Les villes libres de Menton et Roquebrune (italien : Città libere di Mentone e Roccabruna) sont une union des deux villes libres de Menton et Roquebrune sous la protection du royaume de Sardaigne.
Le règne du prince souverain de Monaco Honoré V entre 1819 et 1841 est marqué par la volonté de ce dernier de rétablir, comme la plupart des souverains européens, une monarchie absolutiste souhaitant ainsi gommer l'héritage de la Révolution française. La perte des domaines princiers de Monaco en France et des revenus qu'ils procuraient incite le pouvoir monégasque à augmenter les impôts dans la principauté. Cette augmentation est largement supportée par Menton et Roquebrune qui forme alors les trois quarts de la population du pays[1].
Le mécontentement est d'autant plus grand que l'économie de ces deux territoires est principalement basée sur l'activité agricole dont les ressources dépendent des aléas climatiques et autres catastrophes naturelles. De plus, Mentonnais et Roquebrunois ont de plus en plus de mal à accepter d'assumer l'essentiel des subsides de la principauté alors que la quasi-totalité du pouvoir se concentre sur « le Rocher »[1].
En 1841, après vingt-six années de règne durant lesquels il n'a rendu visite à ses états que quatre fois, Honoré V meurt. Son frère Florestan Ier lui succède et fait alors de vagues promesses à la population afin d'améliorer la situation, et qui ne sont guère suivies de faits[1].
En 1847, des émeutes éclatent dans les villes de Menton et Roquebrune.
Le , sur demande du prince de Florestan Ier, l'ordre public est rétabli, dans les deux villes, par le royaume de Sardaigne.
Le , jour où les troupes sardes retournent dans leurs cantonnements, Menton se déclare ville libre : le drapeau sarde est arboré ; une commission provisoire de trente-neuf membres élus par acclamation est constituée ; le maire de Menton, Charles Trenca (en italien : Carlo Trenca), en est le président.
Cinq jours plus tard, le 7 mars, la Commission s'adjoint soixante et un citoyens, élus par acclamation.
Le 21 mars, l'union des villes libres de Menton et Roquebrune naquit officiellement. Elle se plaça sous la protection du royaume de Sardaigne et avec à la tête le maire de Menton, Carlo Trenca.
La déclaration du est ainsi rédigée :
Le 28 mai, le président Charles Trenca déclara les Grimaldi déchus dans les deux villes.
Le , le Statut albertin entra temporairement en vigueur, à la place du monégasque.
Le , Charles Trenca démissionna de la présidence, mais resta maire de Menton.
De 1848 à 1861, les deux villes appartenaient de jure à la principauté de Monaco mais de facto au Royaume de Sardaigne jusqu'à l'annexion du comté de Nice à la France. En effet, les 15 et , les habitants de Roquebrune et Menton sont consultés en même temps que ceux du comté de Nice sur leur volonté ou non de devenir français conformément aux accords de Plombières. Pour 833 voix contre 54 voix et 2 votes nuls, Mentonnais et Roquebrunois demandèrent massivement leur rattachement à la France.
Si le territoire de comté de Nice est officiellement cédé à la France le , le problème des deux villes libres ne fut définitivement résolu qu'après la signature d'un traité signé à Paris entre Napoléon III et le prince Charles III de Monaco le , portant sur la cession des droits de souveraineté de la principauté sur ces deux communes, entérinant la volonté des habitants enregistrée lors du plébiscite d', ceci contre le versement d'une compensation de quatre millions de francs-or[2]. En outre, la France promit la construction, à Monaco, d'une rue littorale et d'une gare sur la ligne de chemin de fer Marseille-Vintimille.