côtière[1], générée par la mer[2] voisine, avec de l'eau salée ou saumâtre, lors d’évènements météorologiques[3] (tempête, cyclone tropical, forte dépression et vent de mer) ou océanographiques (houle, marée, onde de tempête, tsunami) d’ampleur très inhabituelle[4]. Elle commence lorsque les plus hauts jets d'eau de mer de la bordure maritime dépassent la crête des accumulations littorales[5], provoquant un transfert d'eau et parfois de sédiments sur le versant terre du cordon littoral.

La capacité de ce risque naturel à engendrer des modifications du trait de cote dépend beaucoup de l'énergie des vagues[5] déversantes. Les brèches pouvant être ainsi créées dans les dunes ou les digues[6] littorales sont souvent déterminantes dans l'ampleur du phénomène.

La submersion marine se distingue de la transgression marine surtout par son aspect éphémère (quelques heures / jours). À l'échelle des temps géologiques, une succession de submersions marines de plus en plus envahissantes indique une transgression marine. Ce risque est aggravé par la montée de la mer due au changement climatique.

Causes

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Les causes d'une submersion marine sont souvent en lien avec une heure de marée haute à fort coefficient et/ou un raz-de-marée et peuvent être :

Le réchauffement climatique accroit fortement la fréquence des submersions marines : un pool international de chercheurs, dont ceux, pour la France, de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et du Centre national d'études spatiales (CNES), publie en juin 2021 une étude qui montre qu'en 23 ans (1993-2015) la durée annuelle des épisodes de submersion marine qui frappent les côtes du globe s'est globalement accrue de 50 %, et qu'à la fin du siècle, la durée de ces débordements épisodiques pourrait être 50 fois plus élevée[7].

Caractéristiques

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[vidéo]Trois modes de submersion sont distingués : submersion par débordement, submersion par franchissement de paquets de mer liés aux vagues, submersion par rupture du système de protection[8].

Les principales caractéristiques de la submersion marine, déterminant le niveau d'aléa, sont :

Événements historiques récents

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Prévention / Protection, gestion du risque

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Après une cartographie du risque (de l'aléa)[12],[13] et hiérarchisation des enjeux, la protection des digues existantes[14] et/ou d'importants travaux sont parfois entrepris pour lutter contre ces effets dommageables, comme :

Une entreprise de Bayonne, Wave Bumper, a, quant à elle, développé une digue amovible anti-vagues de submersion marine. Cette solution renvoie l’énergie des vagues, et génère un mouvement de retour vers l’océan[16].

Une autre démarche consiste à évacuer les zones trop exposées (polders le plus souvent) et à les transformer en zone tampon en les rendant à la mer et en restaurant les milieux naturels qui s'y trouvaient originellement (dépoldérisation)[17],[18] et à intégrer cette démarche conjointement aux digues de protection dans des politiques de gestion et de prévention des risques[19].

Un particulier qui souhaite limiter les effets d'une submersion marine pour lui-même, sa famille, dans son habitation ou sur son parcours de circulation, peut envisager les consignes de sécurité / conseils de comportement suivants :

Quand ? Comment ?
Bien avant (prévention) :
anticiper et s’organiser
  • S’informer des risques (ex : Plan de prévention des risques), des modes d’alerte et des consignes (ex dans le Dossier d'information communal sur les risques majeurs) en mairie ;
  • Élaborer les dispositions nécessaires à sa mise en sûreté ;
    • Prévoir dans son logement une zone refuge hors d'eau avec une issue vers le haut, facilement accessible de l'intérieur (en particulier depuis les chambres) pour tous, utilisable sans éclairage ni électricité : étage supérieur (avec une ouverture de visibilité / d'évacuation pour les secours), toit ;
    • Identifier le disjoncteur électrique et le robinet d’arrêt du gaz ;
    • Amarrer les cuves et les gros objets pouvant flotter ;
    • Repérer les points hauts relativement voisins hors zone submersible et la submersibilité du parcours pour les atteindre : pour le stationnement de véhicule(s) ;
    • Mettre hors d’eau les meubles et objets précieux : papiers personnels, album de photos, factures…, les matières et les produits dangereux ou polluants ;
    • Prévoir les équipements minimum : radio à piles, réserve d'eau potable et de produits alimentaires, papiers personnels, médicaments urgents, vêtements de rechange, couvertures…
  • Matérialiser par des balises spécifiques les piscines (risque de noyade dans l'eau trouble des sauveteurs et / ou de riverains) ;
  • Réaliser un exercice de sécurité (mise en sureté) chaque année ;
  • Vérifier son assurance sur les dommages liés à ce risque naturel ;
Pendant (protection) :
Agir efficacement
  • Au moment de l'alerte (vigilance météorologique, radio, appel téléphonique) :
    • S'informer par radio (ou auprès de la mairie) de la montée des eaux (prévoir une marge (survenue plus tôt / plus haut)), des consignes à suivre (évacuation...) ;
    • Sauf si votre logement n'a pas de zone refuge hors d'eau, n'entreprendre une évacuation externe que si vous en recevez l'ordre des autorités dans le lieu alors indiqué ;
    • N'utiliser les pièces submersibles que pour un usage secondaire ;
    • Fixer / amarrer les éléments mobiliers pouvant être emportés (poubelle, meubles de jardin, réserve de bois de chauffage, etc.) ;
    • Disposer les balises spécifiques de piscine ;
    • Monter à l'étage les équipements de secours et les objets précieux ;
    • Couper les arrivées de gaz, d'eau et d'électricité ;
  • Lors de la submersion :
    • Ne pas tenter de rejoindre ses proches à l'extérieur ou d’aller chercher ses enfants à l’école ;
    • Monter dans les étages ;
    • Éviter de téléphoner afin de libérer les lignes pour les secours ;
    • Prendre des photos, des vidéos, pour le dossier d'assurance ;
Après (résilience) :
surmonter
  • Informer les autorités de tout danger ;
  • Aider les personnes sinistrées ou à besoins spécifiques ;
  • Après le retrait complet de l'eau :
    • Aérer ;
    • Désinfecter à l'eau de javel ;
    • Chauffer dès que possible ;
    • Ne rétablir le courant électrique que si l'installation est sèche.

En France métropolitaine

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Environ 7 000 km2 sont à risque de submersion, à 56 % situés sur la façade atlantique, alors que la façade Manche – mer du Nord est concernée pour 26 % et le pourtour méditerranéen pour 17 %. Selon le ministère de l'écologie, les secteurs les plus à risques sont « la plaine de Flandre et la plaine picarde, le Calvados, les marais du Cotentin, les polders de la baie du Mont-Saint-Michel, ponctuellement sur la côte sud de la Bretagne, dans les grands marais atlantiques (marais breton, poitevin et charentais), la pointe du Médoc, le pourtour du bassin d’Arcachon, la côte languedocienne et la Camargue (...)Les terres agricoles couvrent près des trois quarts des zones basses, tandis que les territoires artificialisés, où se concentrent les enjeux, occupent près de 10 % des terres, soit environ deux fois plus que la moyenne métropolitaine. Dans l’ensemble des zones basses, la population est estimée à 850 000 personnes et le nombre de logements à 570 000. »[20].

Notes et références

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  1. a b c et d Stéphanie Beucher, Yvette Veyret et Magali Reghezza, Les risques, Rosny-sous-Bois, Breal, coll. « Capes-Agrégation », , 203 p. (ISBN 2-7495-0437-6, lire en ligne), p. 87
  2. « Changement climatique - submersions marines », sur wikhydro.developpement-durable.gouv.fr (consulté le ).
  3. Cédric Brunel, Tempêtes et élévation marine : sur les plages françaises de Méditerranée, Paris, L'Harmattan, coll. « Milieu naturel et sociétés », , 290 p. (ISBN 978-2-296-51365-5 et 2-296-51365-4, lire en ligne)
  4. Didier Migaud et Jean-Marie Bertrand, Les inondations de 2010 : Les enseignements sur le littoral atlantique (Xynthia) et dans le Var, Paris, Cour des comptes, coll. « Rapport public thématique », , 299 p. (lire en ligne), p. 12
  5. a et b Pierre Stephan, Les flèches de galets de Bretagne : Évolutions passées, présentes et futures, Paris, L'Harmattan, , 256 p. (ISBN 978-2-296-45949-6 et 2-296-45949-8, lire en ligne), p. 120
  6. Paul Royet et Stéphane Bonelli, Digues maritimes et fluviales de protection contre les submersions, Versailles, Lavoisier, coll. « Hermès Sciences », , 712 p. (ISBN 978-2-7462-4536-5), p. 628
  7. Climat : la submersion des côtes connaît une croissance exponentielle, Les Échos, 18 juin 2021.
  8. Céline Perherin, Catherine Azzam, Xavier Kergadallan, « Révision du guide méthodologique plans de prévention des risques littoraux : une meilleure prise en compte de l’ensemble des phénomènes pour la connaissance de l’aléa submersion marine », Journées de l'hydraulique, t. 1, no 54,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  9. Stéphane Hallegatte et Valentin Przyluski, Gestion des risques naturels : Leçons de la tempête Xynthia, Versailles, Quae, coll. « Matière à débattre et décider », , 264 p. (ISBN 978-2-7592-1820-2 et 2-7592-1820-1), p. 50-51
  10. Camille Daubord, Caractérisation de 7 événements de tempête de l'automne-hiver 2013-2014 à partir des données marégraphiques, Brest, SHOM, , 37 p. (lire en ligne)
  11. Pasquon K., Gargani J., Jouannic G., « Evolution of vulnerability to marine inundation in Caribbean islands of Saint-Martin and Saint-Barthélemy », International Journal of Disaster Risk Reduction,‎ (lire en ligne)
  12. Cariolet J.M, Suanez S, Meur-Férec C & Postec A (2012) Cartographie de l’aléa de submersion marine et PPR: éléments de réflexion à partir de l’analyse de la commune de Guissény (Finistère, France). Cybergeo: European Journal of Geography.
  13. Pasquon K., Gargani J., Jouannic G., Evolution of vulnerability to marine inundation in Caribbean islands of Saint-Martin and Saint-Barthélemy. International Journal of Disaster Risk Reduction, 103139, 2022.
  14. ex : Raison S (2008) Le classement des digues littorales au titre de la sécurité civile: un exemple de mise en œuvre en Vendée. Xes Journées Nationales Génie Côtier–Génie Civil, 14-16 octobre 2008, Sophia Antipolis, 283-292.
  15. « Submersions marines - Observatoire de la côte aquitaine », sur aquitaine.fr via Wikiwix (consulté le ).
  16. Mickaël Bosredon, « Littoral: D'Arcachon à Saint-Barth, la start-up Wave Bumper veut mater les vagues lors de tempêtes », 20 minutes,‎ (lire en ligne)
  17. F. Verger, 2014. Rendre la terre à la mer: vers un recul stratégique ? ; V. Bawedin, 2014. Préparer le retour de la mer pour lutter contre les risques d'inondation: paradoxe ou stratégie ? in Zones Humides Infos n°82-83, 2014, Zones humides, submersions et inondations
  18. Goeldner-Gianella L & Bertrand F (2014). Gérer le risque de submersion marine par la dépoldérisation : représentations locales et application des politiques publiques dans le bassin d'Arcachon. Natures Sciences Sociétés, 22(3), 219-230 (résumé)).
  19. O. Cizel, 2014. La prise en compte juridique des aléas après la tempête Xynthia - l'intégration des aléas dans la planification nationale in Zones Humides Infos n°82-83, 2014, Zones humides, submersions et inondations
  20. La submersion marine et l’érosion côtière (carte)

Voir aussi

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Bibliographie

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Article connexe

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