Carte des supervolcans connus dans le monde entier:

Un supervolcan est un volcan qui produit des superéruptions, les éruptions les plus importantes et les plus volumineuses sur Terre. L'intensité de ces explosions varie mais est suffisante pour créer des dommages considérables à l'échelle d'un continent et même avoir des effets sévères voire cataclysmiques pour le climat et la vie sur Terre. La plus récente explosion répertoriée d'un supervolcan date d'environ 26 500 ans, celle du lac Taupo en Nouvelle-Zélande.

Les supervolcans ne répondent à aucune définition qui fasse consensus. Un docufiction de la BBC a popularisé ce terme. Mais certains scientifiques l'utilisent pour décrire des explosions exceptionnelles en violence et en volume. L'Institut d'études géologiques des États-Unis (USGS) l'applique à toute éruption qui rejette plus de 1 000 km3 de pierre ponce et de cendre en une seule explosion — cinquante fois le volume de l'éruption de 1883 du Krakatoa, en Indonésie, qui tua plus de 36 000 personnes : « Les volcans forment des montagnes ; les supervolcans les détruisent. Les volcans tuent plantes et animaux à des kilomètres à la ronde ; les supervolcans menacent d'extinction des espèces entières en provoquant des changements climatiques à l'échelle planétaire. »

Origine du mot

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« Le premier à suggérer l'idée de superéruption fut le géologue néerlandais Reinout Willem van Bemmelen en 1949, alors qu'il étudiait les dépôts volcaniques gigantesques entourant le lac Toba sur l'île de Sumatra en Indonésie. Le terme officiel fut employé la première fois en 1992 par les volcanologues M. R. Rampino et S. Self dans une lettre à la revue Nature décrivant les effets catastrophiques induits par cette éruption du Toba, il y a 74 000 ans »[1].

Le terme de supervolcan (supervolcano en anglais) est popularisé en 2000 par les producteurs de la BBC responsables des programmes Horizon de vulgarisation scientifique. Ce n'est pas au départ un terme utilisé en volcanologie mais le documentaire de la BBC l'ayant mis en lumière et suscité l'intérêt du grand public, le phénomène et les risques des supervolcans, relativement peu étudiés, ni vulgarisés jusque-là, menèrent à d'autres articles ou reportages sur ce sujet reprenant le terme de supervolcan. Il n'existe pas de terme générique, ni de critère scientifique d'explosivité minimale pour qualifier un supervolcan mais on retient au moins deux types d'éruptions identifiés comme tels :

Éruptions

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Image satellite en fausses couleurs du supervolcan du lac Toba d'une longueur de 100 kilomètres pour une largeur de 30 kilomètres.
Coupe transversale du supervolcan de la caldeira de Long Valley.

Les conditions d'éruption d'un supervolcan recréées à l'European Synchrotron Radiation Facility (ESRF) en 2013 ont mis en évidence que ces éruptions peuvent se produire spontanément, par simple augmentation de la pression magmatique, sans besoin de cause externe comme la chute d'une météorite[2]. L'échantillon synthétique reproduisant la composition des liquides magmatiques a été soumis à une pression de 36 000 atmosphères et une température de 1 700 °C[3],[4]. La chambre magmatique d'un supervolcan est en effet beaucoup plus grande et chaude qu'un volcan normal, ce qui fait fondre partiellement la roche environnante. La chambre est ainsi déformable et son magma liquide a une densité inférieure à la roche solide environnante, aussi la poussée d'Archimède est suffisante pour causer des fissures de la croûte terrestre et permettre au magma de remonter. Cette plasticité de la chambre explique aussi pourquoi les supervolcans n'explosent pas souvent[5]. En 2015, le laboratoire ID 27 de l'ESRF aidé d'une équipe de l'université d'Amsterdam ont prouvé que le mécanisme à l'origine de superéruptions, comme celle du point chaud de Yellowstone, pouvait se produire de manière spontanée sans chute de météorites. Une telle éruption abaisserait la température terrestre de 10 °C pendant dix ans[2].

Les superéruptions volcaniques sont beaucoup plus fréquentes que les chercheurs ne le pensaient. Les précédentes estimations de fréquence de ces cataclysmes réalisées en 2004, considéraient que ces éruptions se produisaient en moyenne tous les 45 000 à 714 000 ans. L'étude empirique de 2017 d'une équipe de l'université d'Oxford place cet intervalle entre 5 000 et 48 000 ans, la fréquence la plus probable étant de 17 000 ans[6].

Les éruptions de niveau 8 sur l'Indice d'explosivité volcanique ou échelle VEI (Volcanic Explosivity Index) sont qualifiées de mégacolossales ou apocalyptiques si elles ont permis l'expulsion d'au moins 1 000 km3 de magma et de matière pyroclastique. De telles explosions ont détruit toute vie dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres et des régions de l'échelle d'un continent ont pu être brûlées sous des mètres de cendres. Ces éruptions de niveau 8 ne forment pas de cône volcanique mais créent une caldeira circulaire, résultant de l'effondrement du sol sur l'emplacement de l'éruption pour remplir l'espace libéré de la chambre magmatique. La caldeira peut subsister des millions d'années après la disparition de toute activité volcanique.

Pour se situer sur l'échelle VEI, l'éruption du mont Saint Helens en 1980 aux États-Unis est de niveau 5 et la catastrophe de Santorin (1650 av. J.-C.) est de niveau 7.

Liste des événements volcaniques de niveau 8 depuis le début du Quaternaire (-2,58 millions d'années), d'après la base de données Volcano Global Risk Identification and Analysis Project[7], par ordre chronologique (entre parenthèses, le volume de téphras éjectés)  :

Éruptions plus anciennes ( > 2,6 millions d'années) :

Autres éruptions massives connues :

Zone toujours active avec un soulèvement du sol de 2 m depuis 1970.
Espace volcanique actuel de type andésitique occupant la majeure partie de la pointe nord de la péninsule. Activité intense depuis 1980, puis éruption dévastatrice en 1994.

Grandes provinces ignées

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Article détaillé : Grande province ignée.

Les grandes provinces ignées sont les conséquences d'expulsions colossales de flots de basalte qui par d'énormes quantités de lave basaltique font recouvrir d'une couche épaisse et plane de très grands secteurs, jusqu'à des parties entières d'un continent. Bien que non explosifs, les gaz et la poussière libérés par une telle éruption ont un impact climatique équivalent aux éruptions de niveau 8, par conséquent aux supervolcans. Ces inondations basaltiques, assez importantes pour former ces vastes provinces ignées, ont été suspectées d'être la ou une des causes des extinctions de masse du passé, dont les extinctions ultra-massives (extinction permienne) qui ont tué la majorité des espèces vivantes de l'époque ainsi que la plus connue bien que plus petite, l'extinction du Crétacé qui a vu disparaitre la plupart des dinosaures. Les grandes régions ignées incluant des éruptions se trouvent aux endroits suivants :

Les deux plus grandes inondations basaltiques récentes ont été Eldgjá et Lakagígar, toutes deux en Islande. Elles ont profondément altéré le paysage environnant mais aucune n'a eu un impact suffisant pour être considérée comme un phénomène supervolcanique.

Dans les médias

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Selon ce reportage, l'éruption pourrait potentiellement recouvrir l'ensemble des États-Unis d'un centimètre de cendres volcaniques, causant des destructions massives à proximité et détruisant végétation et faune à travers le continent. Ce documentaire fut suivi quelques mois plus tard sur la seconde chaîne de la BBC et sur Discovery Channel d'un programme intitulé « Supervolcano : la vérité sur Yellowstone ».

Notes et références

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  1. « Supervolcans », sur universalis.fr (consulté le )
  2. a et b lejdd du 31 mai 2015, La matière à l'état brut.
  3. Communiqué de presse du CNRS du 5 janvier 2014.
  4. France 3 Alpes du 14 janvier 2014, Le synchrotron de Grenoble utilisé pour simuler l'éruption d'un "supervolcan".
  5. (en) Wim J. Malfait, Rita Seifert, Sylvain Petitgirard, Jean-Philippe Perrillat, Mohamed Mezouar, Tsutomu Ota, Eizo Nakamura, Philippe Lerch & Carmen Sanchez-Valle, « Melt buoyancy in large silicic magma chambers as viable trigger of supervolcano eruptions », Nature Geoscience,‎ (DOI 10.1038/ngeo2042)
  6. (en) J. Rougier, S. Sparks, K. Cashman & S. Brown, « The global magnitude-frequency relationship for large explosive volcanic eruptions », Earth and Planetary Science Letters, vol. 482,‎ , p. 621-629 (DOI 10.1016/j.epsl.2017.11.015).
  7. (en) « Volcano Global Risk Identification and Analysis Project (VOGRIPA) », sur VOGRIPA (consulté le )
  8. « Taupo, Vogripa » (consulté le )
  9. (en) « Taupo eruptive history », sur Global Volcanism - Smithsonian Institution (consulté le )
  10. « Maroa, Vogripa », sur Vogripa (consulté le )
  11. « Long Valley », sur Vogripa (consulté le )
  12. « Mangakino », sur Global Volcanism (consulté le )
  13. « Mangakino », sur Vogripa (consulté le )
  14. « Hodaka-Dake », sur Vogripa
  15. « Cerro Galan », sur Vogripa
  16. « Cerro Galan », sur Global Volcanism (consulté le )
  17. « Supervolcano The world's biggest bang », sur BBC
  18. « Glen Coe »

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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