Te Deum WAB 45 | |
Te Deum célébré le 15 septembre 1812 | |
Genre | Te Deum |
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Nb. de mouvements | 5 |
Musique | Anton Bruckner |
Langue originale | Latin |
Effectif | Chœur mixte, solistes, orchestre, orgue ad lib. |
Durée approximative | 24 minutes |
Dates de composition | - / – |
Dédicataire | O. A. M. D. G. |
Partition autographe | Abbaye de Kremsmünster / Österreichische Nationalbibliothek |
Création | Vienne Autriche |
Interprètes | Wiener Akademischer Wagner-Verein, Robert Erben et Joseph Schalk (réduction pour deux pianos) |
Versions successives | |
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Représentations notables | |
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Le Te Deum en ut majeur, WAB 45, d'Anton Bruckner est une œuvre vocale sacrée, pour solistes, chœur et grand orchestre, et orgue ad libitum.
Bruckner initia la composition de son Te Deum du 3 au [1], lorsqu'il finalisait sa 6e Symphonie[2]. Il mit ensuite en chantier celle de la 7e Symphonie. Après la finalisation de la symphonie[2], Bruckner reprit le la composition du Te Deum[1]. Les parties vocales et orchestrales furent complétées le . Celle de la partie d'orgue ad lib. a été composée sur une partition additionnelle[2] le [1].
Note: Quelques mois plus tard, Bruckner réutilisera les versets de la partie 4 de son Te Deum pour son étrange composition Salvum fac populum tuum.
D'une durée approximative de vingt-quatre minutes[3], le Te Deum est donc une œuvre courte, relativement aux symphonies de Bruckner, mais aussi à sa grande Messe en fa mineur. Bruckner n'a donc pas, comme Berlioz l'avait fait dans son propre Te Deum (1855), doté son œuvre de proportions gigantesques. Cette concision est peut-être pour beaucoup dans l'excellent accueil que reçut l'œuvre, qui fut créée par le Wiener Akademischer Wagner-Verein avec accompagnement de deux pianos – par Robert Erben et Joseph Schalk – à Vienne le sous la direction du compositeur, puis avec orchestre à Vienne le sous la direction de Hans Richter. Eduard Hanslick lui-même, l'éternel ennemi de Bruckner, ne put que reconnaître l'excellence de la nouvelle composition. Gustav Mahler, enthousiaste, écrivit sur la partition, à la place des indications « pour chœur, voix solistes, orchestre et orgue ad libitum » : « pour des langues angéliques, des chercheurs de Dieu, des esprits tourmentés et des âmes purifiées dans les flammes ». Bruckner surtout en était particulièrement satisfait ; il affirma plus tard : [lorsque Dieu jugera mon âme], « je Lui offrirai la partition de mon Te Deum et il me jugera avec bienveillance ». Le Te Deum est le témoignage de la foi fervente de Bruckner, et un chant de louanges et de réjouissance sacrée. C'est l'œuvre de Bruckner qui connut le plus de succès, avec la Septième symphonie et dans une certaine mesure la Huitième en 1890, en Autriche et dans le monde. Une de ses représentations, à Berlin en 1891, remporta un succès extraordinaire.
Le Te Deum est également la dernière de ses œuvres que Bruckner, déjà affaibli, entendit en concert (organisé sur l'instigation de Brahms), le . C'est peut-être ce qui détermina Bruckner, sentant qu'il risquait de ne pouvoir achever sa Neuvième symphonie, à recommander que son Te Deum soit exécuté en guise de mouvement final, ces deux œuvres étant dédiées « à Dieu » (un thème du Te Deum est d'ailleurs cité dans la Neuvième). Cette solution est toutefois rarement choisie, en raison des difficultés techniques, les exécutants préférant la laisser s'éteindre sur le silence final de l'Adagio qui clôt ainsi l'œuvre du Maître.
L'œuvre est conçue pour chœur mixte, solistes, orchestre (2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes en la, 2 bassons, 4 cors en fa, 3 trompettes en fa, trombones alto, ténor et basse, tuba contrebasse, timbales en do et sol et cordes), et orgue ad libitum.
L'œuvre en "forme arche"[5] est en cinq sections :
Durée totale : environ 24 minutes[3].
La première section débute puissamment en do majeur par le chœur à l'unisson, soutenu par une quinte vide en pédale d'orgue et un motif en quinte vide par les cordes. Ensuite, les solistes et le chœur évoluent en des motifs et des modulations typiquement brucknériens.
La deuxième section en fa mineur ("Te ergo quaesumus") est sereine et de nature implorante, avec un solo expressif du ténor soutenu par un solo de violon.
La troisième section ("Aeterna fac"), dans la tonalité chère à Bruckner de ré mineur, est d'une fureur apocalyptique. Soutenue par un motif rythmique, elle utilise l'ensemble des ressources du chœur et de l'orchestre et se termine abruptement par une cadence non résolue.
La quatrième section ("Salvum fac populum tuum"), qui commence par une répétition de la deuxième section, avec cette fois un accompagnement du soliste ténor par les voix de femmes, évolue, après un solo de basse et une pédale du chœur sur "et rege eos, et extólle illos usque in aeternum", vers la sous-section "Per singulos dies", avec rappel de la ferveur et de l'énergie de la section initiale.
La section finale en do majeur, qui commence par le quatuor des solistes, culmine par une joyeuse fugue, suivie par un impressionnant choral sur "non confundar in aeternum", qui est remarquablement similaire au thème principal de l'adagio de la 7e symphonie[6]. Le motif initial aux cordes en quinte vide réapparaît et l'ensemble des instruments et des voix conduit l'œuvre à sa puissante conclusion[1],[7].
Il existe un seul enregistrement de cette version :
Le premier enregistremen fut réalisé par Felix Gatz avec le Bruckner-Chor & the Staatskapelle de Berlin en 1927 : 78 tours Decca 25159 (uniquement section 1 et première partie de la section 4). Cet enregistrement historique peut être écouté sur le site de John Berky[8].
Le premier enregistrement complet fut réalisé par Bruno Walter avec le Chœur de l'opéra de Vienne et la Philharmonie de Vienne en 1937.
Durant la période nazie, le Te Deum et le Psaume 150 étaient ignorés, car leur existence contredisait le mythe nazi que l'exposition de Bruckner à la musique de Richard Wagner l'avait libéré de ses liens avec l'église[9]. Ce n'est qu'après la guerre qu'Eugen Jochum attira l'attention au Te Deum et au reste de la musique sacrée du compositeur, en réalisant plusieurs concerts et enregistrements. Il fut en cela rapidement suivi par Herbert von Karajan, Bruno Walter et Volkmar Andreae.
Quelques-uns des enregistrements après guerre :
Il y a plus de 100 enregistrements du Te Deum, principalement avec une symphonie ou une autre œuvre chorale du compositeur. Selon Hans Roelofs, l'enregistrement de Jochum de 1965 reste encore toujours la référence[10]. D'autres excellents enregistrements sont, selon Roelofs, entre autres ceux de Rögner, Barenboim, Best, Rilling et Luna.