Ulrike Meinhof
Ulrike Meinhof en 1964.
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Ulrike Marie MeinhofVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Université de Münster
Cäcilienschule Oldenburg (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Père
Mère
Ingeborg Meinhof (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Klaus Rainer Röhl (en) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Bettina Röhl
Regine Röhl (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Membre de
Condamnée pour
Meurtre, incendie criminel, attentat à la bombe (d), tentative d'assassinat, vol de banque (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieu de détention
Prison de Stammheim (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Pierre tombale d'Ulrike Meinhof au cimetière Dreifaltigkeit de Berlin.

Ulrike Marie Meinhof (née le à Oldenbourg et morte le à Stuttgart) est journaliste avant de devenir en 1970[1] l'une des dirigeantes du groupe terroriste d'extrême gauche Fraction armée rouge qui perpètra de nombreux attentats en Allemagne durant les années 1960-1970.

Elle est arrêtée le à la suite d'une dénonciation et condamnée à huit ans de prison le . Elle se suicide dans la prison de Stuttgart-Stammheim le .

Biographie

Jeunesse

Ulrike Meinhof est la fille de l'historien Werner Meinhof (1901-1940). En 1954, après la mort de sa mère, elle vit chez Renate Riemeck (en) qui édite Frauen gegen Faschismus (femmes contre le fascisme), et participe avec elle au mouvement de protestation contre la bombe atomique.

Elle fait des études en philosophie, pédagogie, sociologie et allemand à l'université de Marbourg en 1955-1956. Là, elle est soutenue par la Studienstiftung des deutschen Volkes. En 1957, elle change d'université et continue ses études à l'université de Münster où elle devient membre de l'Union socialiste allemande des étudiants. Adolescente extrêmement indépendante et libre, elle est bisexuelle[2].

Parcours politique

Elle épouse à 21 ans Klaus Rainer Roehl, directeur de la revue d'extrême-gauche Konkret, dont elle devient l'éditorialiste jusqu'en 1968. Ils auront ensemble deux petites filles qu'elle abandonnera en 1970 "avant son passage à la clandestinité, en voulant les placer dans un orphelinat palestinien" pour les "soustraire à son mari" après leur divorce[3].

L’itinéraire politique de Meinhof se construit à travers de nombreuses luttes : elle participe à la campagne contre le réarmement de l’Allemagne, elle milite contre l’armement nucléaire. Elle rejoint le Parti communiste d'Allemagne, alors illégal, de 1958 à 1964, puis l'Union socialiste allemande des étudiants. Enfin, elle s'engage dans l’opposition extra-parlementaire en 1967-1968.

Elle écrit le scénario du film Bambule (Fernsehspiel) (de) (Mutinerie), réalisé par Eberhard Itzenplitz (de), sur des jeunes filles internées en centre fermé, qui sera censuré pendant plus de vingt ans[réf. nécessaire].

Pendant les années 1960, elle se radicalise progressivement. En 1968, traumatisée par l'anéantissement du Printemps de Prague par le Pacte de Varsovie, elle décide d'apporter son soutien à un sabotage contre un navire de guerre commandé par le Portugal au chantier naval Blohm + Voss à Hambourg. À la suite d'une tentative d'assassinat manquée contre Rudi Dutschke, leader du SDS, elle opte pour la lutte clandestine et s'allie au groupe de lutte armée d'extrême gauche Rote Armee Fraktion. Elle participe à la libération d'Andreas Baader le , qui devait se faire sans violence, mais dégénère ainsi qu'à plusieurs sabotages dont la destruction de l'ordinateur américain chargé de programmer les bombardements du Viêt Nam.

Arrestation et emprisonnement

Au mois de , six attentats sont commis par le groupe Baader-Meinhof contre des installations militaires américaines, des tribunaux, des commissariats de police. Une bombe explose dans les locaux des éditions Springer à Hambourg, faisant cinq morts et plusieurs dizaines de blessés. Le 1er juin, Andreas Baader, Jan-Carl Raspe et Holger Meins sont capturés à Francfort. Une semaine plus tard, c'est le tour de Gudrun Ensslin à Hambourg. Le , Ulrike Meinhof est arrêtée à Hanovre[4],[5].

Après l'assassinat des athlètes israéliens lors des J.O. de Munich (septembre 1972), Meinhof rédige une analyse louant les terroristes palestiniens, compare les athlètes israéliens à des nazis, et le ministre de la Défense israélien, Moshé Dayan, à Heinrich Himmler[6],[7]. Durant la prise d'otage, les terroristes palestiniens, révélant leurs liens avec leurs homologues allemands, avaient réclamé la libération d'Andreas Baader et la sienne[8] ; elle était considérée comme le cerveau de la « Bande à Baader ».

Condamnée à huit ans de prison le 29 novembre 1974, elle est placée au secret rigoureux et soumise à un isolement sensoriel total. Elle reste seule dans une cellule hermétiquement close aux murs peints en blanc et nus ; l'éclairage au néon est maintenu en permanence ; elle n'a pas de voisins ; aucun son, aucune odeur ne lui parviennent (voir privation sensorielle). Ce traitement la conduit au bord de la folie[4],[9].

Mort

Le matin du , Ulrike Meinhof est retrouvée pendue dans sa cellule de la prison de Stammheim (en) à Stuttgart.
À la demande de sa sœur, deux autopsies sont effectuées. Elles concluent toutes les deux à la mort par strangulation sans intervention d'un tiers, et donc à un suicide[10]. Ces conclusions seront remises en question dans un Rapport de la Commission internationale d'enquête, publié en 1979 par François Maspéro : « Il est tout à fait improbable qu'Ulrike Meinhof se soit suicidée, mais il n'est pas possible d'autre part d'apporter la preuve formelle de son assassinat. »[11]. Des manifestations de protestation ont lieu à Francfort le 10 mai.
Ses obsèques se déroulent le 15 mai 1976 dans le cimetière protestant de Dreifaltigkeit à Berlin-Mariendorf en présence de sa sœur Wienke Zitzlaff, des avocats Hans-Heinz Heldmann, Klaus Croissant et d'une foule d'environ 3 500 personnes[12].

Publications

Dans la culture populaire

Notes et références

  1. Le groupe sera d'ailleurs le plus souvent désigné, par la presse et l'opinion publique, sous l'appellation de « groupe Baader-Meinhof », en référence à ses dirigeants les plus connus.
  2. Jutta Ditfurth, Ulrike Meinhof. Die Biografie, Berlin: Ullstein, 2007.
  3. Béatrice BOCARD, « Ulrike Meinhof, un mythe allemand », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a et b « Alt Mariendorf : le tombeau d'Ulrike Meinhof | Editions Papiers », sur www.editionspapiers.org (consulté le )
  5. Mme Ulrike Meinhof, le "cerveau" de la " bande à Baader " est arrêtée à Hanovre, Le Monde, 17 juin 1972.
  6. (de) Gesellschaft für Nachrichtenerfassung und Nachrichtenverbreitung, Verlagsgesellschaft Politische Berichte m.b.H., « Bundesrepublik Deutschland (BRD) - Rote Armee Fraktion (RAF) », sur www.nadir.org (consulté le )
  7. (de) Willi Winkler, Süddeutsche Zeitung,
  8. Frédéric Encel, « Les vengeurs de Munich », L'Histoire no 306, février 2006, p. 28-29.
  9. Lettres du « quartier de la mort » écrites à ses avocats par Ulrike Meinhof (février 1974) citées dans La mort d'Ulrike Meinhof, Rapport de la Commission internationale d'enquete, François Maspero/Cahiers libres, 1979
  10. Petra Terhoeven: Deutscher Herbst in Europa. Oldenbourg, München 2014, (ISBN 978-3-486-71866-9), S. 398–401.
  11. Cité dans Le Monde du 2 février 1979, "Le suicide d'Ulrike Meinhof est peu vraisemblable conclut une commission internationale d'enquête" [1]
  12. Photographie Alamy[2]

Annexes

Bibliographie

Sépulture d'Ulrike Meinhof au cimetière Dreifaltigkeit à Berlin-Mariendorf.

Documentaire

Liens externes

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