La vulgarisation est, selon la définition du Trésor de la langue française informatisé, le « fait de diffuser dans le grand public des connaissances, des idées, des produits ».

C'est une forme de diffusion pédagogique des connaissances qui cherche à mettre le savoir (et éventuellement ses limites et ses incertitudes) à portée d'un public non expert. C'est l'ensemble des actions permettant au public d'accéder à la culture, et en particulier aux cultures scientifiques, techniques, industrielles ou environnementales, c'est-à-dire aux savoirs, savoir-faire et savoir-être de ces disciplines.

Définition

Dans son sens le plus répandu, la vulgarisation est, selon le Larousse, l'« action de mettre à la portée du plus grand nombre, des non-spécialistes des connaissances techniques et scientifiques »[1]. Pour le dictionnaire Le Petit Robert, c'est « le fait d'adapter un ensemble de connaissances techniques, scientifiques, de manière à les rendre accessibles à un lecteur non spécialiste ». Enfin, pour le TLFi, c'est le « fait de diffuser dans le grand public des connaissances, des idées, des produits »[2].

La vulgarisation est intimement liée à la démarche scientifique, et fait partie des missions des chercheurs[a].

La vulgarisation permet au citoyen de se saisir d'un enjeu de la communauté scientifique, ce qui se développe via certains partenariats entre recherche et citoyens (science participative). Mais cette dernière piste reste encore marginale, comparativement à l'espace occupé par la vulgarisation plus « classique » (magazines, émissions de télévision, livres, musées de science, universités populaires, cours publics, etc.).

La vulgarisation est le lien volontaire de transmission qu'effectue un chercheur, un expert, un enseignant, un animateur, un médiateur, un conférencier, un journaliste du savoir qu'il produit ou maîtrise (science, culture au sens large, acquis par une communauté scientifique, technique et académiques, etc.) vers le public profane.

La vulgarisation inclut aussi, de fait, l'appropriation volontaire par le public de connaissances, y compris quand cette appropriation s'accomplit de manière autodidacte, sans passer par le contact direct avec des vulgarisateurs.

La vulgarisation se fait à plusieurs niveaux de complexité.

Elle est notamment orientée vers des néophytes ou le grand public :

Mais elle prend, parallèlement, des formes nouvelles :

Moyens et acteurs

La vulgarisation est de nature pédagogique. Elle est en cela très proche de la médiation culturelle, vocable plutôt utilisé pour les arts et la culture générale. Un rapprochement dont témoigne l'idée de « médiation scientifique ».

Elle s'appuie sur des moyens de communication, des médias et de plus en plus des approches multimédias. « Être précis et compréhensible par le plus grand nombre, sans simplifier à l’extrême un message qui pourrait devenir mensonger, nécessite un effort et des compétences dont l’importance est souvent sous-estimée »[9], rappelait début 2010 le Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie.

La Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNU) rassemble depuis 1992 un fonds de vulgarisation scientifique et d'histoire des sciences et des techniques, constitué de publications destinées à un public non spécialiste, « permettant d'alimenter la réflexion et la recherche dans des domaines variés : sciences et éthique, sciences et religions, sciences et société, développement durable, écologie, zoologie, climatologie, biologie, informatique... »[10]. La bibliothèque disposait en 2010 d'une collection de plus de 12 000 ouvrages de vulgarisation scientifique et médicale, ainsi que d'abonnements à 44 périodiques imprimés et à 62 revues électroniques[10].

Musées scientifiques

Expérience de la cage de Faraday au Palais de la découverte

L'histoire de la vulgarisation par des expositions temporaires ou permanentes d'objets de science et de culture commence avec l'école, et pour les sciences avec les sociétés savantes et les cabinets de curiosités du siècle des Lumières.

La France a développé des centres de culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI). Les plus célèbres sont le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l'industrie de La Villette. Les États-Unis ont renouvelé le genre ces dernières décennies avec des institutions telles que l'Exploratorium[11] de San Francisco, qui se veulent plus près d'une expérience accessible par les sens — et où les enfants peuvent toucher sans risquer de casser quelque artefact. Le Québec a développé quelque chose de semblable avec le Centre des sciences de Montréal.

Cette approche diffère sensiblement de celle des années 1935-1970 où la France se caractérisait par une séparation franche entre ce qui était scientifique (le « pourquoi », caractérisé par le Palais de la découverte) et de ce qui était technique (le « comment faire pour que », caractérisé par le Musée des arts et métiers). Cette séparation n'existait pas en Grande-Bretagne (Science Museum de Londres), ni en Allemagne (Deutsches Museum à Munich), où l'on exposait ensemble sciences et techniques sans d'ailleurs prendre le soin de toujours les différencier.

Approches critique et éthiques

Analyse critique

En réaction à la praxis, aux modes et formats dominants de vulgarisation (TV, Presse souvent réductrices ou sensationnalistes), des courants plus ou moins formalisés récusent ou tout au moins questionnent une vulgarisation à outrance et souvent peu éthique ou transparente. Elles constatent, craignent ou jugent que :

De telles dérives peuvent être expliquées par de nombreux facteurs (politiques, institutionnels, religieux, commerciaux ou d'image, etc.). Si elles sont volontaires, elles s'apparentent à une désinformation et posent en outre des questions juridiques particulières (forme de diffamation).

Enjeux éthiques

L'enjeu que représente la vulgarisation prend de l'ampleur dans le même temps que sont réalisées les avancées scientifiques et culturelles, en considérant que la somme et la complexité de l'information à diffuser est croissante dans le temps. De plus, internet permet de tendre une certaine idée de démocratisation de cette méthode de diffusion. Son rôle est ainsi exponentiel puisque l'écart entre la population et la connaissance se creuse. Dans cette perspective, la vulgarisation prend une portée quasiment politique, car elle est outil d'information et point de jonction à la fois entre une spécialisation sans limites, et des citoyens pour qui les réalités exposées par les spécialistes paraissent de plus en plus occultes. Ainsi, elle peut être l'objet de manipulations à des fins n'ayant rien à voir avec l'élévation scientifique ou culturelle de la population (voir Approches critique et éthique).

Déontologie de la vulgarisation

Publications et médias

Les organismes de publications scientifiques (articles, revues, publications, colloques) s'adressent principalement aux spécialistes dans un processus d'évaluation par les pairs.

Par opposition, les médias de masse ont par essence pour rôle de transmettre de l'information aux publics non-spécialisés. C'est cependant dans les médias traditionnels, souvent par le biais d'une actualité ou de sujets de société chargés émotionnellement et en opposition avec la cognition nécessaire à l’acquisition de la connaissance[20],[21].

Le livre et la presse

Au XVIIIe siècle durant la période des Lumières, des penseurs ont théorisé la pédagogie moderne en faveur de l'éducation du peuple et la vulgarisation scientifique. Les mouvements d'éducation populaire et le milieu scientifique ont fait émerger la nécessité de la vulgarisation scientifique, tant pour lutter contre la désinformation et les superstitions que pour élever le niveau global de connaissance des peuples. Les premiers outils de connaissances abordables sont alors les dictionnaires encyclopédiques, qui vont être diffusés sous la forme de fascicules ou de livres en format poche. Le rôle prépondérant des colporteurs puis l'apparition des premières gares ferroviaires (années 1840) permet cette diffusion accélérée. À partir des années 1880, du moins en Occident, la liberté de la presse, l'éducation pour tous, la fondation de grandes bibliothèques publiques, ouvrent encore le champ de l'acquisition des savoirs.

Des périodiques de vulgarisation scientifique sont apparues progressivement au XIXe siècle. Au début du siècle suivant, des magazines tels que Sciences et Vie fondé en 1913 en France connaissent le succès.

Audiovisuel et Internet

Entre 1920 et 1990, la radiophonie puis la télévision montent en puissance et deviennent des canaux de transmissions de savoirs.

L’essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) a permis de démultiplier cette offre ces dernières décennies, via le web notamment[22].

Des livres de la collection d'origine américaine Pour les nuls, qui propose des ouvrages de vulgarisation sur tous les sujets.

Revues de vulgarisation

Émissions télévisées

Émissions radiophoniques

Chaîne TV spécialisée

La chaine de télévision Science & Vie TV est spécialisée dans la vulgarisation.

Internet

Il existe de très nombreux sites web contribuant à la vulgarisation : d'une part les sites de revues scientifiques ou alimentés par des agences de presse spécialisées (comme Agence Science-Presse). D'autre part, les sites enrichis par la communauté des internautes à travers des blogs[27], ou des outils collaboratifs comme Wikipédia.

Dans les années 2010, la vulgarisation en vidéo s'est développée notamment à travers des chaînes YouTube (comme e-penser, Dr Nozman ou DirtyBiology)[28],[29],[30]. Les premières chaînes sont créées vers 2014 et 2015, puis leur nombre explose[31].

À côté de ces émissions audiovisuelles, il existe aussi des bandes dessinées en ligne de vulgarisation comme JKX Comics créée par des doctorants américains[32].

Animation scientifique et technique

Formation

En France, quelques masters formant à cette forme de communication existent, et une formation de journalisme scientifique est donnée à l'école supérieure de journalisme de Lille depuis les années 1990. Des formations courtes existent également, généralement destinées à des chercheurs ou ingénieurs, par exemple par le Centre de vulgarisation de la connaissance à l'université Paris-Sud, ou par des organismes privés comme Science et partage. Des formations courtes existent aussi à destination des doctorants pour les préparer à des concours du type de Ma thèse en 180 secondes. Il existe toutefois bien plus de formations, souvent professionnalisantes, à la médiation scientifique[35]. Certains livres permettent également d'apprendre à vulgariser[36],[37].

Au Québec, l'ACFAS[38] offre des activités de formation en communication scientifique afin que les chercheuses et chercheurs, les étudiantes et étudiants en recherche et les personnes passionnées par la science puissent acquérir et développer leurs compétences pour vulgariser la science.

Vulgarisateurs célèbres

La pertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution. Améliorez-le ou discutez-en, sachant que la pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question. (janvier 2022)Motif avancé : sources confirmant que sont listés les principaux vulgarisateurs dans le monde ?
Cette section adopte un point de vue majoritairement francocentré et doit être internationalisée (janvier 2022).

Notes et références

Notes

  1. Pour le comité d'éthique du CNRS « Faire connaître les résultats de la recherche est une des missions du chercheur et de l'institution qui le finance. Communiquer et partager les connaissances qu’il a contribué à développer est donc une dimension significative de son activité », 1er alinéa de l'introduction de l'avis 2007-16 intitulé Réflexion scientifique sur les résultats de la recherche
  2. Pour le botaniste Lucien Baillaud, l'emploi d'expressions anthropomorphisantes lors de la médiatisation de la vulgarisation scientifique, peut être utile pour faciliter la compréhension : « Ne méprisons pas l'anthropomorphisme s'il nous aide à nous exprimer[12] ».

Références

  1. vulgarisation sur le site Larousse (consulté le 12 aout 2019)
  2. Vulgarisation, CNRTL (consulté le 12 aout 2019)
  3. Exemple de Résumé à l'intention des décideurs, Groupe de travail I, GIEC 2007, PDF, 18 pages
  4. Prévenir le changement climatique, mémento des décideurs MIES, 2e édition, pdf, 134 pages, 2003
  5. Libre Accès à la communication scientifique - Hans DILLAERTS et Hélène BOSC
  6. Interview de Harold Varmus
  7. a b c d et e Rapport du COMETS sur « [1] Réflexion éthique sur la diffusion des résultats de la recherche » (PDF, 16 pages, mars 2007).
  8. « Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, Yannick Barthe, Documents », sur seuil.com (consulté le )
  9. a et b Avis du Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie, no 109, 2010.
  10. a et b Présentation du fonds de vulgarisation scientifique et d'histoire des sciences sur le site de la BNU
  11. l'Exploratorium
  12. Lucien Baillaud, « La végétalité : un réseau de déterminismes reliant structure, biologie et milieu de vie dans le deuxième royaume de la nature », Acta Botanica Gallica, vol. 154, no 2,‎ , p. 153-201
  13. Nicolas Beck, En finir avec les idées reçues sur la vulgarisation scientifique, Éditions Quæ, , p. 145-153
  14. Sciences : le problème de la vulgarisation, Universalia 1985, Encyclopaedia Universalis
  15. Didier Sicard, ancien président du CCNE, 20 mars 2004, cité par l'avis 49 (p4/17, note de bas de page) du comité national d'éthique
  16. Avis du Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie, Avis du CCNE No 45 sur les questions éthiques posées par la transmission de l'information scientifique relative à la recherche biologique et médicale - 31 mai 1995
  17. présentation de la Fondation HON(Health On the Net)
  18. Amendement voté en mars 2009 par l'assemblée nationale à la loi « Hôpital, Patients, Santé et Territoires»
  19. Certification volontaire des sites internet dédiés à la santé
  20. Anne-Cécile Robert, « La stratégie de l’émotion », Le Monde diplomatique,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  21. Layal Merhy, « La vulgarisation dans les médias : sciences et émotions », Communication, lettres et sciences du langage, vol. 4, no 1,‎ , p. 29 (lire en ligne).
  22. Jurdant Badouin, Les problèmes théoriques de la vulgarisation scientifique, Université Louis Pasteur de Strasbourg, , 273 p. (lire en ligne)
  23. Les P'tits Bateaux
  24. Recherche en cours
  25. Le Labo des savoirs
  26. Podcast Science
  27. « On parle de nous », sur Café des sciences, (consulté le ).
  28. « [Dossier] YouTube, un tournant pour la vulgarisation scientifique ? », sur Café des sciences, (ISSN 2270-4310, consulté le )
  29. Erwan Cario et Camille Gévaudan, « Sur YouTube, la science infuse », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  30. Cécile Michaut, « Les youtubeurs scientifiques, nouvelles stars du Web », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  31. Manon Boquen, « Les nouveaux Fred et Jamy », sur Slate.fr, (consulté le )
  32. (en) Eric Hamilton, « Science goes to the comics at Saturday showcase », sur news.wisc.edu, (consulté le )
  33. (fr) Les exposciences, pour valoriser les pratiques de découverte scientifique
  34. (fr) Cirasti
  35. « Comment se former à la médiation scientifique ? », sur youtube.com (consulté le )
  36. « vulgarisation scientifique - mode d'emploi 9782759816958 - Recherche Google », sur www.google.com (consulté le )
  37. « guide de vulgarisation: au-delà de la découverte scientifique : la société 9782895441236 - Recherche Google », sur www.google.com (consulté le )
  38. « Communication scientifique | Formations », sur www.acfas.ca (consulté le )
  39. « Chaine Youtube Nota Bene », sur youtube.com
  40. « Physics Girl », sur YouTube (consulté le )
  41. M. Tompkins s'explore lui-même, ouvrage non réédité
  42. « DirtyBiology - YouTube », sur youtube.com (consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes