Tertullien
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait allégorique tiré des Vies des hommes illustres d'André Thévet (Lyon, 1584).
Nom de naissance Quintus Septimius Florens Tertullianus
Naissance Vers 160
Carthage, province romaine d'Afrique (actuelle Tunisie)
Décès Vers 220
Carthage
Nationalité Empire Romain
Pays de résidence province romaine d'Afrique
Profession
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Latin
Genres

Œuvres principales

Contre Marcion

Quintus Septimius Florens Tertullianus, dit Tertullien, né entre 150 et 160 à Carthage (actuelle Tunisie) et décédé vers 220 dans la même ville, est un écrivain de langue latine issu d'une famille berbère[1],[2] romanisée et païenne. Il se convertit au christianisme à la fin du IIe siècle et devient le plus éminent théologien de Carthage.

Auteur prolifique, catéchète, son influence est grande dans l'Occident chrétien. Il est le premier auteur latin à utiliser le terme de Trinité, dont il développe une théologie précise. Il est ainsi considéré comme l’un des plus grands théologiens de la chrétienté de son temps. Polémiste et doctrinaire de combat, il lutte activement contre les cultes païens et contre le gnosticisme de Marcion[3]. Par dégoût de la tiédeur de certains fidèles, et entraîné par la violence héroïque de son tempérament, il rejoint à la fin de sa vie une secte très rigoriste, l’hérésie montaniste[4].

Biographie

On connaît peu de choses de sa vie. Certains éléments biographiques se trouvent dans quelques-unes de ses œuvres mais également chez Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique, II, ii, 4) et Jérôme[5].

Il naît à Carthage entre 150 et 160, au sein d’une famille de la bourgeoisie autochtone bien romanisée[6]. Ses parents étaient païens. Son père, centurion dans une légion de l'armée romaine, la cohorte proconsulaire, meurt très tôt. Excellent élève, il étudie à Rome la rhétorique, la jurisprudence, l'histoire, la poésie, les sciences naturelles et la philosophie[7]. Brillant rhéteur, on l'a longtemps pensé jurisconsulte de métier ou avocat[6], thèse aujourd'hui largement contestée[réf. nécessaire].

Tertullien épouse une chrétienne. Voici un exemple de ce qu’il écrivait à sa femme :

« Douce et sainte alliance que celle de deux fidèles portant le même joug, réunis dans une même espérance, dans un même vœu, dans une même discipline, dans une même dépendance ! Tous deux, ils sont frères, tous deux serviteurs du même maître, tous deux confondus dans une même chair, ne forment qu'une seule chair, qu'un seul esprit. Ils prient ensemble, ils se prosternent ensemble, ils jeûnent ensemble, s'enseignant l'un l'autre, s'encourageant l'un l'autre, se supportant l'un l'autre. Vous les rencontrez de compagnie à l'église, de compagnie au banquet divin. Ils partagent également la pauvreté et l'abondance, la fureur des persécutions ou les rafraîchissements de la paix. Nuls secrets à se dérober, ni à se surprendre mutuellement ; confiance inviolable, empressements réciproques ; jamais d'ennui, jamais de dégoûts. Ils n'ont pas à se cacher l'un de l'autre pour visiter les malades, pour assister les indigents ; leur aumône est sans disputes, leurs sacrifices sans scrupules, leurs saintes pratiques de tous les jours sans entraves. Chez eux point de signes de croix furtifs, point de timides félicitations, point de muettes actions de grâces. De leurs bouches, libres comme leurs cœurs, s'élancent les hymnes pieux et les saints cantiques. Leur unique rivalité, c'est à qui célébrera le mieux les louanges du Seigneur. »

— Tertullien[8], trad. E.-A. Genoud.

Peut-être est-il devenu prêtre[9].

Théologie et morale

L'historien Marcel Simon analyse en ces termes l'importance de Tertullien dans le domaine de la théologie[10] :

« L'apport de Tertullien dans les controverses christologiques et trinitaires est important. Ses conclusions s'apparentent sur plus d'un point à celles que formuleront plus tard les grands conciles orientaux. Il affirme l'unité de Dieu. Elle ne se divise pas mais se distribue en 3 personnes numériquement distinctes, en une trinité qui ne compromet en rien l'unité. Chacune des personnes de cette trinité, étant de la même substance, est Dieu. Le Christ est à la fois Dieu et homme, composé de deux substances unies sans se confondre, dans une seule personne. Mais à côté de ces aspects proprement spéculatifs, certains autres aspects de la pensée de Tertullien reflètent la mentalité juridique des Romains et sa propre formation de juriste. Il insiste sur des notions comme celles de mérite et de satisfaction. La rectitude morale de sa conduite vaut à l'homme des mérites au regard de Dieu. À l'inverse, s'il agit mal, il devient débiteur devant Dieu et lui doit satisfaction. Bien qu'il soit passé à l'hérésie montaniste, Tertullien est vraiment le fondateur de la théologie latine et contribue à lui imprimer, vis-à-vis de la théologie grecque, certains de ses traits originaux. »

Critique de la vanité

Selon Marie Turcan[style à revoir], Tertullien voyait la femme comme un danger public. D’après lui les femmes qui sont dignes à[style à revoir] quelque chose de bon sont les mères de famille, les veuves, les vieilles dames[style à revoir] dont l’expérience leur permet de prodiguer des conseils. Elle explique que Tertullien n’avait pas vraiment une estime profonde envers les femmes, ce qui l'a intéressé chez les femmes sont leurs armes[11].

Selon Marie Turcan[style à revoir], Tertullien décrit la femme comme un être utile et dépravé mais créée par Dieu au même titre que l'homme. Il ne considérait pas la femme comme étant un être inférieur par rapport à l’homme[12].

Un folio de l’Apologétique de Tertullien (Codex Balliolensis).

Jugement

Nicolas Malebranche (1638-1715), dans un passage fameux de son livre De la recherche de la vérité, critique chez Tertullien les excès de l'imagination. Il lui accorde ainsi « plus de mémoire que de jugement, plus de pénétration et d'étendue d'imagination, que de pénétration et d'étendue d'esprit » (De la Recherche de la vérité, livre second, partie 3, chap. III).

Œuvres

Sur les autres projets Wikimedia :

Œuvres complètes

Pseudo-Tertullien

Notes et références

  1. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord (1951), Payot, 2001, p. 226.
  2. André Berthier, L'Algérie et son passé (1951), Picard, 1951, p. 25.
  3. René Braun 1965, p. 203.
  4. Jean Bayet, Littérature latine, Librairie Armand Colin, , 11e éd., p. 639.
  5. « Saint Jérôme, Livre des Hommes illustres », chapitre LIII.
  6. a et b René Braun 1965, p. 194.
  7. Albert Réville, « Tertullien et le montanisme », Revue des deux mondes (1829-1971), vol. 54, no 1,‎ , p. 167-168 (lire en ligne)
  8. « À ma femme, II, 9. »
  9. « Saiint Jérôme (…) fait de lui un prêtre. Ce qui n'a pas lieu d'être » selon Maurice Sachot, qui le considère plutôt comme « didascale » chrétien (Quand le christianisme a changé le monde, Odile Jacob, 2007, p. 111).
  10. Marcel Simon, La Civilisation de l'Antiquité et le Christianisme, Paris, 1972.
  11. Marie Turcan 1990, p. 21.
  12. Marie Turcan 1990, p. 17.
  13. Quintus Septimus Florens Tertullianus (trad. du latin par Florimond de Raemond), Aux martyrs [« Ad martyras »], Lyon, Benoist Rigaud, , 14 p. (lire en ligne).
  14. David Nirenberg : Antijudaïsme : Un pilier de la pensée occidentale, chap. 3, 2023, Éd. Labor et Fides, (ISBN 978-2830917994)

Sources

Bibliographie complémentaire

Banques de données, dictionnaires et encyclopédies