Toussaint Bordat
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Toussaint Bordat, né le à Chassenard (Allier), est un canut (ouvrier tisseur), épicier, libraire, marchand de journaux et militant anarchiste impliqué dans le procès, dit « Procès des 66 », en 1883, à Lyon[1].

Biographie

Toussaint Bordat, à peine âgé de 16 ans, est condamné par le tribunal correctionnel de Roanne (Loire) le à deux mois de prison pour vol. Il combat ensuite, comme engagé volontaire, dans le Loiret, à Coulmiers et à Orléans, avec l’armée de la Loire, en [2].

D'abord socialiste, il est élu en 1878 à la commission de propagande du Parti ouvrier socialiste (Fédération de l'Est), dont il est une figure marquante[3] avec Joseph Bernard. Cette fédération de l’Est s’affirme de prime abord abstentionniste et est dominée par les anarchistes[4].

En 1880, il représente les Lyonnais au IVe congrès ouvrier, au Havre qui adopte un programme marxiste[4].

La Fédération socialiste révolutionnaire

En , il est parmi les fondateurs du Parti socialiste révolutionnaire, dénommé également Fédération socialiste révolutionnaire (FSR), de tendance exclusivement libertaire, qui donne la priorité à l’action au sein des syndicats[4],[5] et rassemble les anarchistes de Lyon et des environs. Il devient alors un acteur fondamental du mouvement libertaire local[6]

Le , une poignée d’anarchistes se rend au siège du journal républicain radical Le Réveil lyonnais, qui a calomnié Bordat. S’ensuit une bagarre pour laquelle il est condamné, le , à 50 francs d’amende pour bris de clôture et coups et blessures[4].

Le , il dépose une couronne de fleurs sur la tombe des mineurs de La Ricamarie (Loire), fusillés en 1869. Après une altercation avec le maire de la ville, il est condamné, le , par le tribunal de Saint-Étienne, à un mois de prison pour bris de clôture, outrage à un magistrat municipal, port d’arme prohibée et violation de sépulture[3],[4].

En 1882, il collabore au journal anarchiste lyonnais Le Droit social puis à L'Étendard révolutionnaire qui lui succède.

Il représente la Fédération révolutionnaire lyonnaise à la réunion internationale organisée à Genève, par la Fédération jurassienne, les 13 et . À l'issue de cette réunion, est publié un manifeste niant que le suffrage universel puisse renverser les institutions, recommandant la séparation totale d’avec tout parti politique et adoptant le communisme libertaire comme but final. Le manifeste désigne comme ennemis « tous ceux qui se sont emparés d’un pouvoir quelconque ou veulent s’en emparer : propriétaire, patron, État, magistrat, prêtre »[4].

Partisan de l'action directe, il justifie, par l'écrit et la parole, les actions de La Bande noire de Montceau-les-Mines contre les édifices religieux[3].

Il est alors l'un des militants les plus en vue du mouvement libertaire lyonnais[7].

Le procès des 66

Article détaillé : Procès des 66.

Arrêté le , il est impliqué dans le procès, dit « Procès des 66 », à Lyon, où il est condamné le , à cinq ans de prison, 2000 francs d’amende, dix ans de surveillance et quatre ans de privation des droits civils[8]. Le jugement est confirmé par arrêt de la cour d’appel de Lyon le [2].

Interné à Clairvaux, il ne sort qu'en , pour reprendre ses activités libertaires en publiant un nouveau journal, La Lutte sociale.

Au cours d’une réunion, salle Rivoire à Lyon, Toussaint Bordat s’en prend violemment au commissaire de police présent dans la salle, à qui il reproche d’avoir fait arracher des manifestes abstentionnistes. Arrêté trois jours après, il est condamné le à quatre mois de prison et, surtout, cinq années d’interdiction de séjour à Lyon[4].

Libéré en , il choisit de s’installer comme tisseur à Vienne. Avec Pierre Martin, il constitue, pendant quelques années, le tandem moteur du mouvement anarchiste viennois.

En , il fonde une petite librairie, au 5 rue Saint-Martin. Le sous-préfet le décrit « presque toujours à l’arrière-boutique, occupé à lire ou à recevoir les visites des membres du groupe »[4].

En , il adhère par écrit au congrès anarchiste régional de Genève, où est fondée une éphémère Fédération internationale des revendications prolétariennes dont le secrétaire est Pierre Chomat*.

En , il s’installe à Narbonne (Aude) où il gagne sa vie comme marchand de journaux. .

En 1895, Bordat innocente l’anarchiste Antoine Cyvoct pour l’affaire de L’Assomoir[2].

En 1897, il organise les conférences de Sébastien Faure à Narbonne[3].

En 1906, il est cultivateur à Chavagneux-Montbertrand en Isère, où il vit avec sa fille naturelle[9].

Notes et références

  1. Yves Lequin, Classe ouvrière et idéologie dans la région Lyonnaise à la fin du XIXe siècle (vers 1870-1914), Le Mouvement social, n°69, octobre-décembre 1969, pp. 3-20.
  2. a b et c Dictionnaire international des militants anarchistes : Toussaint Bordat.
  3. a b c et d L'Éphéméride anarchiste : Toussaint Bordat.
  4. a b c d e f g et h Dictionnaire des anarchistes : Toussaint Bordat.
  5. Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France: Des origines à 1914, Gallimard, 1975, page 133.
  6. Emmanuel Germain, La Bande Noire : société secrète, mouvement ouvrier et anarchisme en Saône-et-Loire (1878-1887), revue électronique Dissidences, n°3, printemps 2012, note 33.
  7. Michel Dreyfus, Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule, La part des militants biographie et mouvement ouvrier : autour du Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, Éditions de l'Atelier, 1996, page 187.
  8. L'Éphéméride anarchiste : Procès des anarchistes à Lyon.
  9. Archives départementales de l'Isère Recensement de 1906, vue 5 / 10

Voir aussi

Bibliographie

Notices

Articles connexes

Liens externes