Vicaire est un titre religieux chrétien. Étymologiquement, ce mot est un emprunt au latin classique vicarius signifiant « suppléant, remplaçant ».
Dans l'organisation de l'Empire romain à partir de Dioclétien, le vicarius (ou vice-préfet du prétoire) est le responsable d'un diocèse, ensemble de provinces, sans lien avec la religion. Il est donc le supérieur des gouverneurs et le subordonné du préfet du prétoire.
À l'époque carolingienne, le vicaire est un officier chargé de rendre la justice. Sa juridiction est une vicairie ou viguerie, et est un subordonné au comte.
Le titre de vicaire impérial fut également utilisé dans le Saint-Empire romain germanique.
Il désignait d’abord la personne chargée d’administrer l’empire en cas de vacance du siège impérial.
Il désigna également un gouverneur de province, mais ce rôle devint symbolique à partir du XIVe siècle. Il resta toutefois prisé jusqu'à l'époque moderne car il apportait aux petits souverains locaux un surcroît de légitimité politique.
Au début du XIIIe siècle, l'empereur Frédéric II organisa le regnum Italie (« royaume d’Italie », c'est-à-dire le nord de la péninsule) en plusieurs vicariats. Ces vicariats étaient confiés à des représentants impériaux nommés pour un an et dont les compétences étaient à la fois civiles et militaires. Ces vicaires étaient inspirés de l’organisation qu’il avait mise en place en Sicile. De 1237 à 1240, neuf vicariats impériaux furent fondés :
En Italie du nord et du centre, le titre de vicaire impérial (délivré par l’empereur ou de vicaire pontifical délivré par le pape) fut utilisé à la fin du XIIIe siècle et durant tout le XIVe siècle pour désigner un représentant de l’autorité impériale ou pontificale sur un territoire. L’attribution du titre vaut reconnaissance des fonctions juridiques et administratives sur ce territoire pour un nombre d’années données moyennant le paiement d’une somme d’argent (le census).
Le vicaire a la faculté de juger les causes en dernière instance, d'exercer le droit de grâce, de prescrire des règles de droit supplantant les statuts communaux, d'imposer des taxes nouvelles, il a également le droit de paix et de guerre.
Le vicaire impérial peut ajouter l’aigle impériale à ses armoiries.
Dans l’évolution du pouvoir dans les communes italiennes, le stade du vicariat se situe entre la période des institutions communales (conseil des consuls, capitaine du peuple, podestat) et celle des titres seigneuriaux héréditaires, obtenus par le biais de l’institution féodale (duc, comte, marquis), qui prendra sa suite de la fin du XIVe au XVe siècle et par laquelle l’empereur et le pape marqueront leur autorité sur leurs territoires.
La mise en place du vicariat pontifical fut surtout l’œuvre du cardinal de Albornoz.
Bien que tombé en désuétude, le vicariat impérial resta prisé en Italie du nord jusqu’au XIXe siècle par les seigneurs locaux à qui il apportait une certaine légitimité.
Dans l'Église d'Angleterre, le terme de vicaire (vicar) se réfère généralement à un curé, avec sa paroisse. À la différence d'un recteur, il n'est pas le titulaire de droit de la dîme attachée à une paroisse ; mais aujourd'hui, les termes « recteur » et « vicaire » sont interchangeables. Si un vicaire est choisi par son évêque pour être responsable sur une partie territoriale du diocèse, il porte le titre de doyen (dean) ou d'archidiacre (archdeacon) le temps de son service, responsable d’un doyenné (deanery) ou archidiaconé (archdeaconry). Les archidiacres doivent servir comme curés pendant six ans auparavant.
Dans l'Église orthodoxe, le vicaire ou évêque vicaire, est un évêque n'ayant pas d'éparchie (diocèse) en propre, et assistant l'évêque dans son gouvernement. Ce titre correspondant en pratique à celui de « chorévêque ». Le vicaire peut recevoir en délégation de l'évêque un territoire particulier (vicariat) ou le titre d'une ville du diocèse.